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Thursday, October 20, 2022

Corrida : "Les oreilles et la queue du taureau sont coupées alors qu'il est encore vivant" - GEO

Quelle est l'origine de la corrida ?

Roger Lahana : La corrida est apparue en Espagne au Moyen-âge. Sa forme actuelle remonte au XVIIIe siècle, plus précisément en Andalousie. C’est là que sont imaginées et pratiquées pour la première fois les mises à mort des taureaux par le matador, après que le taureau ait été successivement soumis à des coups de piques, puis de banderilles. Le mot espagnol "matador" signifie "tueur". La mise à mort devient à cette époque le but ultime d’une corrida, alors qu’auparavant le spectacle était entièrement basé sur le picador, homme à cheval muni d’une longue pique qu’il enfonce à plusieurs reprises entre les omoplates du taureau.

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La corrida espagnole a été introduite illégalement en France au milieu de XIXe siècle à Bayonne pour faire plaisir à l’impératrice Eugénie, qui était une noble espagnole avant d’épouser Napoléon III. Puis elle s’est répandue dans toute la France, toujours illégalement, avant de refluer vers le sud du pays. Là, un amendement à la loi contre les actes de cruauté et sévices graves infligés aux animaux, exemptant de poursuite les corridas lorsqu’une "tradition locale ininterrompue" pouvait être invoquée. Depuis un jugement en cassation du début des années 2000, l’amendement s’applique à douze départements du sud, dont deux ont arrêté de pratiquer des corridas (le Var en 2010 et la Haute-Garonne en 2015). Hors de ces départements, la corrida est un délit passible de 75 000 euros d’amende et 5 ans de prison.

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D'où viennent les taureaux destinés aux corridas ?

La plupart proviennent d’élevages spécialisés espagnols, les ganaderias. Environ 5 à 7% des taureaux sont envoyés aux corridas, le reste du troupeau étant destiné à l’abattoir pour la consommation de viande. Il existe quelques très rares élevages de ce genre en France.

Les taureaux destinés aux corridas n’ont pas grand-chose de naturel. Ils résultent de croisements répétés afin de présenter des cornes de grande envergure pointées vers l’avant et un poids important (autour de 500 kg pour un taureau adulte de 5 ans).

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Ils sont sélectionnés de façon plus ou moins empirique. L’important est qu’ils aient l’air redoutable, mais dans la réalité ils sont lents en raison de leur masse excessive et, comme tous les ruminants, ils ont une vue déficiente qui leur permet de voir sans difficulté l’herbe qu’ils broutent mais qui devient floue pour tout ce qui est éloigné.

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Ils vont réagir à tout ce qu’ils considèrent être un risque de danger, soit en fuyant, soit en chargeant, ce qui est un comportement courant chez bien d’autres animaux. Dans le cas des corridas, le stimulus de danger va être le fait de remuer une cape, mouvement flou perçu par le taureau, alors que le matador, vêtu d’une tenue moulante, reste quasi invisible tant qu’il ne bouge pas. Comme le taureau ne peut pas s’enfuir de l’arène, il choisit de charger.

Comment les taureaux sont-ils préparés avant la corrida ?

Ils subissent un certain nombre de sévices, dénoncés par des vétérinaires. Les animaux sont extraits des champs où ils ont vécu depuis leur naissance pour être transportés dans des camions sans pouvoir boire ou manger. Tout est fait pour que leur stress s’accentue.

Ils sont ensuite enfermés dans des torils sombres, reçoivent parfois des coups et finissent par être poussés dans l’arène à l’aide de piques électriques. Le passage soudain en pleine lumière, ajouté aux clameurs du public, à l’inconfort de se retrouver sur du sable au lieu des herbages qu’ils ont toujours connus et à la panique qui les saisit lorsqu’ils voient qu’ils n’ont aucune échappatoire après avoir cherché une sortie en tournant le long des parois de l’arène n’est que le début de leur agonie.

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Mais le pire reste l’afeitado, une pratique consistant à scier à vif quelques centimètres au bout des cornes des taureaux. Il faut savoir que la sensibilité des cornes, très innervées, est similaire à celle des dents chez les humains. Le but est multiple : le taureau est diminué par la souffrance, il hésite à toucher quoi que ce soit avec ses cornes et enfin, leur envergure est diminuée, ce qui fait que, même lorsqu’il charge le torero, il a plus de risque de ne pas l’atteindre du fait qu’il garde une image mentale de la largeur de ses cornes avant leur mutilation.

Que se passe-t-il ensuite dans l'arène ?

La corrida proprement dite se déroule en trois étapes appelées des tercios.

Lors du tercio de pique, le picador à cheval vient au plus près du taureau pour lui planter dans le garrot, de haut en bas, une pique de 2 m 60 terminée par une pointe en acier de 9 cm. Malgré une butée qui devrait limiter sa pénétration à une coupure superficielle, il l’enfonce d’une trentaine de centimètres en faisant un mouvement de vissage.

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Le but est de sectionner les muscles du cou de l’animal pour qu’il ait du mal à tenir sa tête en position haute. La tête baissée donne alors l’impression qu’il veut charger à tout moment. De plus, le matador aurait beaucoup plus de mal à le tuer s’il gardait la tête haute. Et enfin, lorsqu’il a la tête baissée, cela réduit d’autant son champ de vision. Les aficionados appellent cela "régler le port de la tête de l’agresseur" et "humilier" l’animal.

Notons au passage que c’est le taureau agressé qui se retrouve qualifié d’agresseur et qu’il est nécessaire de l’humilier… mais pour le punir de quelle faute ? On voit donc que la "noblesse" (attitude consistant à charger sans bouger la tête selon les aficionados) du taureau n’est en fait rien d’autre que le résultat d’un trucage chirurgical (la lésion des muscles du cou).

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Lors du second tercio, trois paires de banderilles sont plantées dans le dos du taureau. L’aspect décoratif des papillotes colorées ne doit pas faire oublier que les banderilles sont des harpons munis d’un crochet anti-recul de 6 cm. Le but est de redoubler la douleur provoquée par les piques et de provoquer des hémorragies pour l’affaiblir au maximum. Les aficionados disent que le rôle des banderilles pour le taureau est de "parachever le réglage du port de tête et raviver son ardeur". La réalité, c’est qu’à la fin de ce tercio, il est épuisé après avoir perdu beaucoup de sang. Sa "bravoure" (capacité à charger sans relâche, selon les aficionados) n’est en rien un signe de courage, mais de désespoir et de souffrance.

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Le troisième tercio s’appelle le tercio de mort. La mise à mort n’est généralement pas provoquée par l’épée du matador, mais par de nombreux coups de poignard sur l’animal à terre. L’estocade consiste, pour le matador, à enfoncer son épée de 80 cm jusqu’à la garde entre le haut de la colonne vertébrale et l’omoplate droite du taureau. La plupart du temps, l’estocade n’est pas fatale et plusieurs épées sont plantées successivement jusqu’à ce qu’il tombe à terre. Ses oreilles et sa queue sont coupées alors qu'il est encore vivant. L’animal est ensuite achevé à coups de poignard (la puntilla), portés au niveau de la nuque pour atteindre la moelle épinière cervicale. Il faut parfois jusqu’à une trentaine de ces coups pour que le taureau succombe.

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Une fois mort, il est traîné hors de l'arène, la plupart du temps par deux chevaux, et remis à un boucher qui le charge dans sa fourgonnette et le débite une fois revenu dans son atelier. Les morceaux sont vendus à son étal ou dans des grandes surfaces locales.

Dans quels cas les taureaux sont-ils épargnés ?

Si le président de la corrida en cours estime que le taureau s’est battu avec "bravoure", il peut décider de le gracier. Cela l’exempte de la mise à mort. Mais en réalité, le taureau a déjà subi de nombreuses hémorragies massives et n’a que peu de chance de survivre. La plupart du temps, il agonise et succombe tout seul au bout de quelques heures, à peine sorti de la vue du public.

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Que leur arrive-t-il s'ils blessent le matador ?

Rien de plus que s’ils ne le blessent pas : ils sont de toute façon mis à mort, éventuellement par un autre torero si celui qui a été blessé n’est plus en mesure de le faire.

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Combien de taureaux sont tués chaque année en France dans les corridas ?

Environ un millier – il y a six taureaux par corrida et il se tient environ 170 corridas par an en France. Mais le nombre de taureaux torturés puis tués est bien plus grand, du fait qu’un grand nombre sont mis à mort lors d’entraînements dans des arènes privées inaccessibles au public.

Que dit la loi française ?

La loi actuelle (article 521-1 du Code pénal, section Crimes et Délits) punit tout "acte de torture ou sévices graves" à l’encontre d’un animal mis à mort de 75 000 euros d’amende et 5 ans de prison. Cependant, elle exempte de poursuites les corridas organisées dans certains départements : "Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée". Cela concerne douze départements du sud de la France.

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Corridas et cruauté envers les animaux: la SPA à nouveau déboutée à Nîmes

De nombreuses tentatives ont eu lieu à l’Assemblée nationale depuis le début des années 2000 pour faire annuler cette exemption, mais aucune proposition de loi en ce sens n’a jamais atteint la mise à l’ordre du jour des débats et donc d’un vote. Cette situation vient d’évoluer avec une proposition de loi d’abolition déposée par le député LFI Aymeric Caron durant l’été dernier, qui sera examinée le 24 novembre 2022 en séance plénière et fera l’objet d’un vote, une grande première dans l’histoire du Parlement et de la lutte anti-corrida.

Quelles sont les principales autres traditions tauromachiques dans le monde ?

Il existe huit pays qui pratiquent encore des corridas : Espagne, Portugal, France, Colombie, Venezuela, Pérou, Équateur et Mexique.

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De nombreuses autres festivités sont basées sur divers types de sévices infligés à des taureaux dans ces mêmes pays : toro embolado (cornes enflammées, désormais interdit en France), toro a la mar (taureaux terrorisés par la foule sur un port jusqu’à ce qu’ils se jettent à l’eau), taureau à la corde (taureau dont les pattes sont entravées par des cordes et que le public harcèle dans les rues jusqu’à la mort) et bien d’autres encore.

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