Arrivé à l’instant décisif de votre vie, vous doutez. Le film de votre passé repasse sous vos yeux, ce qui vous a menés ici, les liens que vous avez tissés. Allez-vous continuer dans cette voie, ou briser le cercle et trahir vos amis ?
RPG like
Plus que des jeux, les « For the story » sont des expériences narratives collaboratives. Chaque boîte propose un cadre, et à l’aide de séries de questions ouvertes, pousse les joueurs à développer leurs personnages, les connexions qui les unissent ainsi que les différents détails de l’univers.
Dans l’idée, « For the story » a beaucoup à voir avec le jeu de rôles, mais il n’est ici pas question de caractéristiques, de tests de compétences ou de quelconques dés. Les joueurs sont tout autant joueurs que maîtres de jeu, ils sont les seuls arbitres des capacités de leurs personnages. La parole et les idées sont échangées, chaque nouvelle question développant un nouvel aspect de l’histoire, jusqu’à ce qu’enfin, les joueurs soient prêts à répondre à la question finale, celle qui va changer leur vie.
God save the queen
La première boîte sortie, l’originale, se déroule dans un univers plutôt médiéval fantastique, une féodalité en guerre constante. Dans « Pour la Reine », les joueurs incarnent les membres de l’escorte personnelle qu’a choisi une reine pour une mission diplomatique. Au début de la partie on se contente de choisir une image, une reine qui inspirera les joueurs. Sera-t-elle plutôt une princesse de contes de fées, un seigneur de guerre amazone, ou une silhouette dont la seule vue inspire la terreur ?
Bien sûr, on part du principe que vous l’aimez cette reine, elle ne vous a pas choisi pour rien. Mais chaque question va vous pousser à réfléchir à cette relation, à narrer la manière dont elle s’est construite. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mettre à son service ? Qu’est-ce qui laisse entrevoir sa cruauté ? Pourquoi tolérez-vous la manière dont elle vous rabaisse ? Quel compliment vous a-t-elle fait qui vous a marqué à vie ?
Mourir pour des idées
Bien entendu, tous les joueurs sont invités à participer, à poser des questions, à enrichir le récit avec leur propre remarque. La reine ne sera pas la construction d’un seul joueur, mais quelque chose qui va se définir au cours du récit collectif, où chaque joueur aura l’occasion de se faire un avis.
De quelle nature est cet amour pour la reine ? Est-il partagé ou acquis ? Est-il simplement un sentiment par défaut d’une personne qui n’a jamais connu mieux ? N’êtes-vous pas finalement simplement un outil dans la main de celle que vous avez si longtemps servie ?
Viendra finalement la question qui conclura l’aventure : « La reine est attaqué. La défendez-vous ? » Votre personnage sera-t-il prêt à donner sa vie pour elle ou profitera-t-il de l’occasion pour remettre en cause son passé et embrasser le changement ?
Collusion ou trahison ?
Chaque boîte propose un cadre différent, une manière spécifique d’aborder la vie des personnages et de diriger la construction narrative, une finalité particulière.
« Rituels » propose de jouer des cultistes qui s’apprêtent à invoquer avec succès une entité Cthulesque dans le monde. « Donjons et Siphons » adopte un narratif bien plus délirant. Les joueurs y incarnent les agents d’entretien des WC et canalisations d’un donjon qui font campagne pour se faire élire à la tête de leur syndicat. Donjons et Siphons propose une dynamique de binôme. Après avoir répondu à sa question, le joueur doit poser la question complémentaire à un joueur qui était donc son binôme lors de l’évènement dont on parle, là où les deux premières boîtes laissent les interventions complètement libres. Cette approche, un poil plus directive, devrait aider les joueurs moins habitués à ce genre de jeu à créer des liens entre eux et les autres personnages.
Braquage en direct
Dans les deux dernières sorties, « Le casse de trop » propose d’incarner des cambrioleurs dont le casse tourne mal. Arrêtés quelque temps après leur méfait, il paraît évident que quelqu’un a trahi, et les joueurs vont donc ressasser les évènements pour comprendre à quel moment les choses ont mal tourné. Ici, la finalité nous place sur un dilemme du prisonnier assez littéral : trahirez-vous vos partenaires pour essayer de vous en sortir, ou choisirez-vous de vous taire en prenant le risque que les autres vous trahissent ?
Le petit dernier c’est « Audimat » qui place les joueurs dans une télé-réalité, à la manière d’un « Koh Lanta » ou « Secret Story ». Avec le moindre de vos mouvements diffusé en live, que faites-vous de vos journées ? Quelles sont les choses qui se passent mal et qu’allez-vous faire pour charmer vos partenaires, afin de ne pas être celui qui partira en premier ?
Tant d’histoires
La mécanique du jeu est sous licence libre et il est possible de trouver d’autres scénarios sur le site du jeu, voire de proposer les siens. Néanmoins, les boîtes disposent d’un joli matériel avec quelques belles illustrations et tout un kit prêt à l’emploi.
For The Story est une excellente manière de se lancer dans une narration collective, sans la lourdeur et les préparatifs nécessaires au jeu de rôles, tout en gardant sa force narrative. C’est un jeu qui s’adresse avant tout aux créatifs capables de s’imaginer un monde à partir de rien, mais qui peut constituer une excellente manière de passer une après-midi, avec une rejouabilité aussi riche que l’imagination de ses joueurs.
Editeur : Bragelonne
Joueurs : 3 à 5 ou 6
Age : 12 à 14+
Durée : 30 à 60, et même plus !
Liens :
Article de Nargasse, powered by Yored
Photos : Dans la Boîte
For the story : alors, raconte ! - Actualités - Tric Trac
Read More
No comments:
Post a Comment