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Saturday, June 17, 2023

JO de Paris 2024 : Alors on se baigne dans la Seine demain ? - 20 Minutes

Des triathlètes ont déjà nagé dans la Seine en juillet 2012. Bientôt, cette scène deviendra régulière dans le fleuve de la capitale. — KENZO TRIBOUILLARD / AFP
  • Tous les acteurs impliqués dans la mise en conformité des eaux de la Seine en vue de la baignade sont confiants sur l’organisation des épreuves dans le fleuve, notamment durant les Jeux olympiques 2024.
  • Les infrastructures mises en place, les travaux prévus et les analyses actuelles sont tous dans les délais. « On est exactement où on voulait être sur la qualité de l’eau pour se baigner dans la Seine, assure Pierre Rabadan, premier adjoint à la Mairie de Paris, chargé de la Seine.
  • Mais il reste encore quelques étapes pour assurer aux Franciliens des spots de baigande à même la Seine.

Face à la Tour Eiffel ce week-end, ils seront 22. 22 plongeurs de l'extrême qui comme l'an dernier, plongeront avec délice... dans la Seine. Ces as des pirouettes de haut vol participent à la 2e étape du Red Bull Cliff Diving et s'élanceront du Port Debilly, à 27 mètres pour les hommes et 21 chez les femmes. Sans risque de boire une tasse au goût amer ? « On est exactement où on voulait être sur la qualité de l’eau pour se baigner dans la Seine », assure Pierre Rabadan, premier adjoint à la Mairie de Paris, chargé du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine

« Pour l’instant, les résultats des prélèvements effectués quotidiennement depuis le 1er juin sont très bons puisque depuis quatorze jours on a eu 12 résultats "excellents" et 2 "qualité suffisante" ». Il se réjouit également de l’avancement des travaux pour l’amélioration de la qualité de l’eau. « La grosse partie du chantier, qui était de travailler sur les stations d’épuration pour désinfecter les rejets, déversés dans le fleuve, est sur le point de s’achever », confirme la préfecture de la région Île-de-France. 

Concernant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, tous les acteurs l’assurent : les épreuves de triathlon, paratriathlon, et de nage en eau libre (marathon) pourront se dérouler dans la Seine car les travaux structurants et les principales constructions nécessaires seront prêts à temps. D’ailleurs, précise l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, « dans le cadre des JOP, une surveillance de la qualité de l’eau est réalisée depuis plusieurs années l’été pour permettre de mesurer l’impact des travaux réalisés » dans le cadre du plan « baignade dans la Seine », pour lequel un budget de 1,4 milliard d’euros a été débloqué, dont la moitié financée par l’Agence de l’eau Seine-Normandie, complète la préfecture de région.

De gros travaux structurels sur le traitement des eaux pluviales

Outre les gros travaux structurels effectués sur les établissements de traitement des eaux pluviales à Valenton et Noisy-le-Grand, un immense « bassin d’orage » est en cours de construction près de la gare d’Austerlitz. Il doit servir à stocker les eaux de pluie avant qu’elles ne se déversent dans la Seine. « Les 50.000 m3 du bassin d’Austerlitz, soit l’équivalent d’une vingtaine de piscines olympiques, pourront à terme la récupérer avant qu’elle ne ruisselle dans les égouts et amène de la pollution, notamment lors d’épisodes orageux estivaux, qui dégradent fortement la qualité bactériologique de l’eau de la Seine », précise Pierre Rabadan. 

De gros efforts ont également été concédés sur le système d’assainissement public, avec des travaux sur les réseaux publics de collecte et le raccordement de toutes les habitations proches de la Seine, en amont de Paris, au tout-à-l’égout. « Fin mars, 50 % de mauvais branchements sur le réseau public avaient été modifiés », note encore la préfecture. Et les 260 bateaux, qui « habitent » sur la Seine ont désormais la possibilité et bientôt l’obligation d’évacuer leurs eaux usées par le réseau d’assainissement de la Ville de Paris. « Ce n’était pas possible avant mais les propriétaires de bateaux le peuvent désormais. Et dès 2024, ils y seront obligés », renchérit Pierre Rabadan, qui note aussi que 150 bateaux sur les 260 ont été contrôlés l’an dernier, et que seuls 19 n’étaient alors pas en conformité. 

Que manque-t-il aujourd’hui pour se baigner dans la Seine ?

« Pour les compétitions de triathlon ou de nage en eau libre, il n’est pas obligatoire de les organiser dans des zones de baignade contrôlée, précise le docteur Claude Marblé. Mais il existe des normes et des prélèvements obligatoires pour veiller à ce que l’eau non autorisée pour le grand public, soit tout de même viable pour les athlètes ». Les prélèvements obligatoires se concentrent sur deux types de bactéries : l’escherichia coli et les entérocoques, « marqueurs d’une eau sale », explique le docteur Claude Marblé. « Elles sont deux indicateurs fiables ».

