Entre optimisme et maintien de la vigilance, si la baisse du nombre de cas de Covid-19 et d'hospitalisations ces derniers jours est une bonne nouvelle, les autorités sanitaires appellent à ne pas relâcher les efforts pour éviter une nouvelle remontée épidémique.
"On n'est pas très loin d'un retour à une vie assez proche de la normale", déclarait le 31 août dernier le monsieur vaccin du gouvernement, Alain Fischer, soulignant toutefois qu'il fallait rester "vigilant". "L'épidémie n'est pas encore derrière nous", rappelait ainsi le Premier ministre Jean Castex mercredi, "mais si nous ne sommes pas encore revenus à une vie tout à fait normale, cette rentrée se présente malgré tout sous un jour nouveau".
Les signaux lancés par les autorités sanitaires ces derniers jours sont donc positifs, bien que cet optimiste reste encore nuancé par de nombreuses précautions. En un an et demi, ce n'est en effet pas la première fois que les indicateurs de l'épidémie montrent des signes encourageants, avant une nouvelle augmentation du nombre de cas et d'hospitalisations.
L'épidémie de Covid-19 recule, pour l'instant
Au regard des données publiées ces derniers jours, la situation s'est en effet améliorée. Après une remontée épidémique au début de l'été, "je suis relativement optimiste parce que les chiffres montrent qu'on est plutôt en décroissance, doucement mais en baisse régulière", explique ce vendredi le docteur Boris Hansel, consultant santé pour BFMTV. "Les décès ne baissent pas encore, c'est stable, mais on sait qu'il y a un décalage", entre ce chiffre-là et ceux des hospitalisations.
Le taux d'incidence est ainsi passé de 244 pour 100.000 habitants, sur sept jours, le 10 août dernier, à moins de 130 cette semaine, et semble toujours en baisse, hormis dans les Bouches-du-Rhône, en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane, où la situation reste tendue. Au niveau national, le nombre d'hospitalisations quotidiennes est lui descendu à 554, selon les derniers chiffres de ce jeudi, contre près de 1000 courant août.
Mais ces données, bien qu'encourageantes, ne sont pas forcément une prédiction favorable pour la suite, comme l'expliquaient début août dans Le Figaro les chercheurs Samuel Alizon et Mircea Sofonea: "il est très difficile d'anticiper la dynamique épidémique à plus de cinq semaines pour la simple raison que celle-ci peut être infléchie par des choix politiques et des changements de comportements" qui pourraient conduire "en un mois à des tendances à l'opposé l'une de l'autre".
Conserver les gestes barrières
Dans de nouvelles projections, publiées cette semaine, l'Institut Pasteur souligne ainsi que si la France levait complètement les restrictions en place, soit les gestes barrières, le port du masque, ou même le "tester-tracer-isoler", "on pourrait toujours avoir un impact important sur les hospitalisations avec des pics d'hospitalisation qui pourraient être très importants", explique à BFMTV Simon Cauchemez, modélisateur à l'Institut Pasteur.
Le Danemark a choisi ce vendredi de lever toutes ses restrictions contre le Covid-19. L'Islande avait levé en juin toutes ses restrictions, mais avait dû en réintroduire quelques semaines plus tard du fait d'une reprise épidémique. Au Royaume-Uni, où la grande majorité des restrictions avaient été levées le 19 juillet dernier, on parle de remettre en place certaines mesures en cas de trop forte pression hospitalière.
Il n'est pour l'instant pas question en France de lever purement et simplement toutes les restrictions en place, mais sauf situation sanitaire très dégradée - en raison par exemple de l'arrivée d'un nouveau variant plus contagieux - les autorités pensent qu'il ne sera pas nécessaire, prochainement, de repasser par un confinement ou un couvre-feu.
