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Saturday, April 9, 2022

Huiles, farines, pâtes : doit-on craindre une pénurie alors que certains rayons se vident ? - actu.fr

Des rayons vides d'un supermarché où manque l'huile végétale de tournesol, le 5 avril 2022 à Paris.
Des rayons vides d’un supermarché où manque l’huile végétale de tournesol, le 5 avril 2022 à Paris. (©AFP/THOMAS COEX)

Conséquence de la guerre en Ukraine, les rayons d’huiles, de farines ou de pâtes dans les magasins sont soumis depuis quelques semaines à davantage de tensions d’approvisionnement, en raison notamment d’achats de précaution des consommateurs, mais les professionnels sont rassurants sur les stocks à court terme.

Le panéliste de référence sur les ventes en grandes surfaces, NielsenIQ, explique à l’AFP avoir observé une augmentation des problèmes de disponibilité de certains produits en rayon.

Du 21 février au 27 mars, les huiles, la farine et les pâtes ont vu « leurs nombres d’incidents de rupture en grande distribution », hors les discounters Lidl ou Aldi, « croître de manière plus ou moins significative », respectivement de 37% pour les huiles, de 26% pour la farine et de 21% pour les pâtes alimentaires, dit à l’AFP Nicolas Léger, directeur analytique chez NielsenIQ.

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« Pas de pénurie »

Plusieurs représentants du secteur de la grande distribution ont martelé ces derniers jours qu‘il n’y avait aucun risque de pénurie sur l’ensemble des produits commercialisés.

« En France, aujourd’hui, il n’y a pas de pénurie pour la consommation courante et il n’y en aura pas jusqu’à l’été », a déclaré dimanche 3 avril 2022 sur BFMTV le président du comité stratégique E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc. « Des pâtes, il y en a. Pour l’huile de tournesol, nos stocks vont jusqu’à juin. »

« Sur l’huile de tournesol, il y a un peu d’achats de précaution, mais on n’est pas en pénurie complète de l’approvisionnement », a aussi déclaré mardi 5 avril le patron de Système U, Dominique Schelcher, au micro de Radio Classique

Les gens font des stocks et c'est ce qui peut vider les rayons actuellement, mais il y aura de nouveau de la marchandise. Pas forcément toutes les marques, mais il y aura des produits, pas de panique.

Dominique SchelcherPDG de Système U

« Pas de risque de pénurie » non plus, constate-t-on aussi au sein des magasins du groupe Carrefour, qui assure de ne pas observer, de leur côté, de ruée dans les rayons de la part de leurs clients.

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Apprendre à limiter ses achats

C’est tout un paradoxe, la peur de la pénurie provoque des pénuries temporaires, alimentant alors encore plus la crainte d’une pénurie.

Actuellement, les rayons vides s’expliquent ainsi par la tension sur l’approvisionnement créée par ces achats de précaution et un phénomène de stockage « plus important qu’à l’habitude », selon Nicolas Léger de NielsenIQ. Un phénomène également observé lors des premiers mois de l’épidémie de Covid-19.

Lors du premier confinement, les clients s'étaient jetés sur le papier toilette alors qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter.
Lors du premier confinement, les clients s’étaient jetés sur le papier toilette alors qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. (©Timothée l’Angevin/Actu Rennes)

« On dit et répète de ne pas s’inquiéter, qu’il n’y a pas de pénurie, mais le fait d’en parler attire l’attention de certains consommateurs, qui au lieu d’acheter un litre d’huile vont en acheter trois », poursuit auprès de l’AFP Thierry Desouches, porte-parole de Système U.

« Or, la chaîne d’approvisionnement est dimensionnée pour un certain volume, et si ce dernier est démultiplié, il peut y avoir ce genre de rupture » alors qu’il n’y a pas de problème de stock.

C’est aussi ce que disait Michel-Edouard Leclerc, dimanche, en estimant ne pas anticiper « de pénurie importante sauf à ce que les consommateurs ne la déclenchent eux-mêmes en surstockant ».

Chez Lidl par contre, des affichettes installées en magasin recommandent de limiter les achats, notamment en huile, pour « éviter les phénomènes de ruées que nous avons connus sur ces produits lors du premier confinement », a récemment indiqué l’enseigne à notre rédaction Actu Toulouse. « C’est un message préventif qui n’a pas de caractère obligatoire », ajoute l’enseigne, tout en précisant qu’ « il n’y a pas de pénurie à date ».

À l'entrée du supermarché Lidl de Balma, près de Toulouse, une affiche incite les clients à limiter leurs achats d'huile
À l’entrée du supermarché Lidl de Balma, près de Toulouse, une affiche incite les clients à limiter leurs achats d’huile (©PS/Actu Toulouse)

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Inquiétudes dans les friteries et restaurants 

Les professionnels de la restauration, eux, sont plus inquiets. Car avant de servir l'accompagnement incontournable, il faut cuire les frites, dans l'huile. Et là où la grande distribution se veut rassurante grâce à ses stocks, les restaurateurs sont plus dépendants des flux d'approvisionnement. Interrogés par notre rédaction Le Presse de La Manche, certains professionnels décrivent déjà, à leur niveau, des situations de rationnement faute d'approvisionnement suffisant. Une situation qui conduit à une flambée des prix.
« De 1,12 euro, on est passé à 2,56 euros le litre », indique auprès de notre rédaction Marie Legros, cogérante d'une friterie, aux Pieux, près de Cherbourg. Soit environ « 500 euros de plus par mois », calcule-t-elle. Une hausse qui risque d'être répercutée auprès des clients.

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Cocktail d’incertitudes

« Le contexte actuel crée de l’incertitude au sein des foyers français », qui ont successivement subi « période inédite de coronavirus, reprise mondiale sans précédent, tensions sur les matières premières, inflation et conflit en plein cœur de l’Europe », synthétise NielsenIQ. « Nous lisons ainsi une transcription de ces tensions sur les achats en magasin. »

À l’inverse, l’augmentation du nombre de ruptures est plus modéré « sur certaines familles dîtes sensibles ou exposées, telles que le sucre (« 8%) ou le riz (« 5%) », précise Nicolas Léger.

Concernant l’huile de tournesol, utilisée dans de nombreux produits transformés, le problème de pénurie pourrait se poser après l’été, dans la mesure où l’Ukraine en est le premier exportateur mondial. 

« La guerre en Ukraine va potentiellement rajouter une couche à partir de l’été, si le conflit persiste », a ainsi estimé Michel-Edouard Leclerc, prévoyant d’ores et déjà des hausses des prix en rayon, entre « entre 0,5 et 15% dans tous les rayons ». En moyenne, « c’est +3,5% dans tous les magasins de France sur les 2-3 mois qui viennent ».

Des récoltes divisées par deux ?

Fin mars, le ministre ukrainien de l’Agriculture avait estimé que l’invasion russe risquait de diviser par deux la prochaine récolte de céréales.

Les Ukrainiens « vont semer partout où c’est possible » mais seulement « 50% à 75% des territoires » vont pouvoir être exploités, soulignait Mykola Solsky, qui indiquait en outre que nombre d’agriculteurs avaient « rejoint l’armée ou la défense territoriale », créant une pénurie de main d’œuvre.

Les semis ont bien commencé en Ukraine, mais si les volumes de tournesol ne sont pas au rendez-vous, « cela posera problème pour l’huile de tournesol et pour l’industrie agro-alimentaire », reconnaît Thierry Desouches. Même s’ils sèment, il faudra en outre sortir la marchandise d’un pays aujourd’hui coupé des routes commerciales.

Une incertitude qui pourrait accroître encore la tentation des achats de précaution.

Avec AFP

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