Plusieurs villes de France ont été secouées par une quatrième nuit de violence de vendredi à samedi, mais d'une "intensité bien moindre" que les précédentes, selon les autorités. Elles avaient prévu la mobilisation "exceptionnelle" de 45'000 policiers et gendarmes.
En déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le ministre de l'Intérieur a annoncé vers 02h30 des violences d'une "intensité moindre" avec 471 interpellations au niveau national, et des poches de tensions notamment à Marseille et Lyon.
Afin de tenter d'enrayer la spirale des émeutes, Gérald Darmanin avait annoncé dans l'après-midi, à l'issue d'un deuxième comité interministériel de crise en deux jours, la mobilisation "exceptionnelle" de 45'000 policiers et gendarmes et unités d'élite comme le GIGN pour éviter une quatrième nuit consécutive d'émeutes et ce quelques heures avant l'inhumation de Nahel samedi dans le chef-lieu des Hauts-de-Seine.
Des dizaines de fourgons de policiers étaient ainsi positionnés non loin de l'entrée du quartier du Vieux pont à Nanterre, épicentre des violences urbaines et rythmé vendredi encore par des tirs de mortiers d'artifice.
L'appel des Bleus
De leur côté, les joueurs de l'équipe de France de football ont envoyé dans la soirée un "appel à l'apaisement, à la prise de conscience et à la responsabilisation". "Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction", ont exhorté les Bleus.
Dans la soirée, Marseille a été à nouveau le théâtre de heurts et de scènes de pillages, du centre-ville puis plus au nord dans ces quartiers populaires longtemps laissés pour compte que le président Emmanuel Macron a visités en début de semaine.
Vers 02h00, la police a annoncé 88 interpellations depuis le début de soirée, des groupes de jeunes, souvent masqués et "très mobiles" pillant ou tentant de le faire plusieurs enseignes. Un important incendie, "lié aux émeutes", selon une source policière, a éclaté dans un supermarché.
Des scènes de pillage de commerces et d'affrontements entre manifestants cagoulés et forces de l'ordre ont également enfiévré la soirée dans certains coins de Grenoble, Saint-Etienne et Lyon alors que dans la région ouest, des points de tension comme à Angers ou Tours et sa région il ne restait en milieu de nuit que quelques groupes très mobiles face aux forces de l'ordre.
>> Des scènes de guérilla qui rappellent les événements de 2005, voir le sujet du 19h30:
La région parisienne n'a pas été épargnée par les flammes notamment Colombes (Hauts-de-Seine) enveloppée d'une forte odeur de brûlé et où les pompiers éteignaient une voiture en feu.
A Nanterre, 9 personnes ont été interpellées, porteuses de jerricans et cocktails Molotov.
A Saint-Denis, un centre administratif a été touché par un incendie, et dans le Val-d'Oise, la mairie de Persan-Beaumont et le poste de police municipale se sont embrasés et ont été en partie détruits.
Transports public à l'arrêt
Pour éviter des débordements, Gérald Darmanin avait demandé aux préfets l'arrêt des bus et tramways dans toute la France après 21h00.
Par ailleurs, les lignes entre la Suisse et la France ont été interrompues vendredi à partir de 19h30, en raison des décisions de Paris, ont annoncé les Transports publics genevois (tpg) dans un communiqué.
"En raison des événements qui ont lieu en France depuis plusieurs nuits, les autorités françaises ont ordonné l'arrêt total des transports publics sur le territoire dès 21h00", expliquent les TPG. Afin d'assurer cette demande, les lignes transfrontalières ont été progressivement arrêtées à la frontière.
Emmanuel Macron critique l'"instrumentalisation"
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a réclamé une réponse pénale "rapide, ferme et systématique" à l'encontre des auteurs de violences urbaines mais aussi de leurs parents.
Pointant du doigt la jeunesse de nombreux émeutiers, Emmanuel Macron a appelé "tous les parents à la responsabilité", en critiquant l'"instrumentalisation" de la mort de Nahel et demandant aux réseaux sociaux le "retrait" de contenus et l'identification de leurs utilisateurs.
La question de l'état d'urgence est posée et scrutée à l'étranger, d'autant plus que la France accueille à l'automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l'été 2024.
Le Royaume-Uni et d'autres pays européens ont mis en garde leurs ressortissants en les pressant d'éviter les zones d'émeutes.
juma/vajo avec afp
Alors que les heurts continuent, des blindés ont été déployés à Paris - RTS.ch
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