Beaucoup pronostiquaient la fin du rite, mais la bise a prouvé qu’elle résistait à tout en se déchaînant lundi, après la victoire de la Nati. Les prudents qui observaient de loin la liesse ont peut-être songé à la haute transmissibilité du nouveau variant Delta. Les autres n’ont pensé qu’à faire corps en partageant les embrassades. Un an et demi après le surgissement des gestes barrières dans nos vies, les vieux réflexes ont le cuir dur. «On ressent beaucoup l’envie de se sentir de nouveau vivant ensemble, et cela passe par le désir de refaire la bise, confirme Fiorenza Gamba, sociologue à l’Université de Genève. Il ne faut pas oublier que les manifestations de contact physique signent l’appartenance à un groupe, une culture, et expriment un besoin humain fort de partager des émotions à travers le corps.»
Anthropologue à l’Université de Lausanne, Fanny Parise constate d’ailleurs un rebond de la bise depuis l’allègement des restrictions: «A titre d’exemple, les commerçants de ma rue me font quasiment tous la bise, alors que nous ne sommes pas amis et qu’ils ne l’ont jamais faite pendant la décennie qui a précédé. Souvent, j’ai un geste de retrait, mais ils semblent si contents de la faire que, souvent aussi, je me fais avoir. Il y a une surcompensation. Certains veulent montrer une affection, une bienveillance inédite. Dans les enquêtes de terrain que nous menons, on sent également, chez certains, le besoin d’avoir plus de proximité qu’avant. A l’inverse, on note des stratégies d’évitement chez tous ceux qui supportaient déjà mal la bise, et voient dans les gestes barrières une bénédiction.»
«Alors, on se fait la bise?» Ou pas - Le Temps
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