Ce samedi, à 17 heures, il y aura treize hommes et une femme sur le parquet de salle d’Albacete (Espagne). Mireia Rodriguez, 31 ans, est devenue ces dernières semaines une icône de la lutte pour l’égalité homme-femme de l’autre côté des Pyrénées. Pour la première fois dans le handball espagnol, un championnat senior va accueillir une rencontre mixte. Le fruit d’un long combat pour cette ancienne sportive de haut niveau ayant joué au 2e plus haut niveau national avant de tomber enceinte. Certes, il s’agira d’une rencontre amateur du deuxième niveau régional de la province de Castilla-La Mancha, mais l’affaire n’est pas là.
L’été dernier, Mireia Rodríguez débarque dans cette région proche de Valence avec l’idée de reprendre son sport de cœur. Elle vient d’atterrir dans cette région car elle y suit son mari Ruben Martinez, un footballeur professionnel qui vient de signer avec le club de football d’Albacete, évoluant en troisième division (Primera RFEF). Faute de trouver des camarades de jeu de son sexe, elle toque à la porte de l’équipe masculine de la ville, le CB Albacete. Une formation relancée il y trois ans après plusieurs décennies d’absence et dont le budget ne permet en aucun cas de rémunérer ses joueurs. « Je leur ai demandé de m’entraîner avec eux. Et ils m’ont répondu : pourquoi pas ? » raconte-t-elle à la télévision espagnole.
Au départ, elle ne pense pouvoir participer qu’aux entraînements. Elle regarde même de très loin les gesticulations de la présidente Maria Lopez qui demande aux instances de l’intégrer aux compétitions. Mieux vaut s’éviter une telle déception, pense-t-elle.
Après deux mois de lobbying intense, et de relecture de tous les règlements sans jamais trouver aucune mention d’une quelconque interdiction, le club obtient gain de cause. La Fédération Castilla-La Mancha autorise Mireia Rodríguez à jouer avec les hommes, après avoir reçu l’accord tous les clubs de la catégorie.
Cela n’aurait pas été possible au niveau national
Le fait qu’elle concourt dans une catégorie régionale a été déterminant car cette situation aurait été impossible à l’échelon national, note le quotidien national El Pais. Reste un symbole fort. « Ils se sont battus pour ça et, finalement, ils m’ont laissée concourir. Je ne suis qu’un membre de plus du vestiaire. Peu importe que je sois un homme ou une femme, je suis compétitrice à mort. Alors pourquoi pas ? », a-t-elle lancé au journal El Mundo. La dirigeante María López se félicitant, elle, « qu’une barrière ait été surmontée » pour « valoriser l’inclusion des femmes dans tout type de catégorie ».
« L’important à ces niveaux est de pouvoir concilier sport et travail. Le ciel s’est ouvert pour moi cette fois-ci parce que je voyais qu’il n’y avait pas de filles pour mettre en place une équipe féminine », reprend la joueuse.
D’un point de vue purement sportif, une période d’adaptation a été nécessaire. Elle a modifié son jeu pour contrer son déficit physique (51 kg) et notamment à l’impact. « Chaque joueur doit exploiter ses compétences et j’essaie d’avoir cette pointe de vitesse pour ne pas me faire prendre et profiter de mes vertus pour pallier les défauts », a-t-elle raconté dans Publico.
Alors que ses partenaires louent « sa vitesse, sa technique et son agilité », celle qui jouait pivot chez les femmes s’est muée en arrière centrale ou ailière. Un repositionnement lui permettant d’éviter dans la mesure du possible les contacts les plus rudes. Premier test ce samedi 17 heures face aux hommes de Cabanillas.
Ce genre de rencontre mixte serait-elle possible en France ? « La porte est ouverte », nous confie la Fédération française de handball, qui n’a pas de texte clair à ce sujet. « Le sujet est déjà sur la table, car des travaux ont été engagés, notamment sur l’inclusion et l’intégration des personnes transgenres », ajoute-t-elle.
«Je suis compétitrice à mort, alors pourquoi pas ?» : Mireia Rodriguez, la handballeuse qui joue avec les hommes - Le Parisien
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