« OK, toi tu n’es pas du matin ». Il n’a pas fallu longtemps à Stéphanie pour comprendre qu’elle allait avoir un problème de coordination sexuelle avec son nouveau compagnon. Alors qu’elle frétille toute nue depuis une heure à ses côtés, il ronfle paisiblement et ne daigne se lever que pour aller prendre son petit-déjeuner. Pour le sexe, elle repassera plus tard. Ce soir par exemple. Une désynchronisation des désirs finalement assez fréquente.
En 2017, une étude britannique révélait que les moments favoris des Anglais pour batifoler étaient le dimanche matin vers 9 heures ou le samedi soir à partir de 22h30. Des pics de libido à expliquer davantage par des raisons d’emploi du temps que de stimulus physiologiques. Nos corps jouent finalement un rôle assez limité sur nos habitudes sexuelles. Les femmes connaissent un cycle mensuel avec des changements hormonaux importants et un pic d’œstrogène au moment de l’ovulation qui dope le désir sexuel. Les hommes de leur côté vivent sur des cycles basés sur une journée.
« La fenêtre de tir le vendredi ou samedi soir »
C’est la testostérone qui apporte le plus d’appétit sexuel et on la retrouve en quantités différentes entre les hommes et les femmes. Mais l’analyse de ses variations est perturbée par de nombreux facteurs. L’horloge physiologique des cycles chimiques moléculaires et cellulaires hormonaux est en effet très impactée par notre environnement, notre alimentation et nos modes de vie. « Il est très difficile voire impossible d’en tirer des généralités, tranche Aurore Malet-Karas, docteure en neurosciences et sexologue. Ce n’est pas la nature qui contraint notre activité sexuelle mais bien la société, organisée autour de nos impératifs professionnels et familiaux. On fait donc l’amour quand on le peut ».
« Toute la semaine, c’est la course contre la montre donc lorsque le soir, on se couche une fois que les enfants sont au lit et que toute la maison est en ordre, on est surtout contents de dormir, confie un peu dépitée Yaël. Et durant le week-end, les petits se lèvent tôt. Pour nous, la fenêtre de tir se résume au vendredi ou au samedi soir. Dis comme cela, c’est un peu triste. Mais c’est aussi notre petit rituel. À condition de ne pas le rater à cause d’un film trop long ou d’un dîner qui s’éternise… » Sous peine de décaler le rencard coquin d’une semaine.
Les arguments pour faire l’amour le matin sont nombreux et pas seulement car la fameuse testostérone est davantage synthétisée la nuit, notamment chez les hommes. À commencer par le fait qu’on est reposé et que l’adrénaline nous pousse à être actifs. La soirée offre, elle, des avantages évidents si on est en couple, puisqu’on y retrouve sa ou son partenaire dans son lit avec un peu de temps devant soi et souvent peu d’habits. Et pour ceux qui souhaitent profiter de la prochaine réouverture des bars ; la nuit, la fête et l’effet désinhibant de l’alcool ouvrent un certain nombre d’opportunités. Mais même l’après-midi et son cinq à sept regorgent de possibilités. Preuve que la question n’est pas franchement l’horaire. Mais la disponibilité physique et mentale.
« Lorsqu’on s’est mis ensemble, on le faisait matin, midi et soir et puis le temps a passé… ». Louis évoque sa vie intime avec un léger accent de nostalgie. Six ans après son installation avec sa compagne, le commercial reconnaît avoir du mal à se satisfaire du rythme auquel il s’adonne au sexe. « On n’est pas formatés pareil, j’ai très envie le matin alors qu’elle préfère le soir, confie le trentenaire. Après c’est vrai que j’ai vite un coup de barre après le dîner et je suis capable d’aller me coucher directement. Cela ne crée pas réellement de conflits mais parfois un peu de frustration lorsque je vois que mes appels du pied ne lui donnent pas vraiment envie ».
« La routine est un ennemi »
« Il ne faut pas se mettre de pression et s’écouter, résume Aurore Malet-Karas. Il est possible de se donner des rendez-vous pour se réserver des moments intimes et créer un désir. La routine est un ennemi. Le couple demande aussi de faire des efforts pour maintenir une vie érotique. Trop de problèmes, de fatigue et de mésententes impactent l’envie et le désir. À terme, le couple s’oublie ».
Comme souvent, c’est peut-être finalement le temps et les échanges qui vous feront trouver un créneau commun. « J’ai compris que si on ne comptait que sur le hasard ou nos envies de l’instant, on n’allait pas s’en sortir », sourit Marc. Incorrigible couche-tard, le serveur a su mettre de l’eau dans son vin. « Je suis maintenant capable de me réveiller le matin pour faire l’amour quitte à me rendormir après, confie le quinquagénaire. Je l’ai perçu au départ comme un effort mais j’ai compris que ma compagne vivait une vraie frustration. Si on voulait que cela continue à fonctionner entre nous, il fallait caler les horloges ».
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«J'ai envie le matin alors qu'elle préfère le soir» : le désir en décalage, un casse-tête pour les couples - Le Parisien
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