Pas d’entraînements à l’intérieur, mais des manifestations à l’extérieur. La plupart des gyms qui comptaient ouvrir leurs portes dimanche ne l’ont finalement pas fait, plusieurs ayant tenu des rassemblements devant leurs commerces, pour lancer un cri du cœur au gouvernement Legault. Certains ont toutefois choisi de défier les règles.
« On n’ouvrira pas tant que ça ne sera pas permis. Mon but, ça n’a jamais été d’ouvrir et de briser les règles, c’était surtout de passer un message. Et ce qu’il faut surtout retenir, c’est que de s’entraîner dans nos centres de conditionnement, c’est sécuritaire », lance le propriétaire du gym L’Atelier de Laval, Hugo Lauzon.
Sur la façade de cet établissement du boulevard Industriel, qui donne surtout des cours de groupe, plusieurs pancartes affichent des slogans, dont « on fait partie de la solution ». « On est très bien capables de contrôler ce qui se passe », fait valoir l’homme d’affaires. « Il n’y a pas 500 personnes laissées libres ici. On est 8-12 personnes à la fois. Moi, je suis en avant, je coache. Je vois tout ce qui se passe », dit-il.
Comme l’instigateur du mouvement #lasantéenpremier, le co-propriétaire du club Le Vestiaire Karim El Hlimi, Hugo Lauzon déplore la perception négative à l’égard des gyms de manière générale, depuis le début de la pandémie. « Les gens pensent toujours que c’est un paquet de monde ensemble. Mais ce n’est pas ça. Dans notre cas, c’est un groupe restreint qui fait attention à sa santé, qui veut se motiver ensemble. On n’est pas des méchants, on veut aider. »
« On entend parler de réorganisation le système de santé. Ça serait bon de nous mettre de l’avant. Là, on est mis de côté alors qu’on pourrait contribuer. On demande juste à travailler. On est tous capables d’aider, mais on ne nous laisse pas aider en ce moment », insiste-t-il, avant d’ajouter : « Il n’y a pas de nouvelle initiative qui est prise par le gouvernement, alors que nous, on fait de la prévention pour les cancers, les maladies du cœur. On n’en parle pas de ça, alors que c’est hyper important pour nos générations futures. »
Certains gyms ont toutefois bel et bien décidé d’ouvrir leurs portes, et de défier les consignes de Québec. C’est notamment le cas du Gym Proactif, à Drummondville, qui a reçu la visite des policiers de la Sûreté du Québec à peine quelques heures après son ouverture. « On avait vraiment une approche axée sur la sensibilisation en premier lieu. Les policiers ont avisé les gens sur place du décret en vigueur, puis ils ont demandé de faire cesser les activités. Le responsable sur place a collaboré et fermé son établissement », a indiqué la porte-parole du corps policier, Catherine Bernard. La copropriétaire du centre d’entraînement, Mylène Arseneau, a affirmé dimanche à Radio-Canada qu’elle ne regrettait pas son geste, indiquant que « ce petit trois heures a fait du bien à tellement de personnes ce matin » et que « ça aura valu la peine ».
« Je leur demande d’être solidaires »
Un rassemblement s’est aussi tenu en matinée devant le Club Le Vestiaire, à l’extérieur avec animation et musique. Mais aucun entraînement ne semble s’être tenu à l’intérieur. Au passage de La Presse, quelques curieux tentaient d’entrer dans l’établissement de la rue Jeanne-Mance, dont les portes étaient barrées.
« On devrait être intégré dans l’équation pour alléger le travail de nos collègues dans les hôpitaux », avait soutenu la semaine dernière Karim El Hlimi, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux mercredi, qui a été largement partagée par des centaines d’internautes. Il avait alors affirmé que son gym ouvrirait le 30 janvier, « une journée, dans le plus grand respect des mesures sanitaires, afin de démontrer l’importance de notre métier et de notre rôle dans la société ».
En début d’après-midi, dimanche, le premier ministre François Legault a toutefois lancé un appel à la solidarité, implorant les gyms de respecter les consignes sanitaires. « Je leur demande d’être solidaires, comme la majorité des Québécois. Ce que je leur dis aussi, c’est de respecter la volonté de la majorité des Québécois, qui sont d’accord avec les consignes », a-t-il dit.
« On fait ça pour deux grandes raisons : minimiser le nombre de décès et garder un certain contrôle dans nos hôpitaux. Je comprends que les gens sont tannés, qu’ils auraient le goût d’aller au gym, de faire des gros partys, mais actuellement, avec 2900 hospitalisations, c’est encore élevé », a ajouté le premier ministre.
Il affirme que le Québec « s’en va dans bonne direction, qu’il y a de l’espoir », mais demande aux commerçants « d’être patients ». D’autres allégements pourraient d’ailleurs survenir dans les prochains jours. M. Legault a promis dimanche de faire « le tour de la situation » afin de déterminer si de nouveaux allégements sont possibles dans les prochains jours. Une rencontre est prévue lundi avec la Santé publique.
Cri du cœur des gyms | « On est mis de côté, alors qu'on pourrait contribuer » - La Presse
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