La ruée de l’Inde vers le pétrole russe se complique. Alors que le pétrolier NS Century, sanctionné par Washington, attend depuis fin novembre, au large des côtes indiennes, le feu vert de New Delhi pour accoster, des problèmes de paiement gênent les livraisons. Selon les agences Reuters et Bloomberg, qui citent des sources anonymes, la Russie refuse d’être payée en roupies, alors que l’Inde est réticente à régler ses achats en yuans, la devise de son rival chinois.
Les sanctions occidentales imposées à la Russie en février 2022 ont bouleversé la carte des approvisionnements en hydrocarbures, faisant de la route pétrolière maritime vers l’Inde une planche de salut pour les majors russes. Confrontées au retrait des acheteurs européens, Lukoïl, Rosneft, Gazprom Neft, Surgutneftegas écoulent dorénavant une large partie de leur brut à des raffineurs indiens : 60 % du pétrole russe transporté sur les mers va en Inde, ce qui fait du pays le deuxième consommateur au monde, après la Chine.
Ce commerce lucratif est toutefois confronté à un défi majeur, celui du paiement. Exclue du système bancaire international, la Russie a dû délaisser les transactions commerciales en dollars et en euros. Selon Reuters, moins de 10 % de la production russe, soit environ 9 millions de barils jour, est actuellement vendue dans ces devises fortes.
En avril, plusieurs banques russes, dont Sberbank et VTB, ont été autorisées par la Reserve Bank of India à ouvrir des comptes pour faciliter les règlements en roupies. Depuis, les exportateurs russes accumulent les roupies sur des comptes en Inde, où un strict contrôle des changes est en vigueur, mais sans savoir comment les dépenser. Entre avril et septembre, les exportations russes dans le pays ont atteint l’équivalent de 30,4 milliards de dollars (28,1 milliards d’euros).
De nombreux obstacles
« De janvier à septembre, l’Inde a importé seize fois plus de biens de Russie qu’elle en a exporté, explique Deniz Unal, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales. Sa faible spécialisation manufacturière ne lui permet pas d’alimenter le marché russe comme le fait la Chine. » Moscou ne veut plus entendre parler de paiements en roupies. A tel point que sa banque centrale, dans une note informelle diffusée fin novembre, a demandé aux exportateurs de ne plus accepter aucun paiement dans cette devise. « Ces difficultés montrent bien qu’il est difficile pour la Russie de vendre son pétrole dans une autre devise que le dollar », souligne Agathe Demarais, économiste au Conseil européen pour les relations internationales, un centre de réflexion indépendant.
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Les livraisons de pétrole russe à l'Inde entravées, alors que Moscou refuse d'être payé en roupies - Le Monde
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