La police allemande tente toujours d’éclaircir les motifs de l’attaque de Hambourg de l’ex-membre des Témoins de Jéhovah.
De notre correspondante à Berlin, Pascale HuguesTemps de lecture : 3 min
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« L'ultime réponse ce n'est pas sur cette terre que nous la trouverons », met en garde Philipp F. dans la préface d'un livre qu'il a édité l'an dernier. Son titre, La Vérité sur Dieu, Jésus-Christ et Satan, en dit long sur la labilité psychique de cet homme de 35 ans qui a abattu froidement sept personnes dans la nuit de jeudi à vendredi à Hambourg. Les réseaux sociaux Facebook et LinkedIn, ainsi que sur son propre site Web, de Philippe F. donnent un aperçu de son monde intérieur pour le moins étrange. Sa biographie est au premier abord sans histoires : né le 18 septembre 1987 à Memmingen, en Bavière, dans une famille ultra-catholique, il grandit dans la jolie petite ville bavaroise de Kempten dans l'Allgäu. Après avoir effectué un apprentissage dans une banque et son service civil, il décroche un master en finance. C'est un fan du FC Liverpool et il pratique le tir sportif. Mais ce sont surtout les conseils qu'il offre sur son site Web qui mettent la puce à l'oreille : pour ses conseils en entreprise il réclame un honoraire journalier de 250 000 euros plus la TVA et promet le succès. Grâce à ses connaissances en théologie, explique-t-il, il est capable de donner de nouvelles impulsions aux stratégies d'entreprise tout en définissant des valeurs.
Des relations conflictuelles avec les Témoins de Jéhovah
Tout indique, en l'état actuel de l'enquête, que ses relations avec les Témoins de Jéhovah du quartier de Alterdorf à Hambourg où il a commis sa tuerie étaient conflictuelles. En s'installant à Hambourg 2014, Philipp F. est immédiatement devenu membre de la communauté des Témoins de Jéhovah d'Altersdorf. Il a quitté la communauté il y a un peu plus d'un an. Pour le moment, on ne connaît pas les raisons de son départ. A-t-il été expulsé ou est-il parti de son propre gré ? Plusieurs membres de la congrégation font état de disputes. Il ne serait pas parti en bons termes et aurait même « nourri une rage contre les Témoins de Jéhovah et les autres confessions religieuses », a expliqué un responsable de la police.
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Huit morts, dont un fœtus de 7 mois. Huit personnes blessées, dont 4 grièvement. C'est le très lourd bilan de la tuerie qui a eu lieu hier dans un centre des Témoins de Jéhovah dans le nord de Hambourg. « La pire tuerie qu'ait connue Hambourg au cours des dernières années, a souligné Andy Grote, le ministre de l'intérieur de la ville-État, visiblement bouleversé. Il est difficile d'imaginer qu'un acte pareil ait pu être commis dans notre ville. » Le chancelier Scholz a immédiatement envoyé un message de condoléances aux familles des victimes. La ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Faeser, s'est rendue sur les lieux.
La tuerie aurait-elle pu être évitée ?
Si les policiers, alertés par les voisins et par une femme qui avait réussi à prendre la fuite à bord de sa voiture, sont arrivés très vite sur les lieux, en l’espace de 7 minutes, empêchant ainsi un carnage plus sanglant encore, on s’interroge aujourd’hui en Allemagne : cette tuerie aurait-elle pu être évitée ? La police a-t-elle ignoré des signes avant-coureurs ou minimisé le danger que représentait Philipp F. ? La police avait récemment reçu une lettre anonyme signalant la fragilité psychique de Philipp F. et mettant en garde contre le danger qu’il représentait. Comme le veut la procédure en cas d’alerte anonyme, un contrôle a été effectué. Le 7 février dernier, la police frappait sans prévenir Philipp F. à la porte de son appartement. L’homme se montre « coopératif ». En fouillant son appartement, les policiers découvrent des cartouches qui ne correspondent pas au pistolet Heckler & Koch que Philipp F., amateur de tir sportif, détenait de façon tout à fait légale et dont il s’est servi pour abattre les membres de la communauté. Pour cette arme, il était possession d’un permis de port d’arme valable. La police découvre aussi d’autres armes déposées dans un coffre. Philipp F. présente ses excuses. Une conversation s’engage. La police s’en tient à un avertissement. Et on en reste là. Jusqu’à la nuit du 9 mars.
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