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Friday, December 1, 2023

Vidéo : comment Mohamed Bendriss est mort à Marseille alors qu'il ne représentait aucun danger pour les policiers du ... - Libération

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
«Libération» révèle une vidéo cruciale montrant les agents de l’unité d’intervention ouvrir le feu sur le père de famille de 27 ans, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Trois d’entre eux sont mis en examen pour coups mortels.

Si la vidéo ci-dessus ne s’affiche pas, cliquez ici pour la lancer.

La vidéo, qui ne dure que vingt-six secondes, est une pièce capitale dans l’enquête sur la mort de Mohamed Bendriss, décédé à Marseille dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023 après avoir croisé des policiers du Raid. Libération et Mediapart dévoilent en exclusivité ce document, filmé par une témoin, sans lequel les investigations n’auraient peut-être jamais abouti à des poursuites. Il montre l’ahurissante interaction entre les fonctionnaires et le jeune père de famille ; entre une colonne de véhicules dont descendent des hommes en noir, armés et casqués, et un conducteur de scooter qui les évite pour s’enfuir. Mise en perspective avec d’autres images inédites – vidéosurveillance de la ville, caméra embarquée par le véhicule blindé des policiers –, cette séquence révèle que la victime a été la cible de plusieurs tirs de LBD et de beanbags (des sachets de billes de plomb), alors qu’elle ne présentait aucun danger pour les agents.

Ce soir-là, Marseille est secoué par une nouvelle nuit d’émeutes après la mort de Nahel Merzouk, tué par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin. Pour la troisième nuit consécutive, le Raid, une unité d’intervention normalement chargée de la lutte contre les criminels armés, est déployé. En parallèle, Mohamed Bendriss, Algérien de 27 ans qui habite Marseille depuis plusieurs années, circule à scooter, principalement dans le centre. Peu après 1 heure du matin, le jeune homme s’effondre en bas du cours Lieutaud, devant l’appartement de sa mère. Son décès est ensuite constaté à l’hôpital de la Timone où le transportent les pompiers. Sur son corps, deux marques en forme de «cocarde», caractéristiques des tirs de LBD, sont découvertes par les médecins. C’est le point de départ de l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale. Grâce à la vidéosurveillance, l’IGPN remonte le trajet du scooter de Mohamed Bendriss. Ces images révèlent que le jeune homme a croisé la route de la colonne du Raid quelques minutes avant sa chute, à deux pas de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Mais les caméras de la ville n’ont pas capté l’instant crucial. Les enquêteurs font du porte-à-porte dans le périmètre autour de ce lieu de rencontre. Au bout de plusieurs tentatives infructueuses, ils récupèrent cette fameuse vidéo d’une témoin, filmée depuis l’une des fenêtres qui donnent sur la rue de Rome où se sont déroulés les tirs. Elle comble les vides laissés par les images du blindé du Raid et de la vidéosurveillance de la ville.

Au minimum cinq détonations dans la vidéo de la riveraine

A 00 h 57, le 2 juillet, Mohamed Bendriss s’est engagé sur cet axe commerçant du centre de Marseille. Il poursuit Nabil B., qui vient de voler deux paires de chaussures dans un magasin d’une rue proche. Son butin, dans un sac noir, tombe au milieu de la chaussée de la rue de Rome. Nabil B. prend la tangente et sera interpellé par le Raid puis condamné à de la prison pour le vol. Tandis que Mohamed Bendriss, toujours à scooter, se retrouve face à la colonne de policiers. Celle-ci est composée de sept véhicules, en tête desquels le blindé, surmonté d’une tourelle. A son bord : un policier muni d’un fusil à six coups, équipé avec des munitions de LBD.

«Lorsque j’ai vu que les policiers tiraient, j’ai pris mon téléphone pour filmer, raconte la témoin, autrice de la vidéo, dans une audition judiciaire. Au départ c’est le monsieur du fourgon [blindé] qui était sur le toit qui tirait et ses collègues se sont mis à faire pareil.» Dans ce document, on entend au minimum cinq détonations, même si on ne distingue pas précisément les trajectoires des tirs. Tout juste la caméra embarquée du Raid montre-t-elle que, après la première détonation audible dans la vidéo de la témoin, une balle de défense roule à terre, près du scooter. Ce tir serait-il celui qui a causé la marque «en cocarde» sur le thorax de la victime, et a pu, selon les médecins légistes, provoquer un «“commotio cordis” pouvant être responsable d’un trouble du rythme cardiaque et de l’arrêt cardio-circulatoire» ? C’est l’une des questions auxquelles l’information judiciaire en cours doit répondre.

Curieux serment

Aujourd’hui, trois policiers du Raid sont mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Alexandre P. et Jérémy P., qui estiment tous les deux que leurs tirs étaient proportionnés et justifiés pour arrêter le scooter. Ils occupaient respectivement la tourelle du véhicule blindé, et une place à l’arrière du van en deuxième position dans le convoi. Et Sylvain S., présent dans la troisième voiture qui, lui, ne reconnaît pas son tir.

Dans son audition, l’autrice de la vidéo décisive fait aussi un curieux serment : «Conformément à vos instructions, je m’engage à ne pas diffuser ce film à qui que ce soit ou à le montrer.» Les enquêteurs de l’IGPN ont donc enjoint cette témoin à ne pas ébruiter l’implication du Raid dans l’affaire. Ils vont encore plus loin, et mettent un coup de pression flirtant avec le mensonge, puisque cette riveraine déclare aussi dans son audition : «Je prends acte qu’en cas de diffusion, je pourrais être poursuivie par la justice. J’ai compris ce que vous me dites, je m’engage à respecter la loi.» Celle-ci n’interdit pourtant pas de filmer des policiers dans l’exercice de leurs fonctions, ni de diffuser de telles images. Même si celles-ci constituent la pièce capitale d’une enquête.

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