L’été dernier, quand nous avons dû annuler nos voyages à cause du Covid-19, mon mari et moi avons passé nos congés à la maison – une staycation [mot-valise composé du verbe stay, rester, et du substantif vacation, vacances]. Nous avons lu des livres, fait des jeux de société, bu du Pimm’s sur notre terrasse et redoublé de créativité pour procrastiner. Chaque matin, nous trouvions notre lot de factures et publicités sur le paillasson, au lieu d’un plateau de petit-déjeuner si nous avions été à l’hôtel ; et personne ne venait faire le ménage ou changer les serviettes de toilette.

Ce printemps, dirait-on, c’est reparti pour un tour pour des millions de Britanniques. Le Sunday Times a annoncé “le grand retour de la staycation”, soulignant que “le déconfinement commence pour de bon, nous sommes autorisés à passer des nuits ailleurs que chez nous”. De son côté, le Daily Mail a titré “Staycations à gogo !” et précisé que “de nombreux campings et locations affichent quasiment complets”.

Mais attendez une seconde : des campings ? des gîtes ? Ce ne sont pas des staycations [“vacadom” en français]. Ce sont des vacances.

La pandémie de Covid-19 a redéfini et réinterprété d’innombrables mots (à commencer par la bulle), mais la mutation de staycation semble la plus contagieuse.

Le terme est apparu aux États-Unis en 1944, quand une publicité pour la bière Felsenbrau Supreme, publiée dans le journal Cincinnati Enquirer, exhortait les lecteurs à contribuer à l’effort de guerre. Ils étaient encouragés à s’occuper de leur “potager de la victoire” et à écrire aux soldats sur le front, mais pas seulement :

Cette année choisissez la vac-à-dom plutôt que les vac-ances. Les trains et cars sont pleins. Il faut économiser l’essence et préserver les 

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Lara King
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