Une Ardéchoise atteint de trisomie 21 lance son activité de massage sur Annonay et alentours. Un pari audacieux pour elle, autant que pour l'ensemble du tissu social, à l'intérieur duquel elle devra s'intégrer, et être intégrée.
Déborah Mesquita est née et réside à Annonay. C'est une jeune femme de 28 ans, blonde et pétillante, qui a la vie devant elle et compte bien ne pas lui tourner le dos. D'ailleurs, l'Ardéchoise lance son activité de massage sur le bassin nord ardéchois. Un pari risqué, un défi. Ah oui, détail important : Déborah est trisomique.
Acronymes et compagnie
La vie d'une personne atteinte de handicap est une longue suite d'acronymes. Vous êtes prêts ? C'est parti : enfant, Déborah commence par intégrer une Classe pour l'inclusion scolaire (Clis), puis se retrouve en Unités pédagogiques d'intégration (Upi) au collège la Lombardière d'Annonay. Elle est ensuite orientée en Unité localisée pour l'inclusion scolaire pro (Ulis) au lycée Montgolfier, où elle prépare un CAP pour devenir agent de propreté. Mais elle n'y restera qu'une année, "j'ai été débordée par les devoirs, la charge de travail", puis se résout à changer d'orientation pour l'Institut médico éducatif (IME) de Saint-Maurice-l'Exil, avant de logiquement arriver à l'ultime acronyme de son parcours : l'Établissement et service d'aide par le travail (Esat) de Roiffieux, qu'elle intègre en 2017 pour travailler en blanchisserie. Et là, elle est censée rester jusqu'à la retraite.
Deux fois mise à l'écart
Mais si l'institution lui a trouvé une place, ça n'est pas la sienne. En cet Esat, Déborah ne se plaît pas. "J'étais avec des gens handicapés, qui avaient des difficultés comme moi ou encore plus graves." Pire, elle s'y consume. "Je partais le matin avec la boule au ventre, rentrais le soir avec la boule au ventre, il y avait trop de conflits, je faisais des crises d'angoisse." Bien sûr, son handicap n'arrange rien. "Déborah prend tout très à cœur, explique Martine, sa maman, la trisomie altère la gestion des émotions." Trisomie ou pas, Déborah est malheureuse. Tout simplement. Malheureuse dans son travail, dans son quotidien, dans sa vie. À l'intérieur de ce centre dédié aux personnes handicapées, la jeune femme souffrait deux fois plus de son handicap. Tout autour d'elle la renvoyait à sa propre image, elle étouffait, se sentait doublement mise à l'écart. La première fois par sa trisomie, la seconde par le monde professionnel ou plus largement une société qui, ne sachant que faire d'elle, l'avait mise de côté. C'est alors que le destin s'en mêle.
Le déclic
À l'occasion d'un anniversaire, en 2017, les parents de Déborah lui offrent une journée de découverte en massage californien sur Lyon. "J'y suis allée avec ma maman, et j'ai eu comme un déclic." Masser, c'est faire du bien. Et Déborah aime ça, faire du bien aux gens. Cette pratique se révèle soudain comme une passerelle vers l'autre, une pratique qui de surcroît peut devenir une activité professionnelle, et donc un avenir. Un avenir bien à elle, dont elle se serait ouvert les portes. Alors, la petite lumière de la reconversion s'allume dans l'esprit de Déborah, et c'est à ce moment que le destin pointe le bout de son nez. "Une personne rencontrée lors de la journée découverte sur Lyon, raconte Martine, proposait elle-même des formations, mais sur Peaugres !" Et Peaugres, c'est à deux pas d'Annonay. Aussi, tout devient beaucoup plus facile. Une véritable formation est envisageable. Déborah prend alors sur ses congés pour se former au massage californien et au massage ama assis, et obtient son diplôme. Puis, "j'ai sauté dans le vide, j'ai démissionné." Elle quitte l'Esat, et créée son auto-entreprise en octobre 2022.
Déborah est donc au tout début de son aventure. Avec ses massages, elle propose de faire entrer une dose de bien-être dans les entreprises qui souhaiteront faire appel à ses services. Elle peut se rendre n'importe où sur le bassin annonéen, avec son matériel, pour une prestation d'environ quinze minutes. Détente et relaxation assurées. Ah oui, détail important : Déborah est trisomique. Et alors !
Pour contacter Déborah :
06 04 52 94 21
deborah@amma-pause.fr
Annonay - Trisomique, et alors ! - L'hebdo de l'Ardèche
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