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Wednesday, January 3, 2024

Europe : alors que Bruxelles cherche à harmoniser l'étiquetage avec le Nutri-score, l'Italie est vent debout pour ... - franceinfo

Alors que les règles du Nutri-score se sont durcies au 1er janvier, ce système ne parvient pas à faire l'unanimité en Europe. Le processus d'harmonisation se trouve bloqué, car d'autres systèmes se sont développés parallèlement, comme en Italie. Nos correspondants décrivent la situation sur place.

Radio France

Publié

Temps de lecture : 5 min
Le Nutri-score nous informe sur la teneur des aliments en gras ou en sucre, sans tenir compte des proportions ni des addictifs. (photo d'illustration) (LOIC VENANCE / AFP)

Cet indicateur en code couleurs sur les emballages nous informe sur la teneur des aliments en gras ou en sucre et nous permet de contrôler ce qu'on achète. Le Nutri-score reste optionnel et ne concerne pas encore toute l’Europe, alors que plus d’un adulte sur deux qui y vit est en surpoids ou obèse.

Ce système d’étiquetage nutritionnel est d’abord un système français qui date de 2017, et cinq de nos voisins européens l'ont adopté progressivement : l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Espagne. Il existe d’autres indicateurs de ce type dans l’Union européenne, comme les logos vert et noir des pays du Nord. Celui qui est défendu par les Italiens a cette particularité de tenir compte des portions potentiellement consommées, pour identifier l’impact d’un produit sur la santé. En tout, on compte sept systèmes différents en vigueur dans 14 États. La Commission européenne s’est donc engagée à unifier tout cela, en 2020, dans le cadre de sa stratégie globale baptisée "de la ferme à la fourchette".

La Commission européenne devait alors étudier puis choisir le meilleur indicateur, avec pour objectif de le rendre obligatoire partout dans le marché unique. Sa proposition était attendue fin 2022, en vain. Le système actuel reste donc optionnel. En France ou en Belgique, de nombreux géants de l’agroalimentaire, comme Coca Cola ou Lactalis, n’utilisent pas le Nutri-score. Et avec son durcissement au 1er janvier, certains experts, dont le nutritionniste qui l’a conçu, redoutent désormais que des industriels s’en désengagent.

Quand on interroge la Commission sur son retard, elle nous dit que le travail est encore en cours. L’Agence européenne de sécurité des aliments a bien publié son avis scientifique sur le sujet en avril 2022. Des fuites laissaient même penser qu’elle allait choisir le Nutri-score, parce que c'est l'indicateur le plus utilisé dans l’UE et parce que sa fiabilité est plébiscitée par un collectif de 320 scientifiques.

Mais à ce stade, tout est bloqué. Est-ce sous la pression des lobbies de l’agroalimentaire, qui sont très puissants ? Il est vrai qu’ils peuvent réussir à freiner certaines législations mais cette explication ne suffit pas. Si le sujet bloque, c’est parce que l’Italie mène une fronde anti Nutri-score. Rome est monté au créneau au printemps 2023 pour défendre son propre système, et est parvenu à faire des émules en ralliant la Grèce, Chypre, la République tchèque, la Roumanie et la Hongrie.

Quand les 27 sont à ce point en désaccord, la Commission tarde souvent à présenter sa législation. Le gouvernement italien est effectivement vent debout contre Nutri-score. Georgia Meloni parlait de "folie", de "système discriminatoire", lors de sa campagne électorale. Elle tient sa promesse en refusant catégoriquement de l'appliquer. Cela s'explique par l'impact qui menace les produits emblématiques du pays, comme le parmesan, l'huile d'olive, la mozzarella ou les pâtes. Son produit phare Nutella risque aussi une mise à l'index, alors qu'il rapporte quelques 10 milliards d'euros sur les 60 réalisés à l'exportation.

Inventeurs de la "slow food", les Italiens ont un rapport passionnel à leur gastronomie. Le sujet tourne donc à la question identitaire. Mais ils reprochent également au Nutri-score d'être approximatif. L'indice n'indique pas les quantités à respecter pour rester sain et ignore complètement les teneurs en colorants, en nitrates ou autres conservateurs, véritablement mauvais pour la santé.

Leur alternative s'appelle NutrInform Battery et détaille les apports énergétiques en pourcentages, selon les portions et selon les besoins. Cette solution est appuyée par le puissant syndicat agricole, proche du gouvernement Meloni, ainsi que par l'Organisation italienne de l'industrie alimentaire.

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