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Tuesday, July 20, 2021

A Lyon, un masseur soupçonné d'agressions sexuelles alors qu'il était sous contrôle judiciaire - Le Monde

Le dossier pourrait être enseigné à l’école de la magistrature, au chapitre des errements de la justice concernant les affaires de délinquance sexuelle. Renvoyé au tribunal correctionnel de Lyon pour agressions sexuelles aggravées, Mustafa Fevsi S., 71 ans, a été de nouveau mis en examen, et cette fois écroué, le 8 avril, pour d’autres faits présumés. L’homme, qui se présente comme un spécialiste de massages lymphatiques, est suspecté d’avoir réitéré ses pratiques douteuses, profitant de la levée de son interdiction d’exercer, accordée à cause d’une procédure chaotique. Il nie toute déviance sexuelle, mettant en avant des attestations de plusieurs de ses clientes, satisfaites de ses services.

L’affaire, dont Le Monde a accédé au dossier, débute en juin 2017 par la plainte de Camille (les prénoms ont été modifiés), 32 ans. La jeune femme dénonce une scène traumatisante, vécue dans l’arrière-boutique de l’herboristerie, dans le 2arrondissement de Lyon. Cuisinière de profession, elle recherchait des plantes contre ses troubles du sommeil. Se présentant comme naturopathe, le gérant de la boutique lui a conseillé un massage lymphatique pour résoudre son problème. « Il m’a montré un tableau expliquant les étapes du massage. Je me suis laissé convaincre », raconte au Monde la jeune femme. Camille s’est retrouvée sur une table de massage, dans une petite salle à la lumière tamisée, surprise de voir revenir Mustafa Fevsi S. revêtu d’une blouse satinée. « Ce n’était pas une apparence très médicale. Ses gestes ont été tout de suite tendancieux. J’étais tétanisée, incapable de réagir. C’était tellement improbable de me retrouver là, quasiment nue, à sa merci », dit la jeune femme.

Le naturopathe a insisté pour qu’elle suive plusieurs séances, proposant de baisser le prix de 50 à 10 euros. Les larmes aux yeux, Camille a pris un rendez-vous pour échapper à sa pression, sans donner suite. « Un mécanisme dans mon cerveau m’a empêché de réaliser que j’avais été victime d’attouchements sexuels. J’ai mis des semaines à accepter qu’il y avait eu un problème. J’ai hésité à en parler à la justice, par crainte de ne pas être comprise », explique-t-elle. La libération de la parole insufflée par le mouvement #metoo, a encouragé la jeune femme à franchir la porte du service spécialisé de la police.

« Une caricature de dossier d’agressions sexuelles »

D’autres victimes se signalent, décrivant un scénario similaire, fait de scientisme confus, de sidération et de honte. Elles disent aux policiers avoir subi des gestes et des propos déplacés, lors de ces massages effectués dans la petite pièce éclairée d’une lampe à sel, tapissée de diplômes et d’images mystiques. La main sur le sein, ou près du sexe, caresses insistantes, le supposé soignant se retrouvait parfois en caleçon, à califourchon sur leurs fesses, en effectuant des mouvements lascifs. « Je recherchais des soins alternatifs. A la troisième séance, il m’a demandé si ça me dérangeait d’être toute nue. J’étais dans le doute, je ne me faisais pas confiance, je me demandais si je n’étais pas trop sensible, ça paraît fou mais sur le coup on ne réagit pas. Aujourd’hui, je sais que ce n’était pas normal », raconte Marie, 33 ans.

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