Quand le chiffre est apparu sur les écrans géants du stade Al-Janoub, mardi 22 novembre, les journalistes ont froncé les sourcils en tribune de presse. D'après l'affichage, 40 875 spectateurs étaient présents pour assister à l'entrée en lice de la France, championne du monde en titre, face à l'Australie. L'affluence annoncée par les organisateurs de la Coupe du monde laisse perplexe pour deux raisons. D'abord, parce que la capacité affichée de l'enceinte où la rencontre s'est jouée n'est que de 40 000 places, d'après le guide officiel que la Fifa a envoyé aux médias (PDF en anglais). Ensuite, car il suffisait de jeter un coup d'œil ici ou là pour voir des dizaines de sièges vides.
Quelques heures plus tôt, déjà, l'annonce du speaker de la rencontre entre l'Argentine et l'Arabie saoudite avait fait tiquer. Il s'époumonait au micro, en annonçant qu'un record venait d'être battu avec 88 012 personnes assises dans les travées du stade de Lusail. Problème, une fois encore : la capacité officielle de l'enceinte est inférieure, avec 80 000 places. Et là aussi, les gradins sont par endroits clairsemés.
Le constat s'est avéré similaire lundi pour l'affiche Sénégal-Pays-Bas. Le match s'est officiellement disputé devant 41 721 spectateurs dans le stade Al-Thumama, alors que la capacité annoncée est de 40 000 places. La Fédération internationale de football (Fifa) serait-elle fâchée avec les mathématiques ?
Pour expliquer ces écarts, la Fifa rappelle que le chiffre présenté correspond au nombre de billets vendus et non au nombre de spectateurs finalement venus assister au match dans le stade. Par conséquent, même le détenteur d'un billet ne se présente pas le jour J sera comptabilisé parmi le public présent.
La Fifa ajoute que les huit stades du Mondial peuvent tout à fait augmenter leur capacité de plusieurs centaines de places, en se mettant en configuration "événement". Il n'empêche, l'impression de décalage persiste, surtout quand nombre de spectateurs désertent leur place après l'heure de jeu, comme franceinfo a pu le constater dimanche, lors du match d'ouverture du Mondial entre le Qatar, pays hôte, et l'Equateur.
Pour autant, ces questionnements semblent faire réagir les organisateurs. Faut-il y voir un lien avec la polémique naissante ? Sur le site officiel de la compétition, les fiches techniques des enceintes de la compétition (en anglais), mardi, les stades qataris ont tous grossi en capacité. Sans le moindre coup de truelle, du jour au lendemain, le stade Al-Bayt, qui a accueilli le match d'ouverture, est ainsi passé de 60 000 à 68 895. Le stade de Lusail a lui gagné 9 000 places, en passant de 80 000 à 88 966.
Le quotidien britannique The Guardian (article en anglais) a sorti la calculette : dans l'ensemble, la capacité totale est passée de 380 000 à 426 221, soit une hausse de 12% environ. Selon le site britannique The Athletic (article en anglais pour les abonnés), les chiffres ronds précédents correspondaient à des seuils nécessaires pour accueillir les matchs (40 000 pour un match de la phase de poules, 60 000 pour une demi-finale, 80 000 pour la finale). Les chiffres révisés tiendraient compte des capacités réelles.
Reste que tout cela n'explique pas les nombreux sièges vides observés. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées : les détenteurs de billets qui ne se déplacent finalement pas, des fédérations qui n'ont pas réussi à écouler leur stock, des sponsors et des partenaires qui ont choisi au dernier moment de ne pas venir... Ce sont d'ailleurs les loges qui paraissaient les moins garnies, mardi soir, à l'occasion du premier match des Bleus.
Peu loquace sur le sujet, le patron de la Fifa, Gianni Infantino, a lui préféré se réjouir des 2,95 millions de billets vendus, soit la quasi-totalité de ceux mis en vente. Le Qatar a ainsi déjà écoulé plus de tickets que la Russie lors du Mondial-2018 (2,4 millions). Un "chiffre fantastique", applaudissait le patron du football mondial, dimanche, lors de la cérémonie d'ouverture.
Coupe du monde 2022 : pourquoi la Fifa annonce-t-elle des stades pleins, alors que des sièges restent vides ? - franceinfo
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