A la Mairie de Paris, l’un des points qu’il reste à résoudre est la collecte des déchets flottants. « Les déchets stagnants ne donnent clairement pas envie de se baigner, d’autant plus alors que le climat se réchauffe », pose Pierre Rabadan. La prolifération des algues constatée n’est pas non plus sans conséquence. D’une part, elles retiennent les déchets en surface, ce que déplore l’élu, et elles sont aussi un risque pour la santé des nageurs. « Elles peuvent apporter des pathologies bénignes, indique Claude Marblé. Les algues rouges peuvent générer des émanations gênantes pour la respiration alors que les vertes provoquent des prurits sur la peau. Ces effets sont induits par l’augmentation de la température des eaux. »

Il n’y aura pas de plan B

Pour désengorger la Seine de ses déchets verts comme plastiques, la Mairie de Paris a décidé d’ajouter à son système de bassins d’étiages et de barrages filtrants, pas assez efficace à son goût, un service humain de nettoyage des déchets de surface par bateau. 

C’est difficile de demander aux athlètes qui se battent pour la gagne pendant les JO de ne pas boire la tasse, explique l’ancien médecin des équipes de France de triathlon, qui a une solution déjà éprouvée. '' Régulièrement, on a recommandé à nos athlètes, en amont de leur course, de boire une eau avec des pastilles désinfectantes pour qu’ils aient déjà dans l’estomac un peu de désinfectant au cas où ils avaleraient de l’eau contaminée '', complète-t-il.

Pas sûr que la Mairie de Paris, ni le Cojop ne valident cette option à un an des Jeux. « On n’a aucune inquiétude sur la baignabilité de la Seine pour les compétitions de 2024, indique d’ailleurs Pierre Rabadan. Ces huit dernières années depuis l’officialisation de Paris-2024 nous ont fait gagner 10 à 15 ans sur le projet. Seule incertitude : les épreuves dans la Seine sont des sports d’extérieur, soumis aux aléas climatiques ». Et comme le confirme, le médecin du sport, la grande inconnue reste la Seine. « On peut aider les athlètes de haut niveau, dont le système immunitaire est parfois un peu faible, avec un traitement probiotique ou traiter une potentielle fragilité digestive, mais concernant les conditions de nage en eau vive, entre le courant, le climat, l’état de l’eau, il n’y a aucun atout particulier à s’entraîner dans la Seine en amont ». 

Les Français n’auront donc aucun avantage à concourir à la maison, si ce n’est la foule qui pourra, une fois n’est pas coutume, encourager ses poulains tout le long des épreuves. « Généralement ils partaient d’un point A à un point B sans tribune sur le parcours. Or, là, le cadre est bien différent, ils sont enthousiastes. La contrainte principale sera de nager tantôt avec le courant et tantôt contre, et c’est tout », spécifie l’adjoint d’Anne Hidalgo.

En route pour la baignade grand public en 2025

Et pour la trempette du dimanche ? « Il n’y aura pas de baignade dans la Seine en 2023. La réglementation est très contrainte en France et le timing choisi est bien 2025 », confirme Pierre Rabadan. Seuls les tests évents, répétitions grandeur nature des épreuves olympiques, devraient obtenir l’autorisation du préfet pour se dérouler dans le fleuve de la capitale en 2023. En effet, précise l’ARS, « les manifestations sportives ponctuelles (natation, mais aussi kayak, aviron, etc.) ne font pas l’objet d’un encadrement réglementaire en matière de qualité d’eau. Pour être autorisées, ces manifestations doivent faire l’objet, à Paris, dans le Val-de-Marne, l’Essonne ou les Yvelines notamment, d’une dérogation à l’interdiction générale existante de la baignade en Seine ou en Marne (interdiction fixée par arrêté préfectoral de 1923) ». C’est le préfet qui tranche et il a la possibilité de saisir l’ARS pour un avis sanitaire, uniquement consultatif.

Pour 2025, les trois sites de baignade dans Paris intramuros sont en cours de sélection sur les cinq envisagés, deux se trouvent sur les bords du parc Rives de Seine (Paris Centre), un sur le bras Marie (Paris Centre), un au port de Bercy (12e), et un sur l’allée du Bord-de-l’Eau dans le bois de Boulogne (16e). Car impossible de se baigner n’importe où, n’importe quand, ou d’imaginer un 360 depuis le pont Alexandre III. A la préfecture de région, en charge de ce dossier, on glisse déjà que les réunions sur l’après-Jeux ont été lancées. « Des choix sur le partage du fleuve sont incontournables. Nous devons établir une réglementation claire, des règles de sécurité pour faire cohabiter des sites de baignade pérenne avec tous les autres usages de la Seine ». Et rendre ainsi le vieux rêve de Jacques Chirac possible, ailleurs que dans un article du Gorafi.

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