"Si on revient à une vie tout à fait normale, arrêter les gestes barrières, le port du masque, et toutes les mesures qui peuvent un peu freiner l'épidémie, il faut que l'on soit très vigilants et que s'il y a un redémarrage fort on puisse mettre les freins nécessaires", déclare Simon Cauchemez.
Vacciner "les personnes les plus fragiles et les plus de 60 ans"
L'espoir majeur d'un retour à la vie normale reste la vaccination contre le Covid-19. Ainsi, au Danemark, avec 73% de personnes complètement vaccinées, "il y a encore beaucoup monde à faire vacciner, et on sait que le variant Delta est le même au Danemark qu'en France, donc très transmissible, il va donc falloir être vigilant, d'autant plus qu'on rentre vers l'automne avec le retour des lieux clos", explique sur BFMTV Anne Sénéquier, médecin chercheuse et co-directrice à l'observatoire de la santé à l'IRIS.
En France, "on a atteint des bons niveaux de couverture vaccinale, mais il faut encore que l'on puisse faire mieux sur l'ensemble de la population et notamment sur les personnes les plus fragiles et les plus de 60 ans", souligne Simon Cauchemez. "Dans nos projections, on fait l'hypothèse que 90% des plus de 60 ans sont vaccinés. Les 10% qui restent représentent 3% de la population française" mais "quasiment la moitié des hospitalisations attendues".
Actuellement, 90,56% des 65-74 ans sont totalement vaccinés, et 86,39% des 75 ans et plus. Le vaccin permet de réduire les chances de transmission du virus, mais surtout celles de développer des Covid graves.
"Grâce au niveau de vaccination très important qu'on a actuellement, on peut espérer qu'avec des mesures d'intensité bien moindre qu'un confinement ou un couvre-feu, on soit en position de bien mieux contrôler cette épidémie", déclare le modélisateur.
"La dynamique de l’épidémie est très instable"
La situation future reste également très dépendante de l'évolution de l'infection. "La dynamique de l’épidémie est très instable, alternant des périodes de forte hausse, de plateaux ou de décroissance, sans qu’on en comprenne forcément tous les déterminants. Anticiper est donc un vrai défi…", note l'Institut Pasteur.
Ainsi, la rentrée scolaire pourrait entraîner de nombreuses contaminations chez les élèves, puis chez les adultes. "Il y aura 50.000 contaminations d'enfants par jour", lançait sur BFMTV avant le retour en classe la réanimatrice Lila Bouadma, membre du Conseil scientifique, d'après des modèles mathématiques.
D'autre part, l'apparition d'un nouveau variant, plus contagieux, est à envisager. "L'évolution est une source de surprises chaque jour. Le variant Delta en est une illustration: il n'a aucune des mutations clés qui étaient ciblées par le criblage des trois premiers variants préoccupants identifiés", explique à Franceinfo Florence Débarre, chercheuse en biologie évolutive au CNRS. Et l'apparition d'un nouveau variant entraînera facilement une nouvelle évaluation de l'efficacité de nos vaccins sur ce virus.
Le directeur de l'OMS en Europe s'est d'ailleurs montré plus pessimiste vendredi sur la capacité d'un taux élevé de vaccination à stopper à lui seul la pandémie de Covid-19, du fait des variants qui ont réduit la perspective d'une immunité collective. "Si on considère que le Covid va continuer à muter et rester avec nous, comme la grippe, alors nous devons anticiper comment adapter progressivement notre stratégie de vaccination à la transmission endémique, et acquérir un savoir très précieux sur l'impact des doses supplémentaires", a-t-il déclaré.
"On sait qu'il y aura un moment où ce virus soit disparaîtra, soit deviendra complètement banal. Il y aura une fin à cette pandémie, mais la date de cette fin, personne n'est capable de la donner", a résumé ce dimanche sur notre antenne Jérôme Salomon. "Plus on est mobilisés, plus cette fin se rapproche".
Covid-19: alors que les chiffres baissent, l'épidémie est-elle derrière nous? - BFMTV
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