ENVIRONNEMENT - “Quant aux chasseurs, je précise que je ne le suis pas moi-même. Mais ils sont des acteurs importants de la ruralité et de la protection de la biodiversité. [...] Il faut concilier les usages. On a besoin de nos chasseurs.” C’est ce qu’a répondu Emmanuel Macron à une lectrice du Parisien qui accusait le président candidat de ne pas être sensible à la cause animale et d’être “l’ami des chasseurs”.
Le fait est que le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a déclaré qu’il voterait Emmanuel Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle. Il faut dire que le candidat centriste a régulièrement soutenu les chasseurs, car sans eux, “bonjour les sangliers”, précisait-il le 31 mars lors d’un déplacement en Charente-Maritime. “On a besoin des chasseurs pour réguler”.
Dans les faits, Emmanuel Macron n’a pas tort. Il est vrai que les sangliers, comme les cerfs et les chevreuils, occasionnent des dégâts à nos forêts. Et que la chasse est aujourd’hui le seul moyen de réguler leur population. Mais s’arrêter à ce constat pour faire des chasseurs les “premiers écologistes de France”, comme le fait la Fédération nationale des chasseurs, n’a pas vraiment de sens scientifiquement.
Une chasse durable, respectueuse, voire protectrice de l’environnement est clairement possible. Mais nous en sommes encore loin, notamment en France, comme vous pouvez le découvrir dans l’épisode ci-dessous du podcast environnement du HuffPost, L’enver(t) du décor.
Lors de son déplacement en Charente-Maritime, le président expliquait qu’il voulait des “règles du jeu” pour une “gestion adaptative des espèces, afin que quand il commence à manquer d’animaux d’une espèce, en négociation avec les chasseurs”, la chasse de l’espèce menacée soit suspendue.
En théorie, une bonne idée... qui a pourtant mal tourné dans le quinquennat d’Emmanuel Macron. Comme nous l’expliquons dans cet épisode de L’enver(t) du décor, le comité d’expert mis en place en 2019 par Emmanuel Macron pour développer ce format de “chasse adaptative” fonctionne très mal. Il devait au départ se baser sur des fondements scientifiques, mais il y a finalement autant de chasseurs que de scientifiques dans ce comité.
Pire, quand les chercheurs ont proposé de suspendre la chasse de certaines espèces, tout est allé de travers. L’exemple le plus parlant est celui du courlis cendré, un petit oiseau côtier classé vulnérable. Le comité de gestion adaptative a donc proposé de suspendre la chasse de cet animal.
Les six chasseurs membres du comité ont boycotté l’avis et conseillé en parallèle d’autoriser le prélèvement de 5500 oiseaux. Le gouvernement a choisi d’autoriser la chasse de 6000 d’entre eux. Un arrêté qui a finalement été suspendu par le Conseil d’État.
À voir également sur Le HuffPost: ces chasseurs ont trouvé pour qui voter à la présidentielle 2022
Pour Macron, les chasseurs "protègent la biodiversité", alors qu'en réalité... - Le HuffPost
Read More
No comments:
Post a Comment