«Solutionner», «acter»... La rédaction revient sur ces petites erreurs de vocabulaire qui constellent nos propos.
Ils nous rendent fous. Ces mots, qui semblent adéquats à celui qui les emploie, peuvent avoir un effet néfaste sur notre santé mentale. Nous sommes pourtant tous concernés par ces petites bourdes du quotidien: extensions de sens abusives, néologismes, anglicismes, emplois fautifs... Personne n’est à l’abri. Nos conversations en témoignent. Le Figaro vous propose un florilège de ces mots et formules que l’on croit adaptés... et qui ne le sont pas.
À découvrir
● Solutionner
«Je voudrais solutionner ce problème», entend-on souvent au détour d’un couloir de bureau. Ce verbe «long, lourd, plutôt disgracieux», ainsi que le décrit l’Académie française, doit sa fortune aux irrégularités de la conjugaison du verbe «résoudre», dont il est devenu un substitut. Ainsi qu’à «la tentation d’une dérivation facile: il n’y eut, au XIXe siècle, qu’une désinence verbale à ajouter au verbe ‘solution’ pour créer ‘solutionner’.»
Mais rappelons l’existence du verbe français «résoudre», que l’on peut faire précéder d’un auxiliaire pour plus de facilité: «il va résoudre le problème», ou «il peut, il pourra résoudre cette difficulté», et non «il solutionnera le problème», ou «il solutionne la difficulté». De même, on «trouve la solution à une question», et non «on solutionne la question».
● Confusant, confusionnant
«Son discours est confusant», «Cette règle de grammaire est confusionnante». Voilà deux jolis anglicismes à bannir de toute urgence de nos conversations. Leur emploi fréquent est dû, précisément, à une confusion. L’anglais confused est emprunté à l’adjectif français «confus». Mais à la différence de nos voisins, qui ont tiré de l’adjectif confused le verbe to confuse, nous n’avons pas de verbe «confuser». On le traduit par «confondre», ou «troubler, brouiller», ou encore «perturber». Troquons donc «confusant», et «confusionnant» pour «troublant», «perturbant», ou «déconcertant».
● Acter
«Je suis contre le chômage, c’est acté», «L’université a acté ma candidature». Très en vogue dans les conversations, ce verbe appartient à l’origine au vocabulaire juridique. Dans leur Dico des mots qui n’existent (toujours) pas (et qu’on utilise quand même), Olivier Talon et Gilles Vervisch soulignent qu’il existait déjà au Moyen Âge pour dire: «dater convenablement les actes, en reconnaître, en vérifier les dates.» L’Académie française rappelle que son usage doit être limité à ce domaine, et non être employé «par emphase», pour faire passer une opinion personnelle pour une véritié d’ordre scientifique.
Au lieu de dire «votre réponse a été actée», préférons «reçue». De même on «acte» pas une candidature, mais on «l’enregistre». Et on «acte une décision», et non «d’une décision», car le verbe ne se construit jamais avec la préposition «de».
● Inatteignable
Le mot n’est ni tout à fait fautif ni tout à fait approprié. On le doit à un savant mélange d’anglais et de français, imaginé par Stendhal qui écrivit dans son Journal, le 18 mars 1813: «The great places inatteignables for me». Proust l’emploie à son tour, mais sous une forme différente: on croise le mot «inatteingible» dans sa Correspondance, et la formule «inattingibles lointains» dans La Recherche.Les sages préconisent de préférer l’adjectif «inaccessible», ou la locution adjectivale «hors d’atteinte».
● Présentiel-distanciel
Le mot «présentiel» est un vilain calque de l’anglais presential. Parallèlement s’est formée la formule «en distanciel», pour décrire ces longs mois de fermeture des endroits publics. Mais souvenons-nous que la langue française est dotée d’équivalents: «en présence» et «à distance». La locution «enseignement à distance» est d’ailleurs entrée dans l’usage courant il y a plus de quatre-vingts ans, avec la création du Centre national d’enseignement à distance (le CNED) en 1939.
Cinq mots que l’on pense employer à bon escient (alors que non) - Le Figaro
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