420 000 abonnés, 215 000 courses chaque jour… Le service Vélib’, qui sombrait il y a encore 3 ans lors de sa reprise par l’opérateur Smovengo en 2018, semble avoir retrouvé de l’élan et affiche des records d’utilisation depuis quelques mois. La crise sanitaire et la redécouverte des bienfaits du vélo à l’occasion du déconfinement n’y sont pas étrangers. Nombre d’habitants de la région parisienne ont adopté le vélo vert ou bleu (si vous prenez un modèle électrique) depuis le printemps 2020 pour éviter les transports en commun et se déplacer sans avoir à craindre les rames bondées du métro. Depuis le premier déconfinement, Vélib’ enchaîne en effet les records de location.
Mais ce changement de braquet s’est accompagné d’une « surutilisation » des vélos électriques qui effectuent désormais 60 % des courses, alors qu’ils ne représentent pour l’instant « que » 35 % du parc. Davantage empruntés (jusqu’à 12 fois par jour) que les vélos mécaniques, les Vélib’ bleus roulent plus loin et plus longtemps, avec un trajet moyen de 16 minutes et 3,4 km contre 14 minutes et 2,9 km pour la version sans assistance électrique. Leur usure provient aussi de leur surutilisation par les livreurs Deliveroo et Ubert Eats qui ne sont pas équipés de deux-roues par les plates-formes qui les emploient. Et au final, les coûts de maintenance explosent.
Chaque jour pas moins de 600 à 800 vélos défectueux sont envoyés à l’atelier de réparation.
Or, après avoir accordé une rallonge de 12 millions d’euros à l’opérateur Smovengo, les élus du Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole que vous présidez ont aussi voté une évolution de la grille tarifaire qui s’appliquera dès cet été. But de la manœuvre : augmenter les tarifs des trajets parcourus en Vélib’ électrique. Ainsi pour le forfait V-max, le préféré des usagers habituels du Vélib’ électrique, la première séquence d’utilisation (portée à 45 minutes) restera gratuite… mais seulement pour deux courses quotidiennes. À partir de la troisième, il faudra payer 1 euro par nouvelle location.
Pourtant, les adeptes du Vélib’ au quotidien le savent et le déplorent : le service est loin d’être performant. Il faut beaucoup plus de deux bicyclettes électriques pour assurer deux trajets par jour. Les stations ne mettent parfois que des Vélib’ à assistance électrique à disposition de l’usager qui en cherche un mécanique. Les vélos tombent en panne au beau milieu d’une course, sans parler de la recherche d’un Vélib’ électrique en fonctionnement qui vire régulièrement à la galère. Il faut parfois en essayer jusqu’à cinq avant d’en trouver un en état de marche !
Pourquoi augmenter le tarif des Vélib’ électriques alors qu’il est si difficile de s’en procurer un qui marche ? Alors que partout on vante les mérites des modes de transports « doux » pour limiter la pollution des automobilistes, est-ce le moment de demander aux amoureux de Vélib’ de mettre la main au porte-monnaie ?
Les lectrices et lecteurs du Parisien-Aujourd’hui en France attendent votre réponse avec impatience.
Sylvain Raifaud : « Ce sont les usages intensifs, qui frôlent parfois la privatisation, que nous souhaitons voir diminuer »
Sylvain Raifaud démarre sa lettre par une bonne nouvelle : la part des Vélib’ électriques va passer à 40 % du total des vélos. Hélas, les tarifs aussi vont augmenter, confirme-t-il, même si le prix a été fixé pour pénaliser le moins d’usagers possible : « Aujourd’hui, 83 % des abonnés effectuent moins de 2 locations de vélos électriques par jour, écrit-il. C’est ce qui nous a guidés pour fixer le seuil des trajets gratuits quotidiens des abonnés V-Max et qui fait que ce sera transparent pour la très grande majorité d’entre eux. »
Sans l’écrire noir sur blanc, l’élu reconnaît que cette augmentation cible essentiellement les livreurs qui utilisent les Vélib’ électriques pour raison professionnelle : « Ce sont les usages intensifs, qui frôlent parfois la privatisation de fait, que nous souhaitons voir diminuer, car Vélib’ n’est pas conçu pour, insiste-t-il. Ces comportements accélèrent l’usure des vélos qui n’ont pas le temps de recharger en station et de fait ne sont pas disponibles pour tous. » Et de décrire le cercle vertueux qui pourrait découler d’une moindre utilisation par les livreurs : « La disponibilité des Vélib’ électriques devrait donc mécaniquement progresser, les gros utilisateurs ayant par ailleurs la possibilité de se reporter sur le vélo mécanique pour leurs trajets courts. »
Et s’il est difficile aujourd’hui d’en trouver un qui marche, c’est à l’opérateur Smovengo qu’il faut s’adresser écrit-il : « Il est de sa responsabilité […] d’assurer l’amélioration de la disponibilité des vélos et de veiller en permanence la qualité globale du service rendu. »
En attendant l’éclaircie, Sylvain Raifaud précise : « Les courses qui font moins de 3 minutes ne sont pas comptabilisées, ce qui permet à l’usager, s’il rencontre un vélo avec une anomalie, de le reposer en station sans que sa course soit prise en compte. Les opérations de maintenance et de régulation de Smovengo doivent permettre que ce délai de 3 minutes après la prise d’un vélo puisse couvrir à lui seul la très grande majorité des constats d’anomalies. » Et donc, que l’adepte du Vélib’ bleu, qui n’a désormais droit qu’à deux trajets par jour dans son abonnement, n’en soit pas de sa poche.
Pourquoi augmenter le tarif des Vélib’ électriques alors qu’il est si dur d’en trouver un qui marche ? - Le Parisien
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