Dans un paysage politique en plein bouleversement, chaque échéance électorale a tendance à produire un effet déformant. Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 10 avril, le match Macron-Le Pen focalisait l’attention. Au soir du premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin, l’affrontement Macron-Mélenchon domine : 276 duels opposent un candidat de la Nupes à celui de la majorité présidentielle, avec pour enjeu de limiter, dimanche 19 juin, la majorité présidentielle.
Réélu avec 58,55 % des suffrages exprimés le 24 avril, Emmanuel Macron est doublement menacé par le recul en voix d’Ensemble !, la confédération qui unit les partis de la majorité, et par l’offensive de celui qui cherche à devenir le seul adversaire qui compte.
En parvenant à réaliser à ses conditions l’union des gauches en amont du premier tour, en laissant croire qu’il pourrait s’imposer comme le premier ministre d’Emmanuel Macron, l’« insoumis » est de fait parvenu à redonner des couleurs à un camp qui semblait, il y a quelques mois encore, voué à une marginalisation durable. Le tour de magie, opéré par le troisième homme de la présidentielle, est incontestable.
Même s’il n’est pas parvenu à engranger un score suffisamment important pour prétendre tordre le bras au président de la République, l’ancien socialiste a, par une intime connaissance des rouages de la Ve République, fait plus que rééquilibrer à son profit la représentation du champ politique : à l’Assemblée nationale, la Nupes peut raisonnablement espérer devenir la première force d’opposition, très loin devant le Rassemblement national.
Au sein de l’alliance, LFI est assurée de devenir l’astre dominant, avec les écologistes comme satellites, ce qui signifie la fin proclamée de l’hégémonie socialiste. Avant même que s’ouvre la nouvelle législature, Jean-Luc Mélenchon a bel et bien conquis le titre de premier opposant qu’il disputait depuis cinq ans à Marine Le Pen.
Le résultat en voix de ce premier tour relativise cependant l’exploit : la seule force politique à bénéficier d’une dynamique électorale, d’un quinquennat à l’autre, est l’extrême droite. Avec 18,67 % des suffrages exprimés, selon le comptage du Monde, le Rassemblement national progresse de plus de 5 points par rapport à 2017, tandis que Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour, qui n’existait pas il y a cinq ans, frôle les 4,5 % des suffrages exprimés. On ne constate, en revanche, pas de poussée électorale de la Nupes, dont le résultat, proche de 26 %, équivaut au total de ce que pesaient en 2017 les partis politiques qui la composent mais dans une configuration et un rapport de force qui étaient alors très différents.
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