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Monday, November 7, 2022

Alors qu'il aurait dû être forgeron, le Nord-Aveyronnais Pierre Alanche s'est... forgé une autre carrière ! - Centre Presse Aveyron

Né à Huparlac, en avril 1942, son avenir semblait écrit, pour prendre la succession de son père, de son oncle et de son grand-père. Il est finalement devenu brillant ingénieur, chez Alcatel puis Renault. Alors qu’il a gardé son atelier et ses outils au fond du jardin, il vient de publier un ouvrage sur ce métier. Tel un hommage...

Son grand-père, Jean-Pierre, était forgeron, son oncle, Jean, était forgeron, son père, Firmin, était forgeron. Il était donc destiné à être forgeron. "Je ne me posais pas la question, confirme Pierre Alanche. Dans nos villages, à l’époque, on faisait le métier de nos parents. Un fils de paysan devenait paysan, un fils de gérant de bistrot devenait gérant de bistrot...".

C’est l’instituteur du village qui a insisté pour qu’il fasse des études. Après sa "petite scolarité" à Huparlac, où il est né le 19 avril 1942, au 1er étage de la maison familiale (au-dessus de la quincaillerie), il a sauté la 6e et la 5e, pour entrer directement en 4e, l’année qui précédait le certificat d’études, au lycée Monteil, à Rodez. Ayant fait ses classes aux Arts et métiers à Aix-en-Provence, puis à l’Institut national polytechnique de Grenoble, le brillant ingénieur qu’il est devenu, aujourd’hui à la retraite (depuis 2004), n’a pas oublié "ces heureuses joyeuses" de l’enfance et de l’adolescence.

Il l’a écrit en lettres majuscules, sur la quatrième de couverture du livre paru voilà quelques jours, aux éditions de la Flandonnière (188 pages, 24€), intitulé "Forgeron en campagne (un métier de traditions)", dont la préface a été signée par Michel Bras. Le lecteur peut ainsi lire : "Le métier a disparu. Moi, Pierre, je ne suis pas devenu forgeron. Mais, à Huparlac, je reste Pierrot, "lou fil del fabre". à la retraite, dans l’atelier maintenu en état de fonctionnement, j’ai retrouvé la maîtrise du geste et la fascination du feu. Et j’ai écrit ces pages autant avec mon marteau qu’avec le traitement de texte".

"Je ne suis pas un écrivain, juste un témoin de quelque chose"

Après avoir mis le pied à l’étrier à Aix-en-Provence et à Grenoble, Pierre Alanche, attiré par "la belle technique", a connu les débuts de l’automatisme chez Alcatel, en région parisienne. Il a été fidèle à cette entreprise de 1965 à 1976, mettant sur le marché les premières commandes numériques pour les machines outils. Pendant ce temps, au pays, son père Firmin forgeait toujours mais enfilait, de plus en plus, la tenue de mécanicien, avec l’avènement des tracteurs dans les campagnes.

Après avoir été permanent syndicaliste (CFDT) pendant quatre ans chez Alcatel, il a goûté à diverses entreprises, avant de pousser la porte de Renault "pour regrouper deux services". Il a gravi les marches pour boucler sa carrière au poste de chef du service informatisation et automatisation des systèmes de production. En 1997, quand Renault a été privatisé, il a été élu représentant des salariés actionnaires, siégeant ainsi pendant sept années au conseil d’administration de la marque au losange. C’est également durant cette période qu’il s’est mis à l’écriture, avec une inspiration plus technique.

Après la parution de "Les automatismes et leur CAO" en 1988, puis "Le ferrage des roues" en 2021, il vient donc de publier, aux éditions de la Flandonnière, "Forgeron en campagne (un métier de traditions)". "J’ai mis dix ans pour le boucler, explique-t-il. C’est un hommage à cette profession ancestrale, à ma famille aussi". Il poursuit : "C’était un rêve. Mais, je ne suis pas un écrivain, juste un témoin de quelque chose. Il faut une longue épuration et je n’ai pas la plume facile. Il n’y a pas une page que je n’ai pas écrite trois fois !". Et de conclure sur le sujet : "J’aime le contact avec la matière. à la différence du bois, la forge permet le droit à l’erreur. D’autant que je n’ai pas le sens du dessin".

Même s’il vit en région parisienne, Pierre Alanche revient "régulièrement" à Huparlac, où il a gardé la maison familiale, avec l’atelier (forge et outils) au fond du jardin. "Je n’ai jamais coupé les ponts avec le Nord-Aveyron, se réjouit le jeune octogénaire. Je suis d’ailleurs conseiller municipal de mon village. Je suis ici, au total, trois mois par an". Et il ne manque pas une occasion de montrer ses nombreux trésors forgés aux habitants d’Huparlac, répondant à la question : Pourquoi la forge a-t-elle un tel prestige ?

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