Rechercher dans ce blog

Wednesday, December 21, 2022

Peut-on négocier avec l'Iran alors que les manifestants se font tuer ? - France Inter

La question traverse les conflits comme les crises internes : faut-il parler à des dirigeants qui ont commis crimes de guerre ou répression sanglante ? On a beaucoup débattu de cette question à propos de Vladimir Poutine depuis l’invasion de l’Ukraine ; elle se pose désormais avec acuité sur l’Iran.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a rencontré hier le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian. Sur son compte Twitter, Borrell parle d’une « rencontre nécessaire ».

Publicité

Le ministre iranien se trouvait à Amman pour participer à un Sommet régional co-organisé par la France, avec la participation d’Emmanuel Macron. Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, a d’ailleurs confirmé qu’elle avait « parlé brièvement dans la salle » avec son homologue iranien, pour lui demander de respecter « les droits civils et politiques » en Iran, et de libérer les sept ressortissants français emprisonnés.

Ce dialogue, même limité, est-il utile, ou même légitime, alors que la répression en Iran a fait plus de 500 morts, dont deux manifestants exécutés et que dix autres attendent de subir le même sort ?

Les arguments en faveur du dialogue ? La réponse diplomatique classique est qu’il faut parler à tout le monde si on veut résoudre les problèmes. Mais n’y a-t-il pas des situations où discuter ne fait que prolonger l’illusion du mouvement, alors qu’on est dans l’impasse ?

Une déclaration de Joe Biden, filmée début novembre, alors qu’il était en campagne pour les élections de mi-mandat, a fait surface hier, et illustre ce dilemme. Une Iranienne-américaine l’implore de ne plus négocier l’accord nucléaire avec l’Iran. Réponse de Joe Biden : « l’accord est mort, mais nous n’allons pas l’annoncer ».

C’est la première fois que le Président américain reconnait que cet accord, conclu en 2015 par Barack Obama, et dont Donald Trump avait retiré les États-Unis en 2018, était « mort ». Biden avait fait de sa relance l’un des objectifs de sa diplomatie, et des négociations intenses ont eu lieu à Vienne pendant des mois.

Les conséquences de cette déclaration sont doubles : d’abord, elle vient contredire Josep Borrell qui parlait hier de la nécessité de « garder la communication ouverte et de rétablir l’accord sur la base des négociations de Vienne ». Pourquoi faire vivre une illusion qui permet à l’Iran de gagner du temps, pendant que les centrifugeuses de son programme nucléaire tournent à plein régime.

La seconde conséquence, c’est que Joe Biden reconnait implicitement qu’on ne pourra plus empêcher l’Iran de produire une arme nucléaire s’il le décide. Il s’approche sans doute du seuil décisif, ce qui ne signifie pas qu’il passera immédiatement à l’acte. S’il le faisait, il est probable que ses voisins de la région réagiraient avec force.

Alors de quoi peut-on aujourd’hui parler avec l’Iran, si le nucléaire est « mort », si les moyens de pression pour faire cesser la répression des manifestants sont quasi-inexistants, et si l’Iran continue de fournir des armes à la Russie pour détruire l’Ukraine ? La question devient philosophique plus que politique : le vertige de l’absence de dialogue fait peur.

Adblock test (Why?)


Peut-on négocier avec l'Iran alors que les manifestants se font tuer ? - France Inter
Read More

No comments:

Post a Comment

« La France saborde son industrie plastique, alors que l'Europe ne nous demande rien ! » - Le Journal du dimanche

Le JDD. Sommes-nous en train de détruire l’industrie française du plastique ? Joseph Tayefeh. Nous mettons en place des mesures qu’aucun ...