Insectes ravageurs, hivers doux, gelées tardives, concurrence du marché espagnol... Pour le paysan, responsable de la commission fruits et légumes de la Confédération paysanne, les obstacles se multiplient, les années blanches s'enchaînent et la production s'effondre.
Il s’est résigné à tout arracher : ses pêchers, ses abricotiers et ses cerisiers. « Même sur un marché haut de gamme, en vente directe, je n’arrivais plus à m’en sortir. » Emmanuel Aze, producteur dans le Lot-et-Garonne, reprend le fil de ses années blanches, entre réchauffement climatique et ravageurs, les derniers trouvant leur origine dans le premier. « Il y a l’apparition de nouveaux ravageurs, comme la Drosophila suzukii, un insecte qui fait pourrir le fruit. Mais aussi les palombes, des oiseaux auparavant migrateurs, mais qui, avec les hivers doux, se sédentarisent et mangent tous les petits fruits au printemps », raconte le paysan.
Sa production s’est effondrée au fil des années, alors même que la demande augmentait. « En plus des ravageurs, j’ai eu des gelées tardives en 2019, et jusqu’à 95 % de perte de production », retrace-t-il. Pour continuer à faire le métier qu’il aime, il a choisi de planter « des fruits exotiques non tropicaux, pour lesquels il n’y a aucune demande, donc pas encore de concurrence. Je suis dans une fuite en avant dans la logique de niche », explique-t-il.
La Confédération paysanne prône la mise en place de prix minimums à l’entrée du marché français.
Pour celui qui est aussi responsable de la commission fruits et légumes de la Confédération paysanne, il y a une volonté du gouvernement français d’abandonner la production fruitière. « Alors que le gouvernement pourrait, dans le cadre des négociations de la politique agricole commune, décider d’une aide spécifique pour les fruits et légumes, il la refuse. Car il considère que la compétition est perdue d’avance », éclaire-t-il, face à l’Espagne et l’Italie qui inondent le marché européen de fruits beaucoup moins chers. Pour les fruits, 60 % du coût de production vient de la main-d’œuvre, quand les salaires de l’autre côté des Pyrénées sont inférieurs de 30 à 40 %…
Pour que les producteurs fruitiers ne disparaissent pas, son syndicat prône la mise en place de prix minimums à l’entrée du marché français. Ces prix minimums ne pourraient être inférieurs aux coûts de production et à la rémunération des paysans. « Cela donnerait des marges de manœuvre aux paysans pour s’adapter aux effets du réchauffement, estime-t-il. Et cela injecterait aussi de la valeur de l’autre côté de la frontière. »
Emmanuel Aze, arboriculteur : « Alors que le gouvernement pourrait décider d’une aide spécifique pour les fruits et légumes, il la refuse » - L'Humanité
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