Stupeur sur les bords de la Mersey. Liverpool et le patrimoine mondial de l’Unesco, c’est fini. “L’organisme onusien chargé de la culture a pris mercredi 21 juillet l’extraordinaire décision de retirer la ville de sa liste” lors d’un vote à bulletin secret, explique The Times. Un honneur décerné en 2004 et désormais barré d’un simple trait, sur le site Internet de l’Unesco.

La prestigieuse institution reproche aux autorités locales de dénaturer leurs “docks victoriens”, quartier historique situé sur le front de mer, avec la construction prévue d’un nouveau stade de football pour l’équipe d’Everton et l’érection en cours de plusieurs immeubles. “Cette décision de radier le port marchand du patrimoine mondial intervient après plusieurs décennies de rénovation urbaine dans d’anciennes zones industrielles jusque-là à l’abandon, contextualise le journal londonien. Même si tout n’est pas de grande qualité architecturale, certes.” Un euphémisme, pour The Guardian, qui fustige dans ses colonnes “une ville qui depuis trop longtemps se complaît dans des projets d’urbanisation médiocres”, par ailleurs teintés de soupçons de corruption.

Cette décision doit faire office de signal d’alarme et rappeler à Liverpool que le monde la regarde.”

Le port marchand de Liverpool barré de la liste. 
Le port marchand de Liverpool barré de la liste. 

Les années Thatcher aux oubliettes

Reste que la multiplication des grands projets immobiliers participe de la renaissance d’une ville portuaire longtemps abandonnée par les pouvoirs publics, assure le Liverpool Echo. “Nul ne peut contester que des projets d’aménagement de qualité, créateurs d’emplois, de dynamisme et de prospérité pour les habitants de la ville sont essentiels, souligne le journal local. Un nouveau stade, construit pour 500 millions de livres sterling sur un terrain en friche dans l’un des quartiers les plus pauvres, coche toutes les cases.”

Fallait-il plutôt laisser les docks à l’abandon ? “Que leur allure ne ressemble plus guère à celle du port décati que Margaret Thatcher avait voué en 1981 à un ‘déclin encadré’ n’est pas une mauvaise chose, renchérit The Times. Certes, la ville “a un devoir historique de s’occuper de son patrimoine”, reprend Liverpool Echo. Mais la ville des Beatles, du football et des fêtes nocturnes endiablées a d’autres arguments à faire valoir. Avec ou sans les honneurs de l’Unesco, “quiconque visite Liverpool sera séduit par sa valeur et son charme historiques, et un dynamisme digne de rivaliser, sinon avec Londres, avec n’importe quelle autre grande ville anglaise.