Le 24 avril, à 16h30, les gendarmes de Méru, appelés en renfort par leurs collègues, se rendent à Noailles et croisent la route de Jérémy Angenard, 36 ans, qui utilise son téléphone en conduisant.
Les militaires font immédiatement demi-tour et, actionnant avertisseur sonore et gyrophare, se lancent à sa poursuite. Après l’avoir rattrapé, ils lui font signe de se garer. Il opine, commence la manœuvre, puis change d’avis et prend la fuite. Les militaires consultent le fichier des immatriculations qui leur indique que la voiture appartient à Jérémy Angenard et qu’elle est immobilisée.
Une dizaine de minutes plus tard, le fugitif revient et commence par refuser de donner son nom. Les militaires lui présentent alors sa photo, extraite de leur fichier et il donne son identité en précisant, alors qu’il sent l’alcool, qu’il n’a pas bu et qu’il n’a pas consommé de stupéfiants.
Son permis était suspendu
Les analyses vont bientôt dire le contraire. Il prétend ensuite être titulaire du permis alors que le fichier dit qu’il est suspendu. Quant au téléphone, il ne comprend pas comment les gendarmes ont pu le voir à son oreille, alors qu’il se trouvait posé sur ses cuisses. Les trois gendarmes disent qu’il téléphonait et il a refusé de leur être confrontés.
Interrogé par le président du tribunal, il confirme qu’il revenait de chez sa grand-mère et rentrait au foyer de Noailles où il est hébergé. Il dit n’avoir bu qu’une bière alors qu’il a dit aux gendarmes qu’il en avait bu deux, vingt minutes avant le contrôle. En ce qui concerne le permis, il est si sûr d’en être titulaire que le président se demande s’il «ne cherche pas à être cru sur sa bonne bouille».
Les stupéfiants, il n’en consomme que «rarement mais, là, ça remonte à deux jours alors, c’est toujours dans le sang».
Il comparaît aussi pour des blessures involontaires
Il doit répondre de récidive de conduite sous stupéfiants et sous l’empire de l’alcool, de récidive de refus d’obtempérer, de conduite sans permis, tout ça pour avoir utilisé son téléphone en conduisant. Et ce n’est pas fini puisqu’il comparaît aussi pour des blessures involontaires qu’il a causées à un jeune motocycliste en le dépassant alors qu’il était déjà sous l’empire d’un état alcoolique, le 29 août 2021, vers minuit, à Breuil-le-Vert.
Le jeune motocycliste circulait de nuit sur une moto éclairée, qu’il possédait depuis à peine six mois, lorsqu’il a croisé des connaissances qui circulaient dans l’autre sens. Voulant les rejoindre, après avoir allumé son clignotant, il s’apprêtait à faire demi-tour, lorsque la voiture conduite par le prévenu l’a accroché. Le jeune homme s’en tire avec deux jours d’incapacité.
Cette version est conforme à celles des témoins de l’accident. Jérémy Angenard a la sienne: le motocycliste l’a accroché en le dépassant par la droite avec un véhicule non éclairé. Comme il n’allait pas bien, il a été hospitalisé sous contrainte sur demande des représentants de l’état à l’hôpital psychiatrique de Clermont qu’il quittera au bout de cinq jours, juste avant l’arrivée des gendarmes qui devaient le placer en garde à vue. Ce n’est que six mois après l’accident qu’il a pu être entendu et où il a répété que la moto l’avait dépassé par la droite, tous feux éteints. Il revient aujourd’hui sur sa version faite dit-il sur le coup d’une panique qui a duré six mois, mais il maintient et il est le seul, que la moto n’était pas éclairée.
Son père ne veut plus être son curateur
Jérémy Angenard était placé sous la curatelle de son père qui, fatigué d’être sans cesse dérangé par les frasques de son fils, a mis fin à sa fonction. Il souffre de troubles psychiques liés à la prise d’alcool et de stupéfiants. Mais les psychiatres qui l’ont examiné le trouvent responsable de ses actes mais dans un état qui nécessite un encadrement que d’ailleurs il réclame.
Selon le substitut du procureur, sa culpabilité ne fait pas de doute en ce qui concerne les faits de 2021. Il nie en partie les faits de 2023, mais ses 24 condamnations et sa personnalité interpellent. «Peut encore lui faire confiance, s’interroge le magistrat, peut-on encore croire en lui? Il requiert plusieurs peines de prison: 12 mois dont six sous sursis probatoire, avec mandat de dépôt, six mois de prison avec mandat de dépôt pour le refus d’obtempérer, 150€ d’amende pour l’usage du téléphone en conduisant, annulation de son permis de conduire avec interdiction de le repasser avant six mois et la confiscation de sa voiture…
Son avocat demande une relaxe partielle
L’avocat de la défense voit beaucoup d’incertitude dans toutes ces affaires, que ce soit l’éclairage de la moto qui allait faire demi-tour en franchissant une ligne continue ou le refus d’obtempérer. Il demande la relaxe de son client sur plusieurs infractions.
Jérémy Angenard a malgré tout été reconnu coupable de toutes les infractions qui lui sont reprochées. Il écope de quatre mois de prison ferme pour le refus d’obtempérer et de 12 mois, dont six ferme pour les autres infractions ainsi que six mois sous sursis probatoire avec mandat de dépôt pour les dix mois de prison ferme. Il écope aussi d’une amende de 100 euros pour l’usage du téléphone. Son permis est annulé et il ne pourra pas en solliciter un nouveau avant un délai de six mois. Sa voiture est confisquée. La victime de l’accident est reçue dans sa constitution de partie civile et l’audience sur intérêts civils aura lieu le 18 octobre 2023, à 14 heures.
Noailles. Jérémy Angenard croise les gendarmes alors qu'il téléphone en conduisant - Oise Hebdo - Oise Hebdo
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