Ils sont ensemble depuis huit ans et la décision de Peggy est prise. Elle en a assez de cette relation toxique, assez d’être trompée, assez des violences. Pour ses fils de 6 et 8 ans, pour elle, Peggy Meunier a désormais la force de quitter Michel Lelièvre. Après avoir galéré avec des boulots précaires, la jeune femme de 37 ans se stabilise. Elle est professeure remplaçante dans des écoles privées à Bordeaux. Elle s’épanouit et prépare le concours pour devenir titulaire.
Ce 10 octobre 2012, Michel Lelièvre l’attend à la sortie des cours, à midi. Il veut « parler ». Ils se rendent chez elle, dans son échoppe de la rue Cazemajor, quartier Nansouty, à Bordeaux. Un temps, Peggy a tenté de vivre avec Michel Lelièvre, au Bouscat, après la naissance de leur fils, en 2006, mais la cohabitation a tourné court. Chacun a son chez-soi.
Assommée et étranglée
Vers 13 heures, des voisins entendent crier. Michel Lelièvre vient d’assommer Peggy avec une latte de lit. Alors qu’elle est à terre, il l’étrangle de toutes ses forces. « Je voulais la faire taire », déclarera-t-il plus tard.
À 14 h 21, des policiers découvrent Peggy inconsciente, allongée dans la cuisine. Michel Lelièvre a lui-même composé le « 17 », après avoir laissé, pendant plus d’un quart d’heure, sa compagne inanimée. Et après avoir téléphoné à un avocat.
Peggy Meunier est transportée dans un état désespéré au CHU de Bordeaux. « Elle était toute froide, violette », se souvient avec émotion Corinne, l’une de ses amies qui a accouru à l’hôpital en apprenant la nouvelle. À 650 kilomètres de là, en Normandie, où Peggy a grandi au milieu d’une famille aimante, ses parents Martine et Patrick sautent dans leur voiture. Ils arrivent à Bordeaux dans la nuit. Leur fille meurt dans leurs bras, 24 heures plus tard.
Libéré avant son procès
Ils viennent de perdre ce qu’ils ont de plus cher et se retrouvent catapultés dans un univers qui leur est inconnu, le monde judiciaire et policier. Quelques heures après la mort de leur enfant, un enquêteur ose leur dire que Michel Lelièvre est « un homme bien », qui « n’a pas voulu tuer leur fille ». « Je n’en croyais pas mes oreilles, se remémore Martine Meunier. Les femmes pouvaient mourir à bon compte en 2012. »
Mis en examen pour meurtre par conjoint et écroué, Michel Lelièvre, 40 ans, conseiller à Pôle emploi en invalidité, inconnu de la justice, parle d’une « dispute ». Deux ans après la mort de Peggy Meunier, il obtient sa remise en liberté, en attendant son procès.
Il s’ouvre le 16 octobre 2017, devant la cour d’assises de la Gironde. « La première journée fut horrible, se rappelle Laurent Vergé, ancien compagnon de Peggy et père de son premier enfant. Une dizaine de proches de l’accusé ont défilé à la barre pour le soutenir. Ce que je peux comprendre. Mais beaucoup ont sali Peggy et ça, c’est inadmissible. »
Déclaré coupable de meurtre aggravé à l’issue de trois jours de débat, Michel Lelièvre est condamné à seize ans de réclusion criminelle. Un an de plus que les réquisitions.
Féminicide : Peggy Meunier, tuée alors qu'elle voulait reprendre sa liberté - Sud Ouest
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