Adélaïde Chabannes de Balsac n’a que 17 ans quand, un jour de 2013, elle convainc Raphaël Faget-Zaoui de s’associer à elle après lui avoir chanté, à la guitare sèche, une reprise de Jimmy, ballade country folk du groupe Moriarty. S’échappant rapidement de la veine acoustique, le duo élargi en quatuor s’encanaillera entre groove et rock, sous le nom de Therapie Taxi.
Deux albums – Hit sale (2018), Cadavre exquis (2019) – et une poignée d’hymnes tanguant entre dérèglement des sens et amour trash (Salop(e), Coma idyllique, Hit sale, Avec ta zouz…) tourneront au petit phénomène générationnel, avant une séparation scellée par de triomphaux concerts d’adieux, à l’automne 2021.
Place, depuis, aux carrières en solo. « Raph », sous le patronyme de Zaoui, a sorti des singles (Mauvais, Laisse aller ton corps, C la base…), confirmant son goût de la fête borderline et des rythmes urbains. Adé revient, elle, aux sources américaines de ses débuts dans un premier album, Et alors ?, dont la vivacité pop est imprégnée de banjo, de mandoline, d’harmonica et de pedal steel. A une chanson près – Q (« Alors mêle-toi de ton cul, ouais ») –, la jeune femme d’aujourd’hui délaisse les mots crus qui pimentaient d’autant plus les morceaux de son ancien groupe qu’ils contrastaient avec ses allures de fille des beaux quartiers. « Je me suis beaucoup amusée à incarner ce côté provoc, mais la plupart des textes étaient écrits par “Raph” », explique la chanteuse.
Désir d’autonomie
Alors qu’elle jouait son rôle jusqu’au bout dans une tournée d’adieux débordante d’intensité, Adé avait déjà commencé à travailler sur des chansons qui lui ressembleraient. Conscient dès le départ de l’éphémère de sa formule (« cette énergie-là s’inscrivait trop dans la jeunesse et l’adolescence pour pouvoir durer »), le groupe avait acté sa séparation à l’aube de 2020. Prévus dans la foulée, leurs derniers concerts avaient dû être reportés pour cause de pandémie.
La solitude forcée du confinement a, entre-temps, encouragé le timbre boudeur de Therapie Taxi à peaufiner son identité de chanteuse. « De quoi avais-je vraiment envie ? Qu’est-ce qui me définissait ? » Pour répondre à ces questions, la Parisienne replonge dans ses souvenirs : « Gamine, j’écoutais sans cesse un single de Shania Twain, Come on Over [1997], sans savoir que c’était un hybride country pop. » Elle recoupe ses passions : « Comment concilier la modernité de Lorde et le classicisme de Joni Mitchell ? » Les algorithmes des plates-formes de streaming lui donnent quelques pistes. « En constituant mes playlists, je me suis vu proposer un morceau de Kacey Musgraves. Sa façon, dans l’album Golden Hour [2018], de mêler les racines de Nashville à la finesse d’une pop plus contemporaine a été une révélation », raconte Adé en citant le disque de cette chanteuse et guitariste texane.
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Avec « Et alors ? », Adé revient à ses premières amours folks - Le Monde
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