(BFM Bourse) - Les indices manufacturiers en Chine comme dans la zone euro attestent d'une nouvelle dégradation en avril en particulier sur la production, ajoutant un élément négatif au tableau déjà bien assombri pour l'économie mondiale. Le CAC 40 recule d'environ 1,5%.
N'en jetez plus. La morosité règne lundi en Bourse de Paris, dans un contexte toujours marqué par le resserrement des politiques monétaires face à l'inflation, le ralentissement de la croissance mondiale, le conflit en Ukraine et la persistance d'importantes flambées épidémiques en Chine. Vers 12h05, l'indice phare tricolore perd 1,45% à 6.438,93 points, dans un volume déjà étoffé proche de 1,2 milliard d'euros échangés.
Vendredi, le CAC 40 avait enregistré un rebond limité, ne changeant pas le sens de la performance hebdomadaire (une baisse de 0,72%). Après la clôtures des places européennes, la séance a viré à la correction pour les indices américains consécutivement à des résultats inférieurs aux attentes de la part de géants technologiques et à la publication d'un indice d'inflation PCE encore en accélération. L'indice Dow Jones a cédé 2,77%, le S&P 500 a flanché de 3,63% et le Nasdaq Composite a carrément plongé de 4,17% - des performances inédites depuis 2020.
Une déculottée qui clôturait un quadrimestre particulièrement défavorable aux actions. Le S&P 500 accuse en effet un repli de 13,3% depuis le début de l'année, soit tout simplement la plus forte baisse de son histoire sur cette période de quatre mois. Ou la troisième plus forte baisse, si on commence à compter à partir de la création du S&P 90 en 1928, ce prédécesseur du S&P 500 ayant en effet chuté de 16,8% lors des quatre premiers mois de 1939 et de 28,2% sur la même période de 1932. Pour le Nasdaq Composite -créé en 1971 avec la première Bourse électronique américaine- pas d'ambiguïté possible, c'est bien le plus mauvais début d'année jamais observé, soit -21% à fin avril. Curieusement, le vénérable Dow Jones s'en tire mieux, son repli n'atteignant même pas -10% sur quatre mois.
Une production sous pression
Si les marchés chinois (ainsi que la Bourse indienne ou celle de Londres) sont fermés ce lundi, "bank holiday", les nouvelles en provenance de Chine ont également inquiété, les indices PMI officiels chinois témoignant d'une aggravation de la contraction de l'activité dans le secteur manufacturier comme dans les services en avril, sur fond de sévères mises en quarantaine.
En Europe, la croissance a de nouveau ralenti dans le secteur manufacturier de la zone euro tandis que les prix de vente ont enregistré une hausse record, selon les indices PMI de S&P Global (qui a finalisé le rachat d'IHS Markit en début d'année). Pour le troisième mois d'affilée l’indice PMI Global pour l'industrie manufacturière de la zone euro s’est replié, de 56,5 en mars à 55,5 (un plus bas de quinze mois) le mois dernier.
Surtout, l'indice final de la production manufacturière a chuté à 50,7 (mars : 53,1), un plus bas de 22 mois et surtout très proche de la barre de 50 en deçà de laquelle la production se contracte. "L’activité des fabricants de la zone euro a quasiment stagné en avril, la production ayant enregistré sa plus faible expansion depuis juin 2020. Les entreprises interrogées ont non seulement signalé une aggravation des tensions d’approvisionnement, exacerbées par la guerre en Ukraine et les nouvelles restrictions sanitaires imposées en Chine, mais ont également souligné l’impact des hausses de prix et de la montée des incertitudes concernant les perspectives économiques sur le niveau de la demande", a mentionné Chris Williamson, qui ne voit pas les choses s'arranger de sitôt, au contraire.
"La tendance baissière de la production risque de s’accentuer. L’indice des perspectives d’activité continue en effet d’afficher un niveau nettement inférieur à sa moyenne de long terme tandis que le ralentissement de la croissance des nouvelles de commandes et le ratio carnets de commandes-stocks de produits finis suggèrent un recul de la production au cours des prochains mois", ajoute-t-il.
90% des titres dans le rouge
La semaine sera par ailleurs marquée par la réunion du comité de politique monétaire (le FOMC) de la banque centrale des Etats-Unis. Passe encore qu'on assiste mercredi à une hausse archi-téléphonée de 0,5 point des taux directeurs, mais les opérateurs craignent d'assister à l'annonce d'une hausse en juin au moins égale à celle-ci. Sinon supérieure, certains observateurs attendant désormais un durcissement supplémentaire de +0,75 point le 15 juin, ce qui serait du jamais-vu depuis 1994.
Aucune actualité notable ne vient par ailleurs animer la cote parisienne, où seule une poignée de valeurs défensives comme Carrefour (+1,5%) ou plus marginalement Orange (+0,15%) parviennent à rester à flots. Plus de 90% des titres de l'indice vedette évoluent dans le rouge, sans vraie distinction sectorielle : STMicro subit la plus forte baisse à -3,3%, suivie de Schneider et Veolia (-2,6%), Société Générale (-2,5%) et Eurofins (-2,4%).
La perspective d'une moindre demande d'énergie plombe les cours pétroliers, le Brent refluant de 2,74% à 104,20 dollars (-3% à 101,53 dollars pour le WTI).
Sur le marché des changes l'euro recule mais tente de préserver le seuil de 1,05 dollar à 1,053 (-0,25%).
Guillaume Bayre - ©2022 BFM Bourse
Cac 40 : Alors que la croissance mondiale ralentit et l'inflation se renforce, la Bourse de Paris se replie - BFM Bourse
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