Les analystes considèrent comme improbable une invasion totale de l’île à court terme par la Chine continentale, mais les discussions vont bon train dans les milieux sécuritaires de Taïpei à Washington sur les options qui se présentent à Pékin. Voici certains des scénarios que les autorités chinoises pourraient choisir si elles décidaient d’attaquer Taïwan.
« Décapitation »
Elle renforce sa puissance militaire, envoie quotidiennement ses avions de combat autour de Taïwan, pendant que ses vaisseaux maintiennent une présence quasi constante dans les eaux taïwanaises. Elle a mené au moins deux manœuvres militaires importantes en un an et demi, tandis que son porte-avions Shandong a fait de fréquents passages dans le détroit de Taïwan qui sépare l’île de la Chine.
Pour Ou Si-fu, analyste à l’Institut pour la défense nationale et la sécurité de Taïwan, « il est plus que probable » que Pékin veuille cibler les infrastructures militaires taïwanaises. Il qualifie ce scénario de « décapitation » car les bombardements frapperaient le centre de commandement, les bases navales et aériennes ainsi que les dépôts de munitions. « Quand vous coupez les personnalités militaires ou politiques, vous ne pouvez plus commander les troupes pour défendre » Taïwan, explique l’expert.
Blocus
Pékin pourrait choisir de prendre les îles taïwanaises de Kinmen et Matsu, toutes deux situées à quelque 10 km du continent chinois, ou tenter un blocus total de l’île de Taïwan, en empêchant cargaisons et personnes d’entrer ou sortir.
En avril, les forces chinoises ont mené trois jours d’exercices simulant un tel blocage de l’île pour protester contre une rencontre en Californie de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et de l’américain Kevin McCarthy, alors Speaker de la Chambre des représentants.
L’Armée populaire de libération (APL) « pourrait organiser un blocus de nos ports, aéroports, infrastructures militaires, moyens de communication par air et par mer, pour réaliser son objectif opérationnel de clouer tous les avions au sol et d’ancrer tous les vaisseaux », a prévenu le ministère taïwanais de la Défense, dans son rapport de 2023.
Mais « il n’est pas clair combien de temps la Chine peut tenir un siège, si Taïwan et ses partenaires trouvent les moyens de contourner le blocus », selon un récent rapport du Groupe international de crise (ICG), et cette tactique irait à l’encontre de l’objectif de l’armée chinoise de « remporter une guerre rapide ».
Le coût économique d’un blocus - supérieur à deux trillions de dollars, selon le Groupe Rhodium - serait exorbitant pas seulement pour Taïwan mais aussi pour Pékin.
Assaut amphibie
Si le président chinois Xi Jinping tient sa promesse d’unification, alors les Chinois « devront occuper Taïwan. Et pour occuper Taïwan, ils doivent mener une campagne amphibie », estime M. Ou. Mais les assauts amphibies sont complexes et le relief de Taïwan, couplé à des conditions de mousson difficiles, est dissuasif.
Certains points vulnérables de l’île - comme les « plages rouges » - demeurent plus propices à un débarquement militaire à grande échelle. L’une des plages les plus proches de la capitale Taïpei est au nord, à Taoyuan, où se trouve l’aéroport international le plus important. « Si l’APL occupe l’aéroport, ils peuvent l’utiliser pour transporter leurs troupes, leurs munitions, leur nourriture », prévient l’expert.
Cependant, pour Amanda Hsiao, analyste chinoise de l’ICG, la probabilité d’un assaut amphibie chinois sur Taïwan est « faible à court terme car les chances que Pékin échoue ne sont pas insignifiantes ».
Invasion de Taïwan : alors que « l'étau chinois se resserre », quels scénarios possibles ? - Sud Ouest
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