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Sunday, May 7, 2023

Au Soudan, les combats ne faiblissent pas, alors que les négociations se poursuivent en Arabie saoudite - Le Monde

Trois semaines après le déclenchement de la guerre, les combats n’ont toujours pas cessé au Soudan, dimanche 7 mai. Pendant ce temps-là, les émissaires de l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général rival Mohammed Hamdan Daglo n’ont rien laissé filtrer quant à l’état des négociations pour un cessez-le-feu, menées sous l’égide de Riyad et de Washington, qui se sont ouvertes à Djedda, en Arabie saoudite, samedi.

« La délégation de l’armée ne parlera que de la trêve et de comment la mettre correctement en œuvre pour faciliter les accès humanitaires », s’est borné à commenter pour l’Agence France-Presse (AFP) le général Nabil Abdallah, porte-parole des forces armées du Soudan (FAS). Les FSR, elles, n’ont rien dévoilé sur cette nouvelle médiation, après plusieurs cessez-le-feu brisés dans les secondes suivant leur annonce. L’Arabie saoudite et les Etats-Unis ont de leur côté « salu[é] » l’ouverture du dialogue, exhortant les belligérants à « s’impliquer activement », sans annoncer ni le début formel des pourparlers ni dévoiler leur teneur.

Le responsable de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, se trouvait également en Arabie saoudite dimanche. « Le but de sa visite est d’aborder les questions humanitaires au Soudan », a déclaré à l’AFP sa porte-parole, Eri Kaneko. Martin Griffiths doit s’entretenir avec les représentants des deux camps en marge de ces négociations menées sous l’égide des Saoudiens et des Américains, a assuré à l’AFP un responsable onusien sous couvert d’anonymat.

700 morts et 335 000 déplacés

Depuis le 15 avril, la guerre a fait 700 morts, 5 000 blessés, 335 000 déplacés et 115 000 réfugiés. Comme chaque jour depuis le 15 avril, des coups de feu et des explosions résonnent dimanche partout dans Khartoum, des témoins relatant des combats et des raids aériens dans différents quartiers de la capitale aux cinq millions d’habitants. Ceux qui n’ont pas fui survivent barricadés chez eux par peur des balles perdues, sans eau ni électricité et avec des réserves de nourriture et d’argent bientôt épuisées.

Pour que ce cessez-le-feu soit différent des précédents, qui n’ont jusqu’ici jamais été respectés par les deux belligérants, Aly Verjee, chercheur de l’université de Göteborg, en Suède, considère qu’il faudrait préciser ses détails opérationnels et mettre en place des mécanismes d’observation et de sanction. Il faut un cadre « géographique et opérationnel au cessez-le-feu », qui inclurait notamment « l’arrêt des frappes aériennes ou le retrait des combattants des infrastructures civiles comme les hôpitaux », a-t-il déclaré à l’AFP.

Pour en discuter, les FSR ont dépêché à Djedda des proches du général Daglo et de son puissant frère Abderrahim, qui passe pour le financier des FSR grâce à ses mines d’or. Du côté de l’armée, sont présents des responsables militaires de haut rang ainsi que certains responsables de l’Etat connus pour leur hostilité aux paramilitaires.

Avant d’entrer en guerre, les généraux Bourhane et Daglo avaient évincé ensemble les civils du pouvoir avec leur putsch de 2021, chassant le gouvernement de transition démocratique ayant suivi la chute en 2019 du dictateur Omar Al-Bachir, alors au pouvoir depuis trente ans. Mais la transition a dérapé, et les négociations sous l’égide internationale pour faire entrer les FSR sous le commandement de l’armée n’ont fait qu’exacerber les tensions entre généraux, jusqu’à ce que parlent les armes.

Cette logique de négociations qui a échoué « mérite d’être entièrement repensée », plaide M. Verjee. A Djedda, elles se tiennent autour du « plus petit dénominateur commun de la communauté internationale » : la cessation des hostilités. Car, « pour l’après, il n’y a pas de consensus apparent ».

Le risque d’une guerre longue

Riyad, allié et bailleur de fonds des deux camps, et Washington, dont la levée des sanctions a ramené le Soudan dans le concert des nations en 2020, veulent prendre le pas sur les initiatives régionales.

Leur principal concurrent reste l’IGAD, le bloc d’Afrique de l’Est emmené par le président sud-soudanais Salva Kiir, médiateur historique au Soudan. L’Union africaine, elle, a perdu ses leviers de pression quand elle a suspendu le Soudan après le putsch de 2021, jugent les experts. Avec l’ONU, ces deux blocs ont malgré tout « salué » dimanche les négociations de Djedda, disant « espérer » une trêve. Quant à la Ligue arabe, elle doit réunir dimanche les ministres des affaires étrangères de ses pays membres profondément divisés sur le Soudan.

Pour les experts, la guerre qui a commencé le 15 avril sera longue, tant les deux belligérants semblent avoir les mêmes capacités de combat et être peu enclins à négocier avant de l’avoir emporté sur le terrain.

Si le conflit dure, a déjà prévenu l’ONU, jusqu’à 2,5 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim au Soudan, alors qu’un tiers de ses habitants en sont déjà victimes.

Dans la région du Darfour, à l’ouest du pays, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlants militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles qui ont fait près de deux cents morts.

Le Monde avec AFP

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