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Saturday, December 17, 2022

Réchauffement climatique : les glaciers disparaissent dans les Pyrénées, et alors ? - Midi Libre

La haute montagne n’est pas épargnée par le réchauffement climatique, loin de là. Fin novembre, deux glaciers des Pyrénées françaises ont à leur tour été déclarés morts. Quelles conséquences sur la biodiversité et les paysages ?

"Les glaciers bougent, se transforment, glissent. Il y a leur front et leur langue. Bref ils ont un caractère, qui les rend presque vivants. Or je les vois souffrir et mourir, et forcément, cela ne me laisse pas indifférent. D’autant que l’on sait maintenant que nous, les hommes, sommes responsables de cela". Le glaciologue Pierre René, président de l’association Moraine basée à Luchon (Haute-Garonne), est amer.

Lui qui ausculte depuis vingt ans les géants de glace des Pyrénées françaises dresse un terrible constat : après "une année 2022 de fonte record", les glaciers de Boum et du Portillon ont été déclarés morts fin novembre. Le glacier d’Ossoue, le plus haut des Pyrénées, a quant à lui perdu cette année plus du double de son épaisseur par rapport à la fonte moyenne mesurée depuis vingt ans.

"Un glacier disparaît chaque année dans les Pyrénées" 

"Au milieu du XIXème siècle, on recensait une centaine de glaciers sur toute la chaîne pyrénéenne. En 2000, 44. Et aujourd’hui, ils ne sont plus que 23. En réalité, un glacier disparaît désormais chaque année en moyenne dans les Pyrénées" explique-t-il. Selon lui, ce ne sont pas tant les hivers, marqués par un enneigement global stable, que les étés, de plus en plus longs et chauds, qui fragilisent ces mers de glace situées à environ 3000 mètres d’altitude.

Leur agonie a des conséquences sur leur environnement. Le parc national des Pyrénées abrite 80 espèces végétales et 44 espèces animales endémiques : desman des Pyrénées, isard, calotriton des Pyrénées, lézard de Bonnal, androsace cylindrique… Sans surprise, les aléas climatiques constituent une réelle menace pour elles. Y compris pour celles qui habitent "au dernier étage de la montagne", comme l’appelle Pierre René.

"Les glaciers sont créateurs d’un biotope particulier. Les micro-organismes terrestres qui y vivent, comme l’algue des neiges ou la puce des glaciers, sont voués à disparaître en même temps que leur milieu de vie".

Or ils sont à la base de la chaîne alimentaire, et leur disparition participe du déséquilibre.

A lire aussi : Le glacier de l'Apocalypse "ne tient qu'à un fil", l'alerte des chercheurs sur l'imminente catastrophe à venir

"Certaines espèces endémiques aquatiques, qui vivent dans les rivières froides des Pyrénées, sont également menacées par le réchauffement climatique" nous précise Sophie Cauvy-Fraunié, écologue à l’INRAE.

La biodiversité en haute-montagne est aussi menacée par une sorte de crise du logement. Des études ont montré que quand la température augmente de 1 °C, les espèces doivent grimper de 160 mètres en altitude afin de retrouver des conditions de vie optimales. L’Observatoire pyrénéen des effets du changement climatique a ainsi observé une remontée des espèces végétales de 3 mètres par an entre 1971 et 1993 et de plus de 64 mètres pour les espèces forestières.

Mais là-haut, c’est l’embouteillage entre les nouveaux arrivants et les espèces installées de longue date, sur un espace a fortiori limité, entraînant une concurrence fatale pour certaines espèces. Et pour celles qui s’épanouissent à flanc de montagne, au-delà des sommets, il n’y a plus guère que le ciel. "La Perdrix des neiges, par exemple, est acculée vers les cimes" précise le glaciologue.

"La transformation du paysage est irréversible"

Si le réchauffement climatique dans les Pyrénées déstabilise la nature, il impacte aussi l’homme. La question de la ressource en eau ne se pose pas du fait de la taille minime des glaciers pyrénéens, contrairement aux problèmes d'apport d'eau occasionnés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes par la disparition des glaciers dans les Alpes.

Mais les conséquences sur le tourisme et les paysages sont nombreuses. Ainsi Serge Planton, climatologue, contributeur aux rapports du GIEC, nous confiait-il récemment que "l’hiver, les Pyrénées pourraient souffrir d’une baisse de la hauteur moyenne de neige de l’ordre de 30 à 40% à l’horizon 2030 et de 90% à la fin du siècle avec le pire des scénarios, avec des années sans neige en moyenne montagne".

Et le visage même de nos massifs est altéré. "Les glaciers blancs habillaient nos montagnes, on le voit sur d’anciens clichés en noir et blanc, souligne Pierre René. Aujourd’hui, le paysage est complètement minéral. Sa transformation est irréversible".

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