Un retour à la maison et tout un symbole. Alcatel-Lucent Enterprise (ALE) va rapatrier à Laval l’assemblage de centraux téléphoniques qu’il avait délocalisé chez un sous-traitant roumain. C’était en 2001, l’année où le patron du groupe, Serge Tchuruk, avait défini sa stratégie fabless, la compagnie sans usines : ne garder que la conception des produits, sous-traiter la fabrication dans les pays émergents à bas coûts. ALE continuera de sous-traiter, mais en France.
D’autres nouvelles encourageantes sont tombées ces derniers jours pour l’« usine France », dont la production a tout de même plus que doublé en cinquante ans, nous rappelle l’économiste Pierre Veltz. Le cabinet Trendeo et la banque publique d’investissement Bpifrance ont chacun annoncé, début mars, un nombre d’ouvertures de sites plus élevé que celui des fermetures en 2022, confirmant une tendance amorcée en 2016.
Le chiffre avancé par Trendeo d’un solde de 80 implantations nouvelles ou d’extensions de site, certes modeste au regard des 250 000 entreprises du secteur, témoigne d’un réel dynamisme. Et ces créations se font le plus souvent dans les secteurs d’avenir liés à la santé et surtout à la transition écologique, comme si la devise de l’industrie était désormais « verdir ou mourir ».
L’alerte avait sonné au lendemain de la crise financière de 2008, où le gouvernement n’avait pourtant rien fait pour soutenir les entreprises comme il l’a fait lors de la pandémie de Covid-19. En 2009, des Etats généraux de l’industrie relancent la politique de filières. Trois ans plus tard, le rapport de Louis Gallois sur la compétitivité oriente le président socialiste, François Hollande, vers une politique de l’offre et de reconquête industrielle.
L’Etat est revenu en force
A l’époque, les libéraux de tout poil se gaussent des envolées d’Arnaud Montebourg, autoproclamé « ministre du redressement productif ». Obligé de courir des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange (Moselle) aux chaînes de PSA à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour sauver la sidérurgie et l’automobile, le bilan de sa « nouvelle France industrielle » ne sera pas à la hauteur de sa flamboyante rhétorique.
L’histoire aimant se venger, son analyse a retrouvé aujourd’hui de la pertinence. Non, la politique industrielle n’est pas un gros mot ; oui, une dose de protectionnisme ne nuit pas pour sortir l’Europe et la France de leur rôle d’idiots du village global. Les axes stratégiques retenus en 2013 – après un travail d’un an mené avec le cabinet McKinsey (transition écologique, santé, numérique) – restent même prioritaires. L’« homme à la marinière made in France » a peut-être eu tort d’avoir raison trop tôt.
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« Alors que la France se réindustrialise, c'est comme si la devise était désormais “verdir ou mourir” » - Le Monde
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