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Friday, May 19, 2023

Emploi : “Je voulais changer, être sur la mer, alors je suis devenu ostréiculteur” - Sud Ouest

Ce mardi après-midi, il pleut un peu sur le port d’Andernos-les-Bains. L’eau est si basse qu’Oslo, le chaland de Sébastien Vigier acheté à un ostréiculteur de La Tremblade, est posé sur la vase. Il ne va pas à la marée aujourd’hui. Il travaille dans sa cabane. Il y a tant de choses à faire. A 43 ans, il a créé son exploitation en janvier, en reprenant la cabane d’un pêcheur. « Je pars de zéro », dit-il. Nouveau métier, nouveau paysage, nouveaux horaires, nouvelle vie... Et, surtout, pas de chef.

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Sébastien a (presque) tout quitté pour revenir là où se tiennent les vacances de son enfance : à Andernos-les-Bains, où sa grand-mère avait une résidence secondaire. Lui est né à Paris. Il a fait de longues études : une maîtrise en biologie cellulaire et en physionomie animale, un master en stratégie commerciale et marketing.

Après les tests PCR...

Après Paris, Sébastien s’est installé à Bordeaux où il a travaillé en ophtalmologie au CHU Pellegrin, puis dans l’imagerie médicale. Et ça, avant d’être commercial dans le domaine du diagnostic médical biologique. Pendant la pandémie, il a vendu du test PCR. « Ce que je faisais m’intéressait, mais sans plus. Alors en 2021, j’ai beaucoup réfléchi. »

« Etudiant, je voulais devenir biologiste, zoologue mais il n’y avait pas de débouchés. On n’incite pas les jeunes à se diriger vers des métiers passion, mais vers là où il y a de l’emploi »

La quarantaine amène souvent au pays glissant des questions existentielles. « Et puis j’ai vécu le Covid dans les services d’urgence. Je me suis dit stop, je ne veux plus de ça. » Alors quoi ? La mer, l’océan, comme des aimants dans sa tête. « Etudiant, je voulais devenir biologiste, zoologue mais il n’y avait pas de débouché. On n’incite pas les jeunes à se diriger vers des métiers passion mais vers là où il y a de l’emploi. »

Sa femme lui dit “Fonce”

La question a trouvé une réponse au cours de l’année 2021 : « J’ai dit à ma femme : je veux être ostréiculteur. Elle m’a répondu : fonce ! » Ce qui veut dire laisser tomber les RTT, les congés payés, la voiture de fonction, le bon salaire, etc. « C’est un confort de vie c’est vrai, et c’est qui nous attache à ces jobs, mais il fallait que je change, c’est un vrai choix personnel. »

Il faut retourner à l’école en octobre 2021, pour une formation de 9 mois en alternance au lycée de la Mer de Gujan-Mestras, soutenu par les allocations chômage. « J’ai fait en sorte dans ma tête que cette formation soit la première pierre de ma future exploitation ostréicole. Je me suis retrouvé à faire du français, des maths. Ca fait bizarre mais savoir calculer les mortalités de tes huîtres, ça peut servir, non ? Et c’est ancré dans le réel. »

 « L’outil était bon, une cabane de travail, une de dégustation, un bassin mais ni bateau ni parc ni stock. »

Et il y a les stages en entreprise, au Cap Ferret, chez Mickaël Thierry à Andernos. « Je me suis fait un réseau et j’étais à l’affût d’une exploitation. » Peu sont à vendre. L’occasion se présente au printemps 2022 avec un pêcheur qui arrête à Andernos. « L’outil était bon, une cabane de travail, une de dégustation, un bassin mais ni bateau ni parc ni stock. » Partir de zéro donc, ou presque.

Sébastien Vigier a pu reprendre la cabane d’un pêcheur qui arrêtait son activité sur le port ostréicole d’Andernos-les-Bains.
Sébastien Vigier a pu reprendre la cabane d’un pêcheur qui arrêtait son activité sur le port ostréicole d’Andernos-les-Bains.

Aller sur les parcs

Il a trouvé à la Réousse les 45 ares de parcs nécessaires. « Et puis le comité régional conchylicole et son point installation m’ont aussi trouvé pour rien des parcs au Grand Banc en première ligne à la condition que je les nettoie. J’ai aujourd’hui 72 ares et je poserai mes premiers collecteurs cet été. J’espère produire 8 à 10 tonnes, par an d’ici 5 ans. » Les premières huîtres qu’il aura élevées du début à la fin seront en vente dans trois ans. En attendant, il rachète des huîtres, du naissain, il ramasse des huîtres sauvages qu’il remet en poche et il va bientôt ouvrir sa dégustation.

“Je cherche quelqu’un pour la dégustation, parce que j’ai choisi ce métier pour aller sur les parcs. Avec ma formation, les huîtres, ça me parle, c’est du vivant.” Il ajoute une conscience écologiste : utiliser des poches recyclables, des tables d’occasion. “La deuxième vie marche très bien. Il faut être le plus respectueux possible de l’environnement, tout le monde en bénéficie ensuite.”

Il n’a aucun regret, aucune nostalgie de sa vie d’avant : “Quand tu pars sur ton bateau, tôt le matin, seul, avec le ciel et la mer...”

“Quand tu pars sur ton bateau, tôt le matin, seul, avec le ciel et la mer...”

33 installations depuis 5 ans

Le comité régionale conchylicole Arcachon-Aquitaine porte une attention toute particulière aux reprises d’exploitations ostréicoles, aux transmissions ou aux créations, notamment au travers de son point info installation. Il a même une chargée de mission responsable de ce thème, Alizée Bourgès. “Au total, il y a eu 33 installations ces cinq dernières années avec 28 reprises d’entreprises existantes et 5 créations d’entreprises, avance-t-elle. Il s’agit majoritairement d’installation hors cadre familial (27 installations contre 6 installations dans le cadre familial). 92% des nouveaux installés sont des hommes. ”

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