Une guerre de l’information est menée en Ukraine parallèlement à la guerre militaire, et « la vérité amère est la suivante : la désinformation a un effet », a averti le chancelier allemand Olaf Scholz alors qu’un prix annuel des médias a été décerné au peuple ukrainien.
S’exprimant lors du colloque M100 Sanssouci à Potsdam jeudi (15 septembre), M. Scholz a fait l’éloge des journalistes en Ukraine pour leur travail depuis l’invasion de la Russie en février.
« Quand aucune autre information ne peut être vue, des choses terribles deviennent possibles », a-t-il déclaré, ajoutant que les médias étaient essentiels « pour que ces terribles atrocités ne restent pas dans l’ombre ».
Le prix M100 pour les médias, décerné chaque année à une personnalité considérée comme renforçant la démocratie, la liberté d’expression et de la presse, et la compréhension européenne, a été attribué cette année au peuple ukrainien de manière collective, à la suite d’un atelier d’une semaine organisé à Berlin pour les jeunes journalistes.
Le prix a été reçu par le Dr. Wladimir Klitschko, l’ancien boxeur et entrepreneur qui, avec son frère Vitali, l’actuel maire de Kiev et lauréat du prix M100 en 2014, est devenu une voix éminente sur l’Ukraine et la guerre.
La guerre, qui a commencé le 24 février, s’est avérée mortelle pour des dizaines de travailleurs des médias en Ukraine et en a déplacé beaucoup d’autres. Le prix, a déclaré M. Scholz, « est un signe d’appréciation, d’admiration et d’encouragement pour les hommes et les femmes courageux » qui défendent le pays par leur travail de journaliste.
Il a également prévenu de la menace que représente la désinformation et la propagande en temps de guerre pour les travailleurs des médias et les sociétés en général. « Si les États vous disent ce qui est bien et mal, la vérité se perd », a-t-il déclaré. « Si les journalistes doivent avoir peur de mourir, la démocratie meurt ».
Ses commentaires s’étendent également à l’état de la liberté des médias en Russie, où la liberté de la presse a été considérablement restreinte depuis l’invasion.
L’introduction d’une nouvelle loi criminalisant l’utilisation de certains termes, dont celui de
« guerre », pour décrire la situation en Ukraine, avec des peines allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement, a entraîné un exode des journalistes du pays.
De nombreux derniers médias indépendants ont été contraints de fermer face au durcissement des restrictions, ce qui a conduit à un espace d’information fortement réduit.
« Nous soutenons ceux qui se dressent courageusement contre la guerre de Poutine » en Russie, a déclaré M. Scholz.
Amy Gutmann, ambassadrice des États-Unis en Allemagne, a fait écho aux propos du chancelier en saluant les journalistes qui risquent leur vie pour couvrir la guerre.
Leur travail est « essentiel pour contrer la campagne de désinformation de Poutine », a-t-elle déclaré, ajoutant que « l’étendue de la dévastation, le bilan de la guerre, est aussi nécessaire que douloureux pour nous de témoigner ».
Dans son discours d’acceptation, M. Klitschko a demandé la raison pour laquelle certains médias d’État russes étaient encore disponibles en Europe. En mars, l’UE a introduit des sanctions économiques à l’encontre de plusieurs médias soutenus par le Kremlin, dont diverses branches de Russia Today et Sputnik.
Les mesures ont été conçues pour interdire la diffusion de leur contenu au sein de l’UE et pour faire face à ce que les fonctionnaires de la Commission ont décrit comme le rôle « essentiel et instrumental » de ces médias dans la facilitation de l’agression russe.
Les chercheurs chargés de suivre leur efficacité ont toutefois constaté que RT et Sputnik avaient toutes les deux réussi à échapper aux sanctions et à rendre leur matériel disponible au sein de l’UE en utilisant des sites proxy et des plateformes alternatives.
En acceptant le prix au nom du peuple ukrainien, M. Klitschko a salué le travail des journalistes en Ukraine, décrivant les médias comme « l’une des armes les plus puissantes de ce monde moderne ».
Le journalisme de guerre est vital, déclare Olaf Scholz alors que l'Ukraine remporte le prix des médias - EURACTIV France
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