Dans leur communiqué final, les dirigeants du G7 ont réaffirmé leur « engagement inébranlable » envers l’Accord de Paris sur le climat. Toutefois, les promesses dans le secteur énergétique ne sont pas à la hauteur de la crise actuelle.
Les dirigeants du G7 manquent de conviction dans leur communiqué final, affaiblissant leur promesse de mettre fin au « soutien public direct au secteur international de l’énergie fossile non exploitée d’ici la fin 2022 ». Selon le communiqué, les circonstances d’un tel soutien sont limitées.
L’on peut supposer que l’une de ces circonstances limitées serait l’aggravation de la crise énergétique en Europe, qui continue de s’étendre à d’autres pays dans le monde. Alors que l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne sont actuellement engagés dans une course effrénée pour relancer des centrales électriques au charbon et au gaz naturel et pour s’assurer des approvisionnements en gaz naturel liquéfié importé pour remplacer leurs approvisionnements décroissants en provenance de Russie.
Le G7 a également souligné « l’urgence accrue » d’agir pour « réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’environ 43 % d’ici 2030. » Cependant, aucun détail n’indique comment un objectif aussi ambitieux pourrait être atteint, compte tenu de la dépendance de l’Europe à l’égard du charbon pour la production d’électricité et des niveaux records d’utilisation du charbon dans des pays comme la Chine et l’Inde. Pour autant, conformément à leur discours dominant sur la « transition énergétique », les dirigeants du G7 insistent sur le fait qu’il est « urgent » d’atteindre cet objectif, utilisant une répétition de ce mot plusieurs fois dans un seul paragraphe.
Les dirigeants du G7 exhortent ensuite les pays producteurs de pétrole à augmenter leurs niveaux de production dans le cadre d’un effort visant à accroître l’offre de manière adéquate afin de « réduire la tension sur les marchés de l’énergie. » Toutefois, le président français Emmanuel Macron a été filmé lundi en train d’informer le président américain Joe Biden que le dirigeant des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyan (MbZ), lui avait dit que ni les Émirats ni l’Arabie saoudite ne possédaient d’importants volumes de capacité pétrolière excédentaire qui pourraient être rapidement mis en service.
« J’ai eu MbZ au téléphone », a indiqué Emmanuel Macron à Joe Biden. « Il m’a dit deux choses. Je suis au maximum, au maximum [des capacités de production]. C’est ce qu’il affirme. Et puis il a dit que [les] Saoudiens peuvent augmenter de 150 [milliers de barils par jour]. Peut-être un peu plus, mais ils n’ont pas d’énormes capacités avant six mois », a déclaré le président français.
Si elle est exacte, celle nouvelle serait désolante, surtout si l’on tient compte du fait que le programme sur 180 jours du président américain visant à débloquer un million de barils de pétrole par jour de la réserve stratégique de pétrole des États-Unis prend fin le 30 septembre. Lorsque cela sera effectif, le marché mondial du brut, déjà sous-approvisionné, deviendra encore plus déficitaire.
Le communiqué final aborde ensuite le projet du G7 de mettre en place et d’appliquer un plafonnement des prix des exportations de pétrole en provenance de Russie. Après avoir réaffirmé leur engagement à réduire la dépendant à l’égard de l’énergie russe, les dirigeants du G7 ont indiqué travailler avec l’Union européenne sur une variété de solutions pour atteindre cet objectif.
« À cet égard, poursuit le document, nous nous félicitons de la décision de l’UE d’explorer avec ses partenaires internationaux les moyens de freiner la hausse des prix de l’énergie, notamment la possibilité d’introduire des plafonds temporaires sur les prix à l’importation, le cas échéant. Nous réduirons encore la dépendance à l’égard du nucléaire civil et des produits connexes en provenance de Russie, notamment en nous efforçant d’aider les pays qui cherchent à diversifier leurs approvisionnements. Nous chargeons nos ministres compétents d’évaluer d’urgence la faisabilité et l’efficacité de ces mesures. »
Un tel discours montre qu’aucun accord final sur le plafonnement des prix n’a été atteint, même parmi les membres du G7, mais que les discussions vont se poursuivre.
Évidemment, le problème c’est que ces discussions prendront du temps, ne serait-ce que pour les organiser, et encore plus pour régler les détails sur lesquels il faudra s’entendre. Le simple fait de parvenir à un accord final impliquant les seuls membres du G7 sur un plan aussi ambitieux risque de prendre des mois. Ensuite, il faudrait mettre en place une importante coalition pour obtenir la coopération de tous les pays qui transportent, raffinent ou importent du pétrole brut de Russie. Une telle coalition devrait nécessairement inclure l’Inde et la Chine, qui sont des partenaires commerciaux majeurs de la Russie.
Ce n’est qu’à cette condition qu’un tel plan pourra espérer contrôler efficacement le prix des volumes de pétrole provenant de Russie.
Il faut dire qu’aucun des plans et des négociations en cours détaillés dans ce communiqué final du G7 ne semble conçu pour avoir le moindre impact rapide sur les niveaux croissants de troubles sociaux et d’instabilité que les coûts élevés de l’énergie créent dans les pays du monde entier. L’Équateur en est à son onzième jour consécutif de manifestations contre la flambée des prix de l’essence. Le gouvernement du Sri Lanka est au bord de l’effondrement, car il n’est plus en mesure de payer ses importations d’énergie. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a récemment exprimé ses inquiétudes quant à la montée du « populisme » qui affecte son propre gouvernement alors que la crise énergétique du pays s’aggrave. Aux États-Unis, la cote de popularité de Joe Biden a gravement souffert de la hausse vertigineuse des prix de l’essence et d’autres produits énergétiques pendant sa présidence.
En résumé, le temps n’est pas un luxe pour certains des dirigeants du G7. Malgré cette réalité, le communiqué final du G7 semble se résumer à un exercice de remise en cause du problème énergétique.
Article traduit de Forbes US – Auteur : David Blackmon
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