Les patients covid-19 occupent désormais plus de 5 000 lits de réanimation, soins intensifs ou soins continus en France. Depuis lundi, c’est davantage que le pic enregistré en novembre dernier, lors de la « deuxième vague » qui semble ne jamais s’être interrompue. Mais ce sont toujours 2 000 lits occupés de moins qu’en avril 2020, au plus fort de la première vague. Comment expliquer l’inquiétude grandissante, à l’heure d’un nouveau conseil de défense sanitaire ? Plusieurs aspects soulignés par les scientifiques permettent de le comprendre.
- 1 La durée du pic
- 2 Le nombre de décès en plus
- 3 Le contexte du pic : confinés ou non
- 4 L’épuisement des soignants dans une vague qui dure
- 5 Transferts difficiles
L’épidémie, comme le confinement total, avaient surpris l’Europe en mars 2020. La hausse brutale des hospitalisations, dans un contexte de contaminations non dépistées à l’époque, n’a jamais été réitérée depuis. En réanimation, plus de 700 entrées quotidiennes avaient été enregistrées sur les derniers jours de ce mois-là. Au mois de novembre, ce nombre d’admissions quotidiennes avait dépassé les 500, un niveau proche actuellement, mais n’avait pas atteint le précédent seuil.
Problème : la hauteur du pic n’est pas l’unique indicateur de gravité. « On ne regarde que l’effet pic, mais si vous regardez l’aire sous la courbe, c’est-à-dire tout ce qu’il s’est passé, il n’y a pas photo, la deuxième vague est beaucoup plus grave », soulignait mardi l’infectiologue Gilles Pialoux au micro de France Inter. De fait, la durée sur laquelle un nombre important d’entrées quotidiennes à l’hôpital ont été enregistrées s’est élargie lors de la deuxième vague. Et, actuellement, ce nombre progresse toujours.
Conséquence directe de cet effet « aire sous la courbe » : la mortalité enregistrée au cours des derniers mois est beaucoup plus importante que lors de la première vague. On a déjà « dépassé la deuxième vague », qui fut elle-même « plus mortelle, plus morbide, plus insupportable même si elle n’est pas montée si haut que la première vague », complète l’infectiologue Gilles Palioux.
Les décès comptabilisés de la covid-19 permettent d’observer la tendance, mais pour prendre davantage de recul, les décès toutes causes recensés par l’Insee permettent d’observer les écarts importants de mortalité entre une année habituelle et celle que nous venons de vivre. « Cet excès de mortalité, pendant la première vague ça, a duré sept semaines. On en est à plus de vingt semaines consécutives », pointe à ce sujet l’infectiologue.
Autre différence majeure : en avril 2020, l’ensemble de la France était strictement confiné depuis plus de deux semaines lorsque l’occupation maximale a été atteinte. Logique : le temps de déclenchement des symptômes et des situations nécessitant une hospitalisation prend dix à quinze jours après les contaminations. Les restrictions restent fortes actuellement, avec un couvre-feu partout et un confinement allégé dans les territoires les plus dans le rouge, mais la situation diffère malgré tout.
En parallèle, le fameux haut de la courbe n’est toujours pas là. Quand bien même les restrictions supplémentaires montreraient leurs effets, « on ne peut pas espérer voir ce pic avant encore une dizaine de jours, malheureusement », souligne auprès de France 2 l’épidémiologiste Pascal Crépey. Et d’ajouter : « Ce n’est pas tout d’arriver jusqu’au pic, il faut aussi le redescendre. » Or, la décrue peut être longue. « On a pris tellement de retard que toute mesure sera plus dure et plus durable », estime d’ailleurs l’infectiologue Gilles Pialoux.
Avec une troisième vague qui semble n’être que le prolongement de la seconde, la sollicitation des services hospitaliers et des soignants qui y travaillent est restée continue. « Les gens sont épuisés et le syndrome de stress post-traumatique de la première vague est loin d’être réglé », confiait lundi à l’AFP Daniel da Silva, chef de service de l’hôpital de Saint-Denis. « Quand les malades Covid ont réapparu, des soignants se sont mis en arrêt maladie, d’autres ont fait des crises d’angoisse. »
Autre difficulté qui s’ajoute, s’il en fallait d’autres : le recours aux transferts de patients vers des services moins surchargés se révèle beaucoup plus difficile. « Le problème, c’est qu’il n’y a aucune possibilité de transferts sanitaires de malades vers d’autres régions. Ils sont systématiquement refusés par les familles », expliquait dès le 22 mars le pneumologue Jean-François Timsit, qui dirige à l’hôpital parisien Bichat, au Parisien. Sans compter l’inquiétude liée aux variants, avec la crainte que la situation puisse s’aggraver dans des territoires a priori plus préservés, malgré les effets bénéfiques de la campagne vaccinale.
Soutenez une rédaction professionnelle au service de la Bretagne et des Bretons : abonnez-vous à partir de 1 € par mois.
Covid-19 : pourquoi la situation inquiète-t-elle autant alors que le pic de la première vague reste loin ? - Le Télégramme
Read More
No comments:
Post a Comment