Toulouse accueille ce jeudi 30 novembre 2023 la COP territoriale en présence de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de Dominique Faure, ministre des collectivités territoriales. À cette occasion, Carole Delga répond aux questions de La Dépêche du Midi.
Alors que s'ouvre ce jeudi 30 novembre, la 28e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP 28), à Dubaï, le gouvernement français lance ses "COP Régionales". Après la Région Grand-Est et la Région Paca, c'est autour de l'Occitanie.
Quels sont vos objectifs pour cette "COP territoriale" qui se tient jeudi à Toulouse ?
L’urgence climatique est là, visible, mesurable, et chaque année plus réelle dans le quotidien des Français et des citoyens du monde. Par sa géographie, l’Occitanie est l’un des territoires français les plus touchés par les catastrophes naturelles. L’objectif aujourd’hui est l’action partagée, c’est-à-dire embarquer toute la population. Cette transition populaire doit être positive et synonyme de mieux vivre pour nos concitoyens.
L’Occitanie est l’un des territoires français les plus touchés par les catastrophes naturelles
Nous ne pouvons pas continuer sur le même modèle de développement. Il faut en construire un nouveau collectivement. C’est celui du pacte vert que je porte, plus frugal, plus économe, mais non décroissant. Pour cela, il faut accompagner plus fortement les ménages les plus précaires, mais aussi les classes moyennes. Il ne peut y avoir de personnes exclues ou sacrifiées. Ce nouveau modèle doit concilier le social et l’écologie. Et le gouvernement doit être au rendez-vous. En France évidemment, mais aussi dans les négociations internationales qui s’ouvrent demain.
Comment s’organise la répartition des rôles entre les Régions et l’Etat ? La confiance est-elle de mise ?
Faire des COP c’est bien, tenir la barre et garder le cap c’est mieux ! Et surtout du concret. Pas de baratin, des actions. En Occitanie, notre cap est clair depuis près de 10 ans grâce à l’adoption de notre stratégie pour devenir la première Région à énergie positive d’Europe et de notre Pacte Vert, qui irrigue toutes nos politiques publiques.
C’est pourquoi la Région investit 50 millions d’euros dans la décarbonation de 26 grands sites industriels
Nous concertons, nous planifions et nous investissons grâce au premier budget vert présenté par une collectivité. La confiance ne se bâtit jamais sur des promesses mais sur des actes concrets et des moyens : voici ce dont les Régions et les citoyens ont besoin.
Quels sont les secteurs qui doivent encore faire des efforts en termes de transition écologique ?
Derrière un secteur d’activité, ce sont avant tout des hommes et des femmes qui travaillent. Notre rôle est de les accompagner, pas de les stigmatiser. Il faut aider les activités économiques les plus émettrices de CO2 à se transformer. C’est pourquoi la Région investit 50 millions d’euros dans la décarbonation de 26 grands sites industriels.
L'Occitanie mise entre autres sur l'éolien flottant, l'hydrogène vert, le train...
De la même manière, nous aidons nos producteurs, ferme par ferme, dans une agriculture raisonnée. J’ai fait le choix de tripler le budget qui leur est consacré pour être à leurs côtés. L’Occitanie n’est pas un modèle productiviste, donc le revenu des agriculteurs ne se joue pas sur la capacité à produire plus, mais à produire mieux.
Mais surtout c’est nous, les citoyens, qui devons consommer local ! Je crois également à l’anticipation et à l’innovation : l’Occitanie a pris depuis plusieurs années des virages structurants pour l’avenir, en convainquant les sceptiques, les défaitistes et en misant par exemple sur l’éolien flottant, l’hydrogène vert ou la priorité au train.
Quel bilan tirez-vous du Pacte vert lancé en 2020 ?
De l’élan et des résultats positifs. D’abord sur la méthode, c’est un projet coconstruit avec les habitants. Et aujourd’hui, plus de 80 % des actions décidées en 2020 sont réalisées : 25 % de nos besoins désormais couverts par des énergies renouvelables, première Région bio de France, + 44 % de fréquentation dans nos trains, record national grâce aux tarifs les moins chers de France, 31 guichets uniques pour la rénovation thermique de nos logements, 81 000 foyers aidés… voilà un aperçu de la méthode du "faire" que je prône en Occitanie et qui est reconnue nationalement et au niveau européen.
Sur la route, le projet d’A69 fait débat : est-il, selon vous, compatible avec des objectifs de transition écologique ?
Cette autoroute a été décidée par l’Etat, après un long temps de concertation locale. Elle est en construction pour relier la métropole toulousaine au sud du Tarn. C’est une nécessité pour stopper l’hypermétropolisation de Toulouse, et sa pollution, et pour que cette dynamique démographique (20.000 nouveaux habitants chaque année) bénéficie au sud du Tarn.
Aujourd’hui, c’est un taux de pauvreté 40 % supérieur à la moyenne nationale et un déclin démographique. Et puis il faut être clair, il n’y a pas d’autre alternative crédible (la voie ferroviaire est unique et non électrifiée), sauf à écouter certains et ne rien faire pour ce territoire. Ce n’est pas ma conception de la politique. Il y a besoin de mobilité pour éviter l’enfermement.
La promesse d’Emmanuel Macron de rendre la voiture électrique accessible au plus grand nombre pour 100 euros par mois est importante et doit être rapidement tenue
Si les travaux ferroviaires avaient été possibles, j’aurais soutenu cette solution. Mais là, les difficultés techniques et le coût sont insurmontables. Donc, demain le vrai enjeu est de faire rouler des véhicules propres sur cette nouvelle route à un tarif supportable. La promesse d’Emmanuel Macron de rendre la voiture électrique accessible au plus grand nombre pour 100 euros par mois est importante et doit être rapidement tenue.
Pour ma part, je me suis engagée à créer une liaison d’autocars express roulant à l’hydrogène entre Toulouse et Castres, à 2 € par trajet, et à accompagner financièrement le covoiturage. Ainsi, le péage ne sera pas trop élevé. Voilà des solutions concrètes sans opposer fin du mois et fin du monde.
Quid de la LGV entre Toulouse et Bordeaux ?
Justement, pour lutter contre le changement climatique, la Région investit prioritairement et massivement dans le train. Pour éviter aux habitants de l’Occitanie de devoir utiliser leur voiture ou l’avion pour rejoindre Paris facilement, nous devons leur proposer un réseau de ligne à grande vitesse, dont la 4è ville de France est aujourd’hui exclue. C’est une injustice territoriale et je me bats contre les inégalités.
La nouvelle ligne permettra aussi de créer un RER sur la ligne actuellement saturée, entre Toulouse et le Tarn-et-Garonne, en augmentant encore la cadence des TER. Nous devons offrir à nos concitoyens des solutions simples, économiques et accessibles. Là où le train est possible, il faut tout faire pour qu’il soit pris. Et le tarif pour les usagers doit être le plus bas possible pour encourager un réel report modal.
Regarder, Bordeaux-Paris, c’est le TGV des sacs à dos et non des attaches cases. Et pour les TER en Occitanie, c’est 13 millions de billets à 1€ par an et, surtout, la gratuité d’usage du train comme de l’autocar à partir de 12 ans (jusqu’à 26 ans). Une première à cette échelle en France. Dès le 22 décembre, 1 million de jeunes pourront y prétendre !
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