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Friday, July 9, 2021

Besançon | Lamine est expulsé alors qu’il vient d’obtenir son CAP de boulanger - Est Républicain

« C’est comme si l’on m’enlevait une jambe. Comme si, finalement, je n’avais fait que brasser du vent pendant deux ans. » Deux années durant lesquelles Alexandre Figard, le boulanger de la Grette , a enseigné à Lamine Diaby son savoir, sa méthode, couronnés par un titre de champion de France de boulangerie obtenu en 2011. Lui a communiqué cette assurance dans le geste qu’exige cet artisanat qui symbolise la France à travers le monde.

Deux années balayées par un courrier de la direction de la citoyenneté et de la légalité, signé par le secrétaire général de la préfecture, obligeant l’apprenti du renommé boulanger bisontin à quitter le territoire français sous un mois.

Son CAP de boulangerie en poche

Ce jeudi 8 juillet aurait dû être un jour joyeux pour Lamine, jeune Guinéen né en 2002 à Conakry. Un jour croustillant comme ces centaines de baguettes et croissants qu’il adore façonner de ses propres mains, avec « des aptitudes, une assiduité et un savoir-faire certains », valide Alexandre Figard. Des bases solides confortées par l’obtention, cette semaine, du CAP. Reconnaissance ternie par cette menace d’expulsion, parvenue quelques jours plus tôt par recommandé.

« Comment peut-on à ce point engager ces jeunes dans un cursus d’apprentissage et, une fois qu’ils ont obtenu leur diplôme, les expulser ? », s’insurge le maître-boulanger qui, en accueillant régulièrement cinq à six stagiaires, défend avec vigueur la transmission.

En début d’année, lui et son épouse s’étaient inquiétés du sort qui pourrait être réservé à Lamine. Au regard du combat qu’avait mené six mois plus tôt un autre boulanger de Besançon, Stéphane Ravacley. Leurs craintes se sont malheureusement confirmées.

Contraint de quitter son pays et ses études

Isolé, contraint de quitter son pays et ses études « lorsque son père s’est retrouvé emprisonné et qu’il n’avait plus de ressources », Lamine Diaby a rejoint le Mali, puis l’Algérie, le Maroc, l’Espagne puis Paris. Et enfin Besançon où il a été pris en charge par l’association départementale du Doubs de sauvegarde de l’enfant à l’adulte en janvier 2020.

On m’a dit que je pouvais faire un apprentissage.

Lamine Diaby

« On m’a dit que je pouvais faire un apprentissage », raconte le jeune apprenti, dans un français intelligible. « J’ai fait un premier stage de découverte en peinture mais j’avais trop froid, je n’étais pas habitué à ces températures ! » Le migrant guinéen se réoriente vers la boulangerie. Trouve dans « La Gourmandise » le terrain d’apprentissage idéal. Ses trois premières semaines, en septembre et octobre 2019, sont convaincantes. Lamine a trouvé sa voix. Et montre habileté et volonté.

« Irrégularité dans les actes d’état-civil »

Son CAP en poche depuis jeudi, il voudrait poursuivre ses études vers une mention complémentaire, puis un brevet professionnel. Mais cette obligation de quitter le sol français vient briser tous ses espoirs de concrétiser son parcours d’apprentissage et d’honorer cette promesse d’embauche que lui tendra Alexandre Figard à l’issue de sa formation.

Car l’État lui reproche de ne pas pouvoir prouver son identité : « L’avis de l’expert en fraude documentaire de la police aux frontières est défavorable et fait état d’irrégularité dans les actes d’état-civil ». Selon l’administration, « la saisine de l’ambassade de Guinée en France, le 28 juillet 2020 concernant l’authenticité des documents d’état-civil de l’intéressé, est demeurée sans réponse ». Un scénario malheureusement habituel avec ce pays d’Afrique de l’ouest.

Mais pourquoi infliger de tels faux espoirs à Lamine Diaby ? Pourquoi, au final, précariser ce jeune garçon et son maître d’apprentissage ? Pourquoi financer, en vain, deux années de CAP ? Pourquoi freiner ce qui ressemble à une parfaite insertion ? Au moment même où l’artisanat peine à trouver des apprentis…

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