Le territoire est sous haute tension. Vendredi soir, les brigades des martyrs d’Al Aqsa, la branche armée du Fatah, ont défilé dans les rues du camp de réfugiés de Jénine, point phare de la seconde intifada. Dans un communiqué, ils ont officiellement annoncé qu’ils prendraient pour cible des positions israéliennes dans toute la Cisjordanie. Plusieurs checkpoints de l’armée israélienne ont été attaqués dans la soirée, selon des témoins. Ces différents accrochages ont causé la mort de onze Palestiniens vendredi en Cisjordanie.
C’est la première réponse active du mouvement de Yasser Arafat. Jusqu’ici, alors que le Hamas se présente comme des héros, et que la rue palestinienne s’enflamme de la Méditerranée au Jourdain, le Fatah ne s’est distingué que par son annulation des élections législatives, supposées se tenir la semaine prochaine.
À Gaza, ’poursuivre l’offensive pendant plus de six mois’
Après avoir réduit la portée de ses roquettes considérablement - pour certains, un signe d’accalmie - le Hamas a repris samedi les attaques sur le centre du pays, tuant un Israélien à Ramat Gan, une très proche banlieue de Tel-Aviv. « Nous sommes prêts à poursuivre notre offensive pendant plus de six mois, avec l’aide de Dieu », a dit Abu Obayda, porte-parole du Hamas, dans un communiqué.
Pendant ce temps, l’électricité commence à manquer cruellement dans la bande de Gaza. Aujourd’hui réduite à cinq heures par jour, les Gazaouis pourraient perdre leur seule centrale dimanche, par manque de carburant. Les chances de trêves s’estompent devant la détermination israélienne : « L’intervention finira quand on aura éliminé toutes nos cibles », disait ainsi jeudi Elad Goren, porte-parole de COGAT, l’unité de l’armée israélienne chargée de la coordination avec les Palestiniens. Des frappes chirurgicales qui provoquent parfois le scandale. Dix membres d’une famille palestinienne parmi lesquels huit enfants ont été tués samedi matin dans une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza, ont annoncé les secours palestiniens. Ce même samedi, l’aviation israélienne a descendu une tour de 13 étages qui abritait les locaux d’Al-Jazeera et de l’Associated Press (AP) à Gaza. « C’est un développement incroyablement inquiétant. Nous avons évité de justesse de terribles pertes humaines », a réagi samedi dans un communiqué le patron de l’agence américaine, Gary Pruitt. « Le monde sera moins informé sur ce qui se passe à Gaza à cause de ce qui s’est passé aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Qui sont les Palestiniens d’Israël ?
Dans le camp palestinien, les victimes sont nombreuses. A Gaza, les autorités palestiniennes ont fait état de 139 morts, dont 39 enfants, et quelque 1000 blessés dans les bombardements qui ont pu être évacués vendredi soir par des ambulances égyptiennes. Selon l’office de coordination humanitaire onusien, il y aurait plus de 10 000 déplacés. La plupart viennent des quartiers au nord-est de la bande, les plus proches du territoire israélien, fuyant une éventuelle offensive terrestre.
Au bout du tunnel, l’insécurité
Dans les deux populations, l’inquiétude de l’après règne déjà. Sortant d’un cycle interminable d’élections à répétition, les Israéliens ne peuvent compter que sur un gouvernement d’urgence pris en otage par les exigences politiques de son dirigeant, Benyamin Netanyahou. Or les relations intercommunautaires n’ont jamais été aussi tendues - les émeutes de ces jours derniers ont donné lieu à une plus grande solidarité chez les Palestiniens citoyens d’Israël, mais ont aussi montré la nouvelle force des militants de l’extrême-droite juive. Forts de leurs bons résultats aux dernières élections législatives, ces militants ont gagné en assurance et se mobilisent plus activement pour confronter les Palestiniens citoyens d’Israël.
En Israël, une extrême droite décomplexée ?
En Cisjordanie, cette assurance pourrait aussi prendre une autre forme. Jeudi, huit Palestiniens ont été blessés par des colons, avec la protection de soldats israéliens, durant une opération coup de poing sur leur village de A-Tuwani, au sud d’Hébron. « Les choses empirent rapidement », dit Sami Huraini, un militant non-violent. Il décrit une pluie de grenades à assourdissement et de gaz lacrymogènes. « Ils nous ont tiré dessus à balles réelles. C’est complètement nouveau », affirme-t-il, ajoutant qu’il n’avait reconnu aucun des soldats. « Il y a eu quatre attaques en moins d’une semaine, maintenant on s’attend à une attaque à n’importe quel moment. »
Alors que les espoirs de trêve s'estompent à Gaza, le conflit s'étend en Cisjordanie - Journal La Croix
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