Cinq millions d’Allemands ont pu observer leurs candidats à la chancellerie débattre de questions environnementales ce dimanche, 29 août, sur fond de critiques émanant de groupes de réflexion qui ont souligné l’obligation légale de l’Allemagne de réduire ses émissions de 65 % d’ici à 2030.
La campagne électorale est largement dominée par le changement climatique, et les partis en place en Allemagne se battent pour défendre leur bilan environnemental.
« Vous n’y connaissez apparemment rien », a déclaré la candidate des Verts au conservateur Armin Laschet, lors d’un débat sur les impacts sociaux de la nouvelle politique allemande de tarification du carbone. En place depuis janvier 2021, cette mesure a été critiquée pour avoir augmenté le coût du chauffage pour les ménages.
Tous les candidats ont convenu que l’augmentation du prix du fuel et du gaz aurait un impact négatif sur les plus modestes, que ce soit en raison de la nature régressive de la mesure ou du fait que les propriétaires pourront simplement ajouter les coûts supplémentaires aux loyers.
M. Laschet a proposé de supprimer la taxe sur les énergies renouvelables, qui vise à subventionner le développement des énergies renouvelables dans le pays, un sentiment partagé par son rival social-démocrate Olaf Scholz, qui a déclaré que les propriétaires devraient eux-même supporter le coût carbone du chauffage.
Mme Baerbock a quant à elle proposé une réduction forfaitaire annuelle de 75 euros payable à tous les citoyens via leur numéro d’identification fiscale, tandis que les propositions des deux autres candidats entraîneraient une réduction de 300 euros pour un ménage de quatre personnes, ont-ils ajouté.
Toutefois, si les candidats semblaient être en désaccord sur les questions relatives au climat, tous trois seront finalement soumis au même objectif imposée par la loi sur le climat que le pays a adoptée.
Les principaux candidats sont également d’accord sur la manière d’y parvenir : un développement rapide des énergies renouvelables associée à la mobilité électrique et à l’hydrogène dans les secteurs économiques où la transition écologique est plus difficile afin de maintenir la prospérité industrielle du pays.
Les candidats divergent cependant sur la manière de réduire les émissions de 65 % d’ici à 2030 en entraînant le moins de bouleversements sociaux possible ainsi que sur des questions telles que l’accélération des autorisations pour l’énergie éolienne terrestre.
Des experts assez sereins
À la suite du débat de dimanche (29 septembre), un groupe d’influents think tanks allemands a publié lundi 30 août une liste de 22 recommandations environnementales à l’attention du nouveau gouvernement, affirmant qu’une incapacité à les mettre en œuvre au cours des 100 premiers jours du mandat compromettrait les objectifs climatiques du pays.
« Nous devons doubler voire tripler la cadence dans tous les domaines », a déclaré Patrick Graichen, directeur d’Agora Energiewende, l’un des groupes de réflexion à l’origine du rapport.
Le document, qui a également été rédigé par la Climate Neutrality Foundation et Agora Verkehrswende, prévient que l’Allemagne est actuellement en passe de rater son objectif de réduction d’émissions de 65 % pour 2030.
Pour atteindre cet objectif, l’Allemagne doit réduire les émissions de son seul secteur énergétique de 160 millions de tonnes d’équivalent de CO2 d’ici à 2030, indique le rapport. Au total, le prochain gouvernement allemand devra veiller à réduire les émissions de 372 millions de tonnes d’équivalent de CO2 d’ici à 2030, soit plus du double des émissions des Pays-Bas.
En juin, Agora Energiewende avait publié ses 50 recommandations pour le nouveau gouvernement. Parmi les points essentiels qui y sont énumérés figurent l’avancement de la sortie du charbon de l’Allemagne à 2030, le triplement des taux de développement de l’éolien terrestre et le triplement des capacités solaires photovoltaïques d’ici à 2030.
Les nouveaux objectifs du pays en matière d’électricité renouvelable font l’objet d’une attention toute particulière. Le ministère allemand de l’Economie et de l’Energie a en effet été contraint de revoir à la hausse de plus de 10 % ses projections de demande d’électricité pour 2030 le mois dernier, un an seulement après la première publication de ces chiffres.
Le rapport du groupe de réflexion se penche également sur les négociations à venir concernant le paquet législatif européen sur le climat et l’énergie « Fit for 55 », dans lequel l’Allemagne jouera un rôle clé.
Ils conseillent au futur gouvernement de soutenir les propositions faites par la Commission européenne le 14 juillet, tout en suggérant de s’écarter de sa position sur la révision des lignes directrices de l’UE sur les aides d’État en matière d’environnement. Le rapport conseille en outre de faire pression pour que les États de l’UE bénéficient d’une plus grande flexibilité dans les appels d’offres en matière d’énergie.
Des think tanks allemands se disent inquiets pour le climat alors que les candidats se chamaillent sur des détails - EURACTIV France
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