Le changement politique s’accélère au Pérou. La nouvelle présidente Dina Boluarte a annoncé samedi son gouvernement alors que le mécontentement grandit dans les rues, où des supporteurs de l’ancien président Pedro Castillo réclament sa libération et de nouvelles élections.
Le nouvel exécutif compte 19 ministres, dont huit femmes. L’ancien procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption, Pedro Angulo, également avocat, a été nommé Premier ministre. Un peu plus tôt dans la journée, le président du Congrès, José Williams, avait appelé la nouvelle présidente à prendre rapidement des mesures, dont la nomination d’un gouvernement, pour « générer la confiance et la tranquillité ».
Des blessés lors d’affrontements avec la police
De nombreuses manifestations et blocages de route ont lieu depuis jeudi à Lima et dans plusieurs villes du pays, notamment les régions andines où Pedro Castillo, un ancien instituteur en milieu rural, bénéficie du plus grand soutien. Dina Boluarte, vice-présidente jusqu’à son investiture mercredi après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement, n’a pas exclu l’organisation d’élections anticipées. « Je lance un appel aux sœurs et aux frères qui sortent manifester pour leur demander de se calmer », a-t-elle également déclaré.
Des centaines de personnes ont marché vendredi dans les rues de la capitale péruvienne pour exiger la libération de Pedro Castillo. Aux cris de « putschiste », les protestataires ont brûlé des banderoles à l’effigie de Dina Boluarte. A Andahuaylas, dans la région d’Apurimac d’où Dina Boluarte est originaire, des affrontements entre manifestants et policiers ont fait 20 blessés, dont quatre parmi les forces de l’ordre, selon le Défenseur des droits péruvien.
Le Bureau du médiateur appelle au calme
La police avait fait usage jeudi de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se dirigeaient déjà vers le Parlement, en arborant des pancartes « Liberté pour Castillo », « Boluarte ne me représente pas » ou « Dissolution du Parlement ». Le Bureau du médiateur a appelé « tous les citoyens à être calmes et responsables », rappelant que « l’utilisation de moyens violents pendant les manifestations (était) interdite ».
Après sa tentative ratée mercredi de dissolution du Parlement et d’instauration d’un Etat d’urgence, une manœuvre qualifiée de « coup d’Etat », Pedro Castillo a été placé en détention provisoire jeudi pour sept jours à la demande du Parquet qui le poursuit pour « rébellion » et « conspiration ». Il est détenu dans une caserne de la police, la même où un autre ex-président, Alberto Fujimori (1990-2000), purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité et corruption. Son ancien chef de cabinet Guidio Bellido ainsi que Me Guillermo Olivera, l’un de ses avocats, ont laissé entendre vendredi que Pedro Castillo avait « peut-être été incité » à dissoudre le Parlement sous l’effet de psychotropes.
Pérou : Alors que la grogne monte dans la rue, la nouvelle présidente dévoile son gouvernement - 20 Minutes
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