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Friday, May 28, 2021

Alors qu’il va être assoupli, comment vivez-vous le télétravail ? Des salariés normands témoignent - Paris-Normandie

Mercredi 27 mai 2021, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a confirmé la fin du télétravail systématique à partir du 9 juin. Les employeurs devront fixer, « dans le cadre du dialogue social de proximité, un nombre minimal de jours de télétravail par semaine » , selon le projet de nouveau protocole sanitaire qui entrera en vigueur le 9 juin. Au ministère, on souligne qu’ « un employeur qui demanderait à tous ses salariés de revenir à 100% à compter du 9 juin n’appliquerait pas le protocole ».

Le retour des salariés qui étaient en télétravail « doit se faire de manière progressive », insiste le ministère. L’État employeur a, de son côté, déjà fixé trois jours de télétravail à partir du 9 juin pour la fonction publique. Depuis fin octobre 2020, pour les salariés qui peuvent réaliser l’ensemble de leurs tâches à distance, « le temps de travail effectué en télétravail est porté à 100». Depuis janvier s’est ajoutée une « soupape » avec la possibilité de revenir un jour par semaine.

Pour le télétravail  : « J’apprécie cette liberté »

Commercial, Jérôme (prénom d’emprunt), 40 ans, est en télétravail à 100 % depuis mars 2020. il devrait y rester jusqu’à l’automne prochain.

« Ma première satisfaction vis-à-vis du télétravail est personnelle: cela peut paraître basique, mais je peux déposer et aller chercher mes enfants à l’école tous les jours, passer plus de temps avec eux. J’aime aussi beaucoup cuisiner, et le soir je le fais avec eux.

Ensuite, d’un point de vue purement professionnel, le télétravail nous a amenés à être plus productifs.

Avec la visio, j’ai enchaîné beaucoup plus de rendez-vous qu’en temps normal. Certes, cette accumulation rend les journées épuisantes, mais j’y gagne, puisqu’une partie de mon salaire dépend de cette productivité. À la fin de l’année, au moins, je sais que je serai bien payé.

Car à l’inverse, mon épouse, qui travaille aux ressources humaines d’une grande entreprise de tertiaire, a vu la charge de travail augmenter sans contrepartie, ce qui n’est pas normal. Par ailleurs, je peux aussi en retour me permettre de lever le pied certains jours: j’apprécie vraiment cette liberté. Bien sûr, il faut aussi que ça suive côté matériel. Et de ce point de vue là, mon entreprise était prête. Pour ma part, je suis déjà équipé en ordinateur portable en raison de ma profession, mais j’ai eu la possibilité de disposer d’un grand écran pour davantage de confort.

Certains collègues se sont vus aménager des postes de travail complets à domicile par l’entreprise. Là encore, ma femme n’a pas eu cette chance au départ, puisqu’elle a été contrainte, durant le premier confinement, d’utiliser son ordinateur et son téléphone personnels.

J’en profite pour signaler qu’il manque toujours à Rouen une bonne qualité de réseau internet. J’habite en centre-ville, et pourtant nous avons rencontré des difficultés pour télétravailler en raison du débit trop faible. »

Contre le télétravail  : « Pas une solution pérenne »

Pierre, la trentaine, travaille comme cadre marketing. Comme son collègue, il est en télétravail depuis le premier confinement de mars 2020.

« D’une manière globale, je n’ai pas aimé le télétravail à 100 %, même si j’y ai trouvé quelques avantages. Pourtant, avant la crise sanitaire je télétravaillais, mais quand je le souhaitais, une à deux journées par semaine. C’était une liberté, ce n’était pas imposé par l’entreprise. Papa séparé, j’ai dû m’occuper de ma fille unique que j’ai une fois tous les quinze jours, tout en réalisant mon boulot.

C’était compliqué avec les devoirs à gérer. Je l’ai assez mal vécu. Maintenant, ça va mieux, après plus d’un an de télétravail, j’ai fini par m’adapter et je me suis aménagé un espace de travail chez moi. Ce qui me pose problème dans le travail à distance, c’est qu’il n’y a pas de délimitation entre la sphère privée et professionnelle. Les deux se superposent d’autant si votre logement est petit ou que vous n’avez pas une pièce dédiée à cela. Cette absence de frontière n’a pas été sans conséquence pour mes relations avec ma fille.

Et il y a aussi les trajets boulot/maison qui me permettaient de décompresser et de couper. Je pense également que le télétravail réduit l’émulation et la créativité. Car celles-ci émergent souvent de façon informelle autour de la machine à café avec les collègues et non à travers des visioconférences par Zoom. Les visio permettent de travailler, mais c’est en mode dégradé. À mes yeux, le télétravail n’est pas une solution pérenne. Le présentiel renforce l’esprit d’appartenance à une entreprise et de cohésion.

Dans mon entreprise, il y a eu une volonté de télétravail permanent, comme l’exigeait Élisabeth Borne, pour freiner la circulation du virus, mais aussi je pense pour des raisons financières ; avec le travail à distance, il y a une baisse des charges de déplacement entre autres pour le groupe. J’espère que le télétravail ne deviendra pas la règle, car cela voudra dire que les entreprises accordent peu d’importance aux relations humaines, et vous vous rapprochez un peu plus dangereusement de l’intelligence artificielle. »

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