Pierre Bonard souffrait de troubles bipolaires, il s'était volontairement fait hospitaliser au centre Léon-Jean Grégory de Thuir, quand son état s'est soudainement aggravé. Il a quitté le lieu à pied en septembre 2019. Depuis, malgré des recherches intensives, il n'a jamais été retrouvé. Plus personne n'ose espérer qu'il soit encore en vie. Sa fille entame une procédure contre l'établissement pour défaut de surveillance.
Le chagrin rougit toujours les yeux de Corinne Bonard quand elle évoque la disparition de son père : "Je ne peux pas faire mon deuil". Le 21 septembre 2019, il a quitté l'établissement psychiatrique de Thuir sans laisser de traces, ou presque.
Il s'y était fait volontairement hospitaliser deux semaines plus tôt car il souffrait de troubles bipolaires et en était conscient.
"Le 12 septembre, j'ai reçu un appel du centre. On m'a expliqué que son état s'était dégradé, qu'il venait de déclencher une démence de type Alzheimer et qu'il fallait envisager au plus vite un placement en Ehpad. Je suis partie le voir. En effet, il tenait un discours décousu, parfois incohérent. Ce n'était plus le même homme. Les soignants m'ont narré qu'il se perdait dans le centre ou même dans les HLM voisines mais que je n'avais pas à m'inquiéter, ils s'en occuperaient jusqu’au moment ou j'aurai pu lui trouver une place en maison de retraite. C'était un mercredi. Le samedi, vers 21 h, on m'a avertie qu'il s'était enfui. Que la gendarmerie était prévenue et que les équipes étaient à sa recherche. On l'avait vu pour la dernière fois au goûter, vers 16 h 30, vêtu d'un bermuda et d'une veste, noirs."
Extrêmement angoissée, Corinne Bonard appelle le centre opérationnel de la gendarmerie. Personne ne semble au courant de la disparition. Sans doute le message envoyé à la brigade de Thuir est-il arrivé après la fermeture du poste.
L'heure de disparition et le signalement ne correspondent
pas aux renseignements donnés
Pourtant, le lundi le visionnage des vidéos de surveillance montre qu'il a quitté les lieux à 14 h 25. Il porte en fait un blue-jean.
Les médias diffusent alors l'avis de recherche et quelqu'un se manifeste. Il a aperçu Pierre Bonard aux environs de Terrats. Il a parlé avec lui. Il voulait se rendre chez sa fille, à Maureillas. Le témoin, lui-même soignant, se rend compte qu'il y a un problème. Il appelle le centre pour l'informer de ce qu'il vient de voir.
Ce témoin a été retrouvé par un détective engagé par la famille, Brice Bazia de l'agence In extremis :"Ce monsieur a revu Pierre Bonard passer devant chez lui un peu plus tard et prendre la direction de la rivière. Inquiet pour lui, il a pris la décision de le rejoindre. Il est monté dans sa voiture, a fait toutes les routes environnantes, mais il n'a pu le rattraper... L'homme était introuvable".
"On a tout tenté, reprend sa fille, en utilisant un drone même".
Désespérée, la famille du disparu décide alors d'entamer une procédure contre l'établissement.
"Oui, mon confrère Me Lida et moi-même avons adressé une plainte au tribunal administratif pour défaut de surveillance, confirme Me G. Deplanque. On ne met pas un patient dans un pavillon ouvert s'il souffre de démence. Nous estimons donc qu'il y a faute de l'hôpital."
L'hôpital a constitué Me Houdart pour répondre à la plainte.
La directrice générale du centre Léon-Jean Grégory, Fabienne Guichard, indique "partager la douleur de cette famille".
"Et bien entendu nous nous interrogeons sur ce qu'il s'est passé, mais on ne peut pas parler d'une défaillance de l'équipe, ce monsieur était en hospitalisation libre, donc libre d'aller et venir à sa guise. Je comprends à quel point il peut être difficile de revenir dans l'enceinte du centre pour la famille, mais je suis prête à les recevoir quand ils le désirent pour en parler. Ils cherchent des réponses et je le comprends parfaitement. Ne pas savoir est une chose terrible".
Il reste un tout dernier espoir, que le rappel de l'affaire fasse surgir un autre témoin...
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