Est-on sur le « bon chemin » pour retrouver une « vie normale » après presque un an et demi de crise sanitaire ? C’est en tout cas ce qu’affirmait, mardi, en marge d’un déplacement officiel, le Premier ministre. Problème : le même Jean Castex avait déclaré le 10 mai dernier peu ou prou la même chose. « Je le dis de la façon la plus claire : nous sommes enfin en train de sortir durablement de cette crise sanitaire », s’était-il réjoui… quelques semaines à peine avant la « vague » estivale. Dès lors l’optimisme est-il permis ?
Si l’on se fie aux chiffres, les voyants sont au vert. Après avoir bondi au mois de juillet, l’incidence diminue depuis la mi-août. En Ile-de-France, on compte désormais 167 nouveaux cas par semaine pour 100.000 habitants. En chute de près de 8 % en une semaine. Et tous les indicateurs, y compris hospitalier, prennent le même chemin : dans la région, les entrées à l’hôpital ont baissé de 12 %, celles en réanimation de 35 %. « Il y a une baisse notable mais on reste à un niveau de circulation virale relativement important chez les non-vaccinés et dans une moindre mesure chez ceux qui le sont également », nuance le directeur de l’Ecole des hautes études en santé publique, Laurent Chambaud. A la mi-juin, par exemple, dans le bassin parisien, le taux d’incidence était sept fois plus bas qu’à l’heure actuelle.
Delta et vaccination
Si la vaccination a fortement progressé tout au long de l’été – le nombre de Franciliens entièrement vacciné a presque doublé entre début juillet et fin août – la rentrée des classes pourrait-elle mettre un coup de frein à l’amélioration sanitaire ? Dans une note remise le 20 août au gouvernement, le conseil scientifique mettait en garde contre le risque de « circulation intense », notamment chez les moins de 12 ans, pour qui la vaccination n’est pas autorisée. « On parle beaucoup de la rentrée mais l’été aussi il y a beaucoup de brassage, on sort plus, on voit plus de gens, assure l’épidémiologiste Pascal Crépey. Si on se réfère à l’an dernier, on n’avait pas observé de remontée en flèche des cas après la rentrée. On était déjà sur une pente ascendante mais il n’y a pas eu d’accélération. »
Le variant Delta, désormais largement dominant et bien plus contagieux, notamment chez les plus jeunes, pourrait-il changer la donne ? Entre la rentrée de l’an dernier et celle de cette année, le taux d’incidence a presque été multiplié par trois (de 61 à 154) pour la tranche d’âge des 0-19 ans. Quant à la vaccination, si elle progresse à grand pas chez les adolescents – la moitié des jeunes Franciliens a reçu une dose, un tiers est entièrement vacciné –, elle reste en-deça de la moyenne générale. Un retard que les autorités sanitaires espèrent combler en organisant dès la rentrée des opérations de vaccination dans les collèges et lycées. Autre incertitude : l’impact de la saisonnalité. « Moi, j’aurai plus tendance à être inquiet par l’arrivée de l’automne que par la rentrée, assure Pascal Crépey. On sait que cette saison favorise les transmissions même si ce n’est pas l’unique facteur. »
Si sur ce point Laurent Chambaud est plus partagé, le chercheur estime « presque impossible » de prédire la situation dans les prochaines semaines. « Qu’il y ait une réaugmentation, c’est une éventualité mais ce qu’il faudra suivre, c’est si on reste sur un plateau tenable pour les systèmes de soin », insiste-t-il.
Coronavirus en Ile-de-France : Le spectre de la rentrée inquiète alors que la situation s’améliore - 20 Minutes
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