Le calendrier tracé fin mars par le président Emmanuel Macron reste "la base de travail" a confirmé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal le 21 avril à l'issue des Conseils de défense et des ministres. L'exécutif maintient donc son objectif de lever progressivement les restrictions en mai, en supprimant la limite des 10 km le 2 mai au soir et en rouvrant les établissements scolaires à partir du 26 avril. Le gouvernement, qui mise sur la vaccination, envisage également de rouvrir à partir de mi-mai les terrasses, les commerces non alimentaires et les lieux de culture, avec des jauges réduites.
"La situation s'améliore" a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse jeudi, évoquant une "baisse réelle" de la circulation virale depuis dix jours. "Le pic de la troisième vague semble derrière nous", a-t-il ajouté. Mais plusieurs experts, médecins et épidémiologistes invitent à la prudence. Selon le dernier bulletin hebdomadaire de Santé publique France (SPF), publié ce 22 avril, les indicateurs épidémiologiques se maintiennent à un niveau toujours très élevé. Si l’incidence ainsi que les nouvelles admissions à l’hôpital et en soins critiques diminuent, ce qui "suggère un début de ralentissement de la circulation virale dans toutes les régions de métropole", "la tension hospitalière demeure sur l’ensemble du territoire métropolitain et la mortalité est toujours en hausse". Les régions les plus touchées sont l’Île-de-France, Provence Alpes-Côte d’Azur et les Hauts-de-France.
Baisse relative des nouvelles contaminations
Selon SPF 34.318 nouveaux cas ont été enregistrés jeudi, contre 34.968 la veille. En moyenne, 31.600 tests positifs au Covid-19 ont été comptabilisés chaque jour entre le 12 et le 18 avril, soit 20% de moins que la semaine précédente relève le site spécialisé CovidTracker.
Mais le nombre de dépistages diminue lui aussi notait SPF dès le 15 avril. Cette évolution "concerne toutes les classes d’âge mais elle est plus marquée chez les 0-14 ans (-45%), probablement toujours en lien avec l’arrêt des campagnes de dépistage en milieu scolaire dans le contexte de la fermeture des établissements", précise l'agence sanitaire. Pour SPF, cette donnée "incite à rester prudent dans l’interprétation de la dynamique des indicateurs d’incidence en population". Difficile donc de mesurer l’ampleur de la baisse réelle des contaminations résume Guillaume Rozier, fondateur de CovidTracker.
Conséquence, le taux de positivité (qui désigne la proportion de tests positifs sur l'ensemble des tests réalisés) a augmenté la semaine passée pour atteindre 9,9%. Un phénomène qui n'avait pas été observé lors des deux premiers confinements selon Guillaume Rozier.
L'exécutif espère voir le nombre de contaminations tomber autour de 20.000 par jour d'ici un mois, grâce à la vaccination. Un chiffre nettement supérieur aux objectifs que s'étaient fixés le gouvernement en novembre dernier (5.000 contaminations quotidiennes).
Taux d'incidence élevé au niveau national
Le taux d'incidence (le nombre de personnes infectées sur une semaine, dans une population de 100.000 habitants) reste élevé au niveau national : 337 pour 100.000 habitants au 22 avril (-18% par rapport à la semaine précédente). Ce taux "diminue dans les trois groupes de départements concernés par la mise en place des mesures restrictives différenciées, avant le confinement généralisé" précise SPF. "Pour autant, la forte diminution du recours au dépistage observée depuis la semaine du 5 au 11 avril pourrait artificiellement accentuer cette tendance" préviennent les épidémiologistes.
La situation est très disparate sur le territoire a commenté Gabriel Attal mercredi, entre "un recul de l'incidence compris entre 15% dans les Hauts-de-France et près de 20% en région Sud", une "tendance encourageante aussi en Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Bourgogne Franche-Comté, dans le Grand Est", et une "tendance en revanche moins favorable que la moyenne nationale" en Pays-de-la-Loire, Centre-Val-de-Loire, Nouvelle Aquitaine "et surtout en Corse".
15 départements, dont tous ceux de l'Ile-de-France, affichent un taux d'incidence supérieur à 400 pour 100.000 habitants et 30 autres départements entre 300 et 400, preuve que le virus circule toujours activement. Entre les 12 et 18 avril, les taux d’incidence les plus élevés ont été observés dans les départements de la Seine-Saint-Denis (656), du Val-d’Oise (643), du Val-de-Marne (575), de Paris (513), des Bouches-du-Rhône (506), de la Seine-et-Marne (501) et de l’Essonne (495). Seuls trois départements ont un taux d'incidence inférieur à 100 : le Finistère, les Pyrénées-Atlantiques et Mayotte.
Le nombre de patients hospitalisés et en réanimation toujours élevé
Le taux hebdomadaire de nouvelles hospitalisations a légèrement diminué entre le 12 et le 18 avril (-4%) "mais le nombre de patients Covid-19 hospitalisés s’est maintenu à un niveau élevé, avec plus de 31.000 personnes hospitalisées au 20 avril 2021" précise SPF. Jeudi, 30.634 patients malades du Covid-19 étaient hospitalisés, contre 30.954 mercredi, soit 320 cas de moins.
Dans les réanimations, le nombre de patients stagne à un niveau élevé. SPF recensait jeudi 5.981 malades dans les services de "soins critiques" (réanimation, soins intensifs et surveillance continue), contre 5.959 mercredi. Un chiffre inférieur au pic de la première vague en avril 2020 (environ 7.000) mais supérieur à celui de la deuxième, en novembre (environ 5.000). "À ce stade l'épidémie recule deux fois moins rapidement qu'en novembre" et "la pression hospitalière reste extrêmement forte", a convenu Gabriel Attal. En moyenne, 116% des lits de réanimation sont actuellement occupés par les patients Covid-19 (par rapport au nombre de lits fin 2018).
Vu du terrain, la décrue tarde à s'amorcer, laissant les soignants éreintés sans perspective de répit. À l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, où s'est rendue l'AFP, le Dr Lamer constate surtout que son service est "presque à saturation depuis plusieurs semaines" et ne voit pas la pression retomber de sitôt : "Une fois la tempête passée, on ne s'attend pas à une période de répit" car "il faudra prendre en charge les patients qui n'ont pas pu être opérés".
L'accueil des patients Covid en réanimation n'est en effet possible qu'au prix de lourds sacrifices en chirurgie. "À ce jour nous sommes à peu près à 60% de déprogrammations et ça fait malheureusement longtemps que nous sommes à ce niveau", a indiqué à l'AFP Marc Beaussier, chef du service d'anesthésie et directeur médical de crise de l'établissement.
Environ 300 morts par jour
Autre indicateur symptomatique de la fragilité de la situation épidémique. Le Covid-19 tue encore en moyenne 300 patients chaque jour, selon les données officielles. 285 personnes sont mortes du Covid-19 dans les dernières 24 heures indiquait SPF jeudi, 102.193 au total depuis le début de l'épidémie. Le nombre de décès a augmenté de près de 4% en une semaine.
Covid-19 : où en est l'épidémie en France, alors que le gouvernement va lever une partie des restrictions ? - France Bleu
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