Après 20 ans de pouvoir de Recep Tayyip Erdogan dans ce pays de 85 millions d'habitants, l’opposition a des raisons d’y croire. La Table des Six, qui réunit les principaux partis d’opposition, a eu le plus grand mal à s’entendre sur le nom d’un candidat unique. Meral Aksener, qui dirige le Bon Parti, le deuxième mouvement de cette coalition, a même failli claquer la porte. Mais finalement, la logique s’est imposée. Lundi 6 mars au soir, l’opposition a choisi de s’unir derrière Kemal Kiliçdaroglu, leader du principal parti de cette coalition, le CHP. Kemal Kiliçadaroglu, 74 ans, ancien dirigeant de la Sécurité sociale turque, vient de la gauche. Il est surtout le dépositaire de la tradition laïque de Mustapha Kemal. Son style, très calme, lui vaut les surnoms de "Gandhi turc" ou de "Force tranquille". Et son début de campagne est réussi. Avec un discours efficace mardi devant les militants de l’opposition et en présence des autres leaders de la coalition. "C’est le début d’un changement total, a martelé Kiliçdarogulu. Nous rendrons au peuple ce qui lui a été enlevé, et nous vaincrons ensemble. Ce n’est pas moi le candidat, c’est vous tous ! "
Le premier sondage est d'ailleurs encourageant pour l’opposition: 57/43 en faveur de Kemal Kiliçdaroglu en cas de duel contre Recep Tayyip Erdogan. Résultat de ce premier sondage paru mercredi 8 mars et signé de l’institut ORC Research. Les enquêtes d’opinion ne sont pas très fiables en Turquie, néanmoins l’écart est important et constitue un signal encourageant pour le candidat de l’opposition. Kemal Kiliçdaroglu est soutenu par deux figures très populaires, les maires d’Istanbul et d’Ankara, Ekrem Imamoglu et Mansur Yavas, un temps envisagés comme candidats. Il est susceptible aussi de recevoir l’appui du principal parti kurde, le HDP, 12% des voix lors des dernières élections et qui peut faire basculer le scrutin. Kemal Kiliçdaroglu s’est aussi beaucoup déplacé sur les zones touchées par le séisme du 6 février qui a fait 45 000 morts et dont l’impact pourrait être majeur sur le résultat du vote. Beaucoup de Turcs reprochent à Recep Tayyip Erdogan la lenteur des secours et la corruption dans le secteur du bâtiment, qui explique l’effondrement de nombreux immeubles.
Mais Recep Tayyip Erdogan n’a évidemment pas dit son dernier mot. Le président sortant, après 20 ans au pouvoir, n’a pas l’intention de le lâcher. Il maitrise la plupart des médias, peut imposer une forme de censure sur les réseaux sociaux. Son charisme fait mouche pendant les campagnes électorales. Son autoritarisme séduit son électorat. Recep Tayyip Erdogan va également se prévaloir de sa stature internationale et de sa capacité à jouer les médiateurs entre Kiev et Moscou. En face, Kemal Kiliçdaroglu manque de charisme, il peut souffrir de son image d’homme de gauche, et aussi de son appartenance à la minorité religieuse des Alevis, une branche minoritaire de l’islam. La campagne officielle doit donc démarrer vendredi 10 mars avec la publication d’un décret présidentiel confirmant la date du 14 mai. A deux mois du vote, les jeux sont donc très ouverts. C’est sans doute l’élection la plus déterminante de cette année 2023.
En Turquie, l'opposition se met en ordre de marche alors que la campagne électorale va démarrer - franceinfo
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