On l’adopte immédiatement. Même si elle est hors norme, et qu’elle serait susceptible de faire un peu peur – ce qui n’est pas du tout le cas – aux tout-petits, à qui le film est destiné en priorité. Elle, c’est une femelle gorille, héroïne du long-métrage d’animation « Ma mère est un gorille (et alors ?) » signé de la jeune réalisatrice suédoise Linda Hambäck et très remarqué au dernier Festival du film d’animation d’Annecy où il était en compétition.
Le récit, adapté du roman pour enfants, publié en France avec succès depuis 2011 chez Bayard Jeunesse, débute dans un orphelinat d’un petit village de Suède, où l’espiègle Joanna, 8 ans, attend d’être adoptée. Un jour, débarque une dame gorille, responsable de la déchetterie locale, qui choisit la petite fille. Un peu effrayée au départ par cette maman d’un genre très particulier, Joanna va vite apprécier les attentions et la tendresse que lui porte l’animal, tout comme son esprit léger et farfelu.
Mais le maire du village, un réactionnaire qui souhaite raser l’orphelinat pour vendre son terrain à des promoteurs, voit dans cette situation peu courante l’occasion de parvenir à ses fins. Il va tout faire pour s’opposer à cette adoption. Joanna et sa maman gorille, désormais très liées, vont faire front…
Une animation en 2D charmante
Ce qui enchante au premier abord dans le film, c’est la manière dont la pureté du récit est illustrée par un graphisme tout en simplicité et en douceur. Une animation en 2D à l’ancienne, sans chichi, aussi charmante que limpide, parfaitement adaptée aux très jeunes spectateurs. Et puis, il y a ce message sur la tolérance et la différence, qui passe également tout en finesse.
Rencontrée à Paris, la réalisatrice, à l’origine en 2017 de l’épatant « Paddy la petite souris », a été personnellement touchée par cette histoire : « J’ai moi-même été adoptée, et j’aime ce récit qui souligne que n’importe qui peut devenir votre parent, à la seule condition qu’il vous aime et qu’il s’occupe bien de vous. C’est un très joli signe envoyé à tous ceux qui ont été adoptés, mais aussi aux enfants dont les parents sont séparés et qui se retrouvent dans une famille recomposée… »
Habituée à faire des films pour les tout petits spectateurs, Linda Hambäck jure pourtant qu’elle ne pense jamais à ceux qui vont les voir durant l’écriture et la production : « Je les fais pour moi, je suis ma première spectatrice. J’aime les histoires d’animaux, je m’en raconte tout le temps, surtout quand je fais du vélo ! »
Trois ans de travail
« Ma mère est un gorille (et alors) ? » a nécessité trois ans de travail, 300 personnes en tout (graphistes, animateurs…) pour un petit budget de 3,6 millions d’euros. Et ce, grâce à la volonté de la cinéaste de le réaliser en 2D, un choix artistique : « La 2D, c’est plus facile à comprendre pour moi comme pour les spectateurs. Et avec cette technique très directe et traditionnelle, on ne dépend pas de contraintes techniques… » avance Linda Hambäck.
Ce qui n’est pas pour autant synonyme de facilité : « Ce fut un long marathon créatif, j’ai porté le film comme un sac à dos durant trois ans ! » On se réjouit qu’elle soit parvenue au bout : Joanna et sa maman gorille sont au final les héroïnes du plus joli film d’animation pour les plus petits qu’on ait vu depuis longtemps, et qui bénéficie d’un bonus de taille : il est si enthousiasmant qu’il devrait également réjouir leurs parents…
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5
« Ma mère est un gorille (et alors ?) », film d’animation suédois de Linda Hambäck. 1h12. Dès 4 ans.
«Ma mère est un gorille (et alors ?)» : un joli dessin animé sur l’adoption et la différence - Le Parisien
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