Personne ne s’attendait vraiment à ce que le nom de Gabriel Attal ne sorte du chapeau pour le poste de Premier Ministre. Certes, son profil circulait dans le petit cénacle politique, car chacun savait que le critère de loyauté au Président, serait primordial à l’heure du choix. Mais à chaque fois, la question de son âge revenait. « Vous savez, il est encore jeune, il a le temps », me confiait il y a encore quelques jours un ministre important.
Lui-même ou plutôt son entourage, déniait vigoureusement être intéressé par le job, tant la mission qui lui avait été confiée par Emmanuel Macron pour redresser l’Éducation Nationale, semblait l’absorber tout entier. Et c’est vrai qu’il avait pris ses dossiers à bras le corps, secouant vigoureusement l’institution encalminée depuis tant d’années.
A 34 ans, Gabriel Attal a le don de dire les choses clairement
Interdiction de l’abaya, c’était impossible ? Il l’a fait en quelques jours malgré les cassandres qui lui prédisait des grèves voire des manifestations violentes. Respect strict de la laïcité ? les profs en rêvaient pour être enfin soutenus, il l’a fait.
Fermeté face au harcèlement scolaire ? C’est lui qui prononcera cette phrase limpide que tant de parents et d’élèves attendaient : c’est au « harceleur » de quitter l’établissement scolaire et pas au « harcelé ».
Choc des savoirs ? A l’heure ou la France s’effondre dans les tréfonds du classement PISA, il décrète la mobilisation générale pour élever le niveau de notre école.
Uniforme à l’école ? Cette idée de la droite, portée aussi en son temps par Ségolène Royal -il vient aussi du Parti Socialiste- il la remet au goût du jour et en ce mois de janvier 2024, de nombreux établissements volontaires vont la tester de façon expérimentale.
A 34 ans, Gabriel Attal a le don de dire les choses clairement et de porter des idées simples tout en les mettant en œuvre, c’est beaucoup au regard de la coupable inaction de son prédécesseur rue de Grenelle.
La « vieille garde » n’a pas dit son dernier mot
L’âge donc, est-ce réellement un problème ? A l’heure où Jordan Bardella, 28 ans, président du RN explose dans tous les sondages de popularité des personnalités politiques, force est de constater que le critère de la jeunesse ne tient plus, face à la vague de défiance venue des électeurs. L’expérience est devenue un signe de compromission aux yeux des Français.
Cette nomination est-elle réellement le symbole du renouvellement de la classe politique, mouvement enclenché par le président Macron lui-même, dès 2017 ? Difficile de le prédire car la « vieille garde » n’a pas dit son dernier mot, je pense aux quadragénaires, ou quinquagénaires comme Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, ou encore Edouard Philippe qui fourbissent leurs armes en vue de la présidentielle de 2027 et qui ne vont pas se laisser ringardiser sans rien faire.
L’urgence est à l’action
Notre histoire politique est régulièrement parcourue d’engrenages, de mouvements de fond et nous verrons si l’impulsion de la jeunesse est un voyage sans retour pour une classe politique qui semble avoir usé de toutes les ficelles de la démagogie.
L’urgence est à l’action, au redressement du pays qui se débat avec les problèmes de pouvoir d’achat, mais aussi d’insécurité et d’immigration comme le montrait cette semaine encore, un sondage Opinionway. Alors certes, « la valeur n’attend point le nombre des années » comme le dit Rodrigue dans le Cid, mais il va désormais falloir à Gabriel Attal, en apporter des preuves tangibles aux français, sous peine d’être broyé par la machine infernale de Matignon.
Gabriel Attal : jeune et alors ? - Paris Match